Travailleurs détachés : Macron-Jupiter joue la diplomatie en direct. Attention au boomerang !
Par Jacques Myard
On pourrait se réjouir de l’initiative du Président Macron de mettre un terme aux abus de la directive sur les travailleurs détachés (directive No 96/71/CE du 16 décembre 1996)
On peut se dire que c’est là un virage à 180 degrés de la part du Président Macron qui n’a jamais émis de doutes sur le dogme du « tout concurrence » de Bruxelles que le ministre d’alors a toujours affectionné.
C’est une douce hypocrisie de sa part quand il dénonce que cette directive est une « trahison de l’esprit européen » ; on croit rêver car l’esprit de cette directive est dans la droite ligne de la concurrence dans le domaine du moins disant social ; et la France a joué à fond cette possibilité de ce nouvel esclavage :
- pour la construction du paquebot Queen Mary
- pour la préparation de la Cop 21
Ce sont là autant d’exemples parmi bien d’autres où les travailleurs détachés ont été exploités en France !
J’ai été l’un des rares députés à déposer le 9 décembre 2015 sur le bureau de l’Assemblée nationale une proposition de loi No 3324 rectifié ( PPL ) pour « déclarer d’ordre public le versement des cotisations sociales en France pour les travailleurs détachés » . 30 des députés Les Républicains l’ont co-signée avec moi.
Cette PPL n’avait pas la prétention de tout régler car le système de cette directive est incontrôlable : il est quasi impossible de savoir quand ces travailleurs arrivent en France et en repartent et surtout combien d’heures de travail ils effectuent !
Cette directive illustre parfaitement la quadrature du cercle de l’économie de l’Union européenne et surtout de la zone euro.
L’alternative est simple :
- soit la libre circulation des travailleurs est remise en cause et alors l’économie française perd des dizaines de milliers de postes de travailleurs sous-payés au grand bénéfice des entreprises !
- soit on oblige les pays fournisseurs de main d’œuvre à augmenter leurs prestations sociales au niveau de la France,
… sans oublier la question du dumping monétaire euro / monnaies nationales de ces pays dont la disparité va de un à huit ou dix en faveur de ces pays !
Ajoutons à ces questions structurelles du système de la directive les modalités de sa modification qui relève de la majorité qualifiée mise en place par le Traité de Lisbonne et qui est une véritable usine à gaz, la procédure de modification est une question d’avenir et qui le restera longtemps…
Pour toutes ces raisons Macron-Jupiter s’est engagé dans un pari très risqué, voué à un échec certain.
Il commet une faute lourde en croyant que lui, Jupiter, va convaincre ses partenaires de se rallier à ses vues ;
Il pratique la diplomatie en direct, c’est un risque majeur car le Président est exposé en première ligne, après lui il y a la crise en cas d’échec.
C’est là une faute de méthode car le Président doit d’abord faire jouer ses ministres et ses ambassadeurs, il ne doit intervenir que lorsque le dossier est instruit et en passe d’aboutir !
Macron-Jupiter démontre dans cette affaire une nouvelle fois sa une conception verticale du pouvoir, il joue très risqué non seulement pour lui mais pour les intérêts de la France, ce qui est beaucoup plus grave !
Jacques MYARD,
Maire de Maisons-Laffitte,
Membre Honoraire du Parlement
Ancien membre de la commission
des Affaires étrangères et
de la commission des affaires européennes
Président du Cercle Nation et République
Voyons Monsieur Myard vous n’existez plus….alors que faire de vos conseils ?!
La règle d’airain pour modifier une directive, c’est la majorité qualifiée, comme précisé dans le texte… L’unanimité, c’est pour modifier les traités.
Mais si l’unanimité rend impossible toute modification des traités, réformer une directive n’est pas moins improbable vue la lourdeur de la procédure…
Et non, la seule solution n’est pas d’aller au conflit avec l’UE ! La politique de la chaise vide était valable pour une Europe à six, mais dans une Europe à 27, la France ne pèse plus rien et d’autant moins que son endettement la discrédite aux yeux de la troïka.
Quoi qu’il nous en coûte, c’est avec lucidité et courage qu’il faut sortir de l’union européenne si nous voulons reprendre démocratiquement notre destin en main : indépendance et non l’alignement.
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Entièrement d’accord avec Cording. Mais du fait de la règle d’airin de l’unanimité, la seule solution, c’est d’aller au conflit avec l’UE !
L’ illusion de Macron de ne réformer que la directive » travailleurs détachés » se heurtera à la règle d’airain de l’unanimité. On peut compter sur nos amis polonais pour y faire échec avec la complaisance de bien d’autres et c’est tant mieux, cette directive comme tant d’autres on ne la réforme pas, on l’abroge !
Le « chérubin du palais » se permet tout ,il est à la parade. Vivement que l’on s’en détache car Jupiter va bientôt nous faire exploser sur tous les fronts politicaux sociaux économiques . Mais voilà pour y parvenir il faudrait que les 75% d’inscrits qui se sont abstenus de voter Macron se réveillent…..et cela va prendre hélas beaucoup de temps !