Loi travail, quelles perspectives ?

Association "Gaullisme.fr"

Au-delà des observations techniques qui peuvent être faites sur la Loi Travail en préparation et qui risquent d’en faire un échec monumental notamment sur le front du chômage et de la justice sociale, il importe de se pencher dès maintenant le manière dont elle traduit la philosophie de l’actuel pouvoir

Le développement des « contrats de chantier » et la plus grande souplesse reconnue aux Contrats à Durée Déterminée ( CDD ), dont les modalités seraient désormais définies par les branches et non plus par la Loi, fait apparaître que l’idée centrale des ordonnances à venir reste que chacun d’entre nous à vocation à changer d’entreprise et même de métier plusieurs fois dans sa vie. Le développement des CDD  laisse imaginer qu’il sera exigé de chaque salarié des changements répétés de lieux de travail et que le refus de ces changements sera durement sanctionné au regard de la compensation du non emploi ou du sous emploi.

À l’image des « Intermittents du spectacle » dont les protestations sont permanentes et justifiées la « Loi Travail » tend à multiplier les « Intermittents du travail ».

Il s’agit là d’une conception qui reflète bien les modes de vie des auteurs de la Loi à venir, ceux qu’on appelle les « Bourgeois Bohêmes ».

Choisir de changer d’entreprise, changer de métier, changer de lieux d’activité pour améliorer son revenu peut satisfaire des hommes ou des femmes qui n’ont ni famille ni ville ou village auxquels ils sont attachés. Ce mode vie peut satisfaire des hommes et des femmes diplômés et bénéficiant de ressources personnelles généralement liées à des successions qui leur permettent de gérer les transitions sans trop de crainte. Ce mode de vie peut satisfaire des gens plus attachés à des gains matériels qu’à l’environnement amical. Etre contraint de changer d’entreprise, de métier, de lieu de vie peut être insupportable à ceux qui restent attachés aux hommes et aux lieux ainsi qu’à ceux d’entre nous pour qui l’équilibre familial reste l’essentiel

Pour illustrer une distinction chère à notre ami Patrick Guiol, une entreprise n’est pas seulement une société présentant un bilan annuel. C’est aussi un lieu de vie, c’est aussi et peut-être surtout une équipe. Une entreprise c’est aussi des hommes et des femmes qui partagent le quotidien et qu’on aime à rencontrer ailleurs que sur le chantier ou dans des bureaux. Au-delà même de la confiance en l’avenir que génère sinon la certitude, tout au moins les plus grandes chances, de pouvoir vivre longtemps là ou il s’est enraciné, il est utile à tout homme ou à toute femme de se constituer et de maintenir des liens. Notre Droit du Travail était, jusqu’à présent fondé sur la pérennité de l’emploi au sein du même groupe. Il risque de prendre un tour essentiellement différent et de multiplier les personnes déracinées. Chacun peut avoir son opinion sur ce sujet, nul ne peut l’ignorer.

Au-delà des considérations matérielles aussi importantes soient-elles, au-delà même de la protection des salariés, aussi capitale soit-elle, le Travail est un mode vie. Nous sommes en train de le laisser à la merci d’idéologues de la flexibilité qui ne comprennent que les chiffres, quand bien même ils les connaissent mal.

Etienne Tarride
Membre du CA de l’association

8 commentaires sur Loi travail, quelles perspectives ?

  1. Une femme sourde,employée depuis 1990 au sein d’une société appartenant a un grand groupe national ;a subit depuis 2014 des faits de harcèlement et de discrimination pour quel parte de cette société ceci de la part de certain personnels au su de son employeur,l’employeur étant lui même l’auteur de harcèlement et de discrimination
    Handicapée et en arrêt maladie ,cette personne a demande la résiliation judiciaire de son contrat de travail .décision toujours en attente
    l’entreprise ne répond pas ;il semble, qu’elle attende cette fameuse loi travail ?

  2. Michel Chailloleau // 1 août 2017 à 11 h 12 min //

    La réforme du code du travail (voire sa suppression) va entraîner une destruction totale des droits des salariés au profit unique du grand patronat, lié avec la haute finance. Pour terminer sur une note plus rigolote, il est temps alors que la période des soldes n’est pas terminée, d’acheter des chaussures pour marcher le 12 septembre 2017.

  3. Bien vu et bien dit.

  4. Edmond Romano // 30 juillet 2017 à 9 h 22 min //

    Qu’il faille « simplifier » le Code du Travail est un fait. Comme il faut simplifier d’autres normes qui se sont superposées avec le temps. Toutefois, ces simplifications ne doivent pas se faire au détriment des salariés pas plus que la simplification des normes ne doit se faire au détriment de la sécurité. Il faudrait, en politique, appliquer cette devise du Général: « il n’y a qu’un combat qui vaille, celui de l’homme » en mettant l’humain et non l’économie au centre de toute chose.

  5. La réforme du Code du travail n’a en aucune façon pour but l’emploi ni la justice sociale mais d’établir un autre rapport entre employeur et employés bien plus favorable au premier pour reprendre les concessions sociales que le patronat a du faire à la Libération par l’application du programme du CNR.

  6. Cher Etienne Tarride…globalement vos remarques nous apparaissent pertinentes. Au delà de ces justes appréciations reste que les textes ne seront dévoilés qu’à la fin du mois d’Août et que de ce fait toute spéculation sur le progrès qu’ils apporteront aux entreprises et de façon équilibrée aux salariés en matière d’emploi et de conditions de travail est totalement prématuré.
    Quand on voit comment la Loi dite de moralisation de la vie publique s’est écartée des objectifs des promesses électorales du  » chérubin du palais » soyons circonspects et prudents !

  7. Paskal Henri // 29 juillet 2017 à 16 h 36 min //

    En tant qu’insoumis je ne peux qu’approuver cet article qui nous montre bien l’arnaque que veut nous imposer cette caste bourgeois bohème qui n’a rien à cirer de la vie gens !

  8. de toute faons ,83% sont des petites entreprises ,reste le grand patronat ,lui…licencie pour améliorer ses bénéfices, se robotise, le plus possible Supprimer le mot répété les millions de chômeurs, les étrangers au black et les travailleurs détaché que de travail…

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