Pauvre Vème République !

Général Henri ROURE

Les circonstances m’ont incité à dresser un bref aperçu de l’évolution du fonctionnement de notre pays. Il ressort de mon analyse un constat grave et inquiétant, sans doute partagé par bon nombre de citoyens. Depuis des décennies, en effet, notre organisation politique s’éloigne de la recherche du bien commun. Ces dérives se sont considérablement accentuées sous la présidence actuelle au point d’occulter la finalité de notre norme première. Aujourd’hui cette organisation pourrait se trouver au bord de l’effondrement et les évènements du moment risquent de prendre une dimension tragique.

Au cours des ans la Constitution, sur laquelle repose la vie de la Nation, a été torturée par des ajouts relevant de la simple loi ou de faits historiques en débat. Elle a été délibérément subordonnée à des textes étrangers venus de l’UE, modifiée également au gré du provisoire des circonstances et de la mode. En conséquence sa philosophie a été masquée ou volontairement rejetée. Elle ne permet plus ce fonctionnement politique équilibré de l’État français en harmonie avec la pensée profonde et l’intérêt du peuple, indépendamment des sensibilités au pouvoir. Elle a été dénaturée. Elle reposait sur le principe essentiel dans un régime démocratique de la souveraineté du peuple. « Gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. », c’est ainsi que l’article 1er énonce le fondement sur lequel cette souveraineté s’établit.

L’article 3 stipule quant à lui, que la souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum. Il précise « qu’aucune section du peuple, ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice ».

Il n’y a donc aucune ambiguïté : le peuple est un absolu souverain.

Mais surtout le texte dans sa pratique originelle, vivait avec ce que Montesquieu appelait « l’esprit des lois ». La Constitution imposait à ceux qui avaient reçu l’honneur de la mettre en œuvre, une attitude faite de dignité, de respect du peuple souverain et, bien évidemment d’amour de la Patrie. Elle impliquait donc le sens du service de la France et des Français. L’exercice actuel du pouvoir trahit ce guide fondamental.

Il n’est pas nécessaire d’énumérer les exemples de viols des principes généraux du droit, de dérives autoritaires, d’abus de pouvoir et d’actes d’allégeance à l’étranger, pour constater l’état de délabrement politique de notre pays aujourd’hui. Liberté, égalité, protection des citoyens et des biens…demeurent pourtant, théoriquement, les fondements du droit des Français.

Qui s’en préoccupe vraiment ?

Il n’est pas nécessaire non plus de rechercher longtemps les responsables de cette déchéance. Les ambitions personnelles de très nombreux dirigeants, ne s’inscrivent plus dans l’ambition collective et nationale. Elles s’opposent souvent à la gouvernance juste et efficace du pays.

Le chef de l’État actuel – il l’a dit – se sent davantage européen et mondialiste que français. Il récuse l’existence de notre culture et considère qu’en apportant la civilisation et ses bienfaits à une partie du monde, nous avons commis un crime contre l’humanité. Il s’exprime en langue anglo-saxonne en dehors de nos frontières et a permis la vente de plusieurs de nos fleurons industriels à l’étranger notamment quelques-uns relevant de notre industrie de Défense. Il a laissé filer notre déficit, imaginant probablement que ce faisant il permettrait à la Commission d’absorber un peu plus de notre souveraineté en mettant notre budget sous son contrôle. Il bavasse pour faire croire qu’il agit pour nous. Nos agriculteurs et les Gilets jaunes l’ont bien compris, il ne servira pas le peuple car il s’est donné à d’autres qu’aux Français. Il favorise Mac Kinsay, tout comme Blackrock et Vanguard. Il suit les préconisations de Davos, de Bilderberg et de la Trilatérale. Ses amis sont les grands financiers, les promoteurs d’une Europe intégrée intime des États-Unis et ceux qui imaginent une société vidée de ses émotions patriotiques, soumise aux règles d’un système piloté par les plus notables WASP de Washington et de New-York. Il est pourtant le président de la République française. Comment peut-on qualifier son comportement ?

Avec lui tout un réseau de faux-culs, pensant à leur carrière et jouant avec l’avenir de la France à la demande du maître. Grace aux tromperies, aux médias disciplinés promouvant toutes les perversions et dérèglements, et à un contrôle de la parole, le peuple ne peut s’exprimer, en dehors des élections, qu’en privé et sur quelques réseaux. Déjà, dans cette façon de faire l’esprit de la Constitution est malmené.

Or le peuple, profitant d’une élection, où il n’était nullement question de politique intérieure mais d’élire des représentants dans un pseudo parlement, a répondu à une question qui ne lui était pas posée. Il a rejeté avec force l’idéologie présidentielle. Ce n’était pas prévu. L’endoctrinement n’avait pas été suffisamment bien mené. La doxa était contestée. Il est vrai qu’avec les Français il faut s’attendre à tout…Peuple trop politique, sa rééducation est difficile !

Après une dissolution inattendue de l’Assemblée nationale, nous avons pu voir des rassemblements hétéroclites de partis et de personnes, ayant pour résultat une assemblée nouvelle ingouvernable. Elle ne représente pas la sociologie du pays et surtout pas l’opinion massivement exprimée par les citoyens dans le vote initial. Peu importait la démocratie, il était reproché au peuple d’avoir mal voté. Il fallait corriger cette faute. Où donc dans cette affaire trouve t-on l’esprit de la Constitution que j’évoquais plus haut : « Gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. » et la suite, « aucune section du peuple, ni aucun individu ne peut s’en attribuer l’exercice ».

Misérable addition d’intrigues et de malhonnêtetés…le président a perdu son autorité et le rôle, éminent du chef de l’État sous la Vème République, s’en trouve rabaissé. Il ne peut plus, ni travailler avec un premier ministre à ses ordres, ni collaborer avec lui. Le premier ministre et son gouvernement, ne peuvent risquer de déplaire à l’une ou l’autre conjonction provisoire de parlementaires au sein de cette assemblée. Il s’agit d’une impasse que la désignation comme premier ministre de Michel Barnier, issu d’un parti partagé et minoritaire, ne pourra longtemps masquer. Nous risquons une succession de gouvernements démissionnaires jusqu’à la prochaine élection législative. La France ne peut pas se permettre un tel égarement.

Nous devons cette situation invraisemblable à monsieur Macron et à lui seul. Son passif est extrêmement lourd. Ne voulant ni de droite, ni de gauche, dans la perspective d’une européisation de la vie politique française, il a réussi à fracturer et à radicaliser les partis qui ne trouvent consensus que dans une opposition à sa personne. La situation est critique et dangereuse car des problèmes lourds et récurrents exigent d’être traités désormais au plus vite.

Ayant perdu à son propre jeu et ne disposant d’aucun soutien véritable, l’esprit de la Constitution voudrait qu’il démissionne. Le général de Gaulle ayant essuyé un refus au référendum sur la création des régions et la réforme du Sénat, quitta aussitôt le pouvoir.

Je ne crois pas que le président actuel fasse preuve de la même dignité que le fondateur de la Vème République, ni qu’il pratique les mêmes vertus. Il ne partira pas de lui-même. Non seulement il s’est éloigné de la lettre de la Constitution mais il n’a jamais adhéré à son esprit. Il a même tout fait pour l’éteindre.

Il devient donc conforme au rétablissement de l’esprit du droit et du droit du peuple que tout soit fait pour qu’il abandonne des fonctions pour lesquelles il n’a plus aucune légitimité.

Général Henri ROURE

11 commentaires sur Pauvre Vème République !

  1. De bla,bla,bla en bla bla bla une majorité de citoyens à tous les niveaux intellectuels répétent depuis des mois la même litanie concernant la nullité du Chérubin du Palais et de sa cohorte de sbires sans foi ni loi.
    Bon ,alors le Peuple souverain , il sert à quoi sinon à se lamenter à tous les carrefours de la vie politique, sociale et culturelle, le constat ainsi posé est de savoir qu’on ne guérit rarement un cancer politique avec du bla,bla,bla calqué sur de l’homéopathie politicienne. Oui, mon Général, comme vous le soulignez , il faut prendre le taureau par les cornes en virant tous ces malfaisants profiteurs de la cinquième République.

  2. Jacqueline ZALEWSKI // 15 septembre 2024 à 16 h 24 min //

    La patrie est en danger et l’armée doit quitter son droit de réserve responsables ou complices.
    Très belle analyse.

  3. Didier Bernadet, vous complétez bien mon long propos. Comme vous, je confirme qu’il y a sans aucun doute « état d’urgence » et que nos militaires ont désormais un choix à faire : être responsables ou complices.

  4. territoire par territoire, secteur industriel par secteur industriel, diaspora par diaspora, église par église, mosquée par mosquée, profession par profession, etc. il faut organiser la survie du pays réel sans s’occuper d’un pays légal en perdition.

  5. Didier Bernadet // 9 septembre 2024 à 16 h 33 min //

    Non(à mon humble avis)il ne s’agit pas d’un coup d’Etat. Pour mémoire, pour des Français « vichystes » l’action de de Gaulle était considérée comme un coup d’Etat… Je me souviens des tracts et de la propagande nazie. Il est bien dit que l’armée peut quitter son droit de réserve si la Patrie est en danger. L’est-elle? nous disons tous que oui, sa souveraineté est déniée par le propre Président de la République,la règle du referendum de même,la soumission à l’UE et aux US est reconnue. Il y a bien « état d’urgence ». Il faut, certes, utiliser toutes les voies réglementaires pour un abandon immédiat de cette fuite en avant, mais si l’on en est arbitrairement empêchés, l’état d’urgence devient patent. Alors, à ce moment là, il ne restera que deux attitudes, responsables ou complices.

  6. Alain Kerhervé, si vous faites allusion à mon commentaire, je crois que vous n’avez pas bien compris le sens de mon propos. Je dis que l’Armée ne peut plus, dans les très graves et inquiétantes circonstances actuelles, se contenter de n’être que la Grande Muette qui fait tranquillement carrière au sein d’un Otan au service exclusif des intérêts d’une Nation étrangère prédatrice et belliqueuse. L’Armée a un rôle moral à jouer dans le redressement de la France, à supposer bien entendu qu’elle considère que l’intérêt supérieur de cette France est qu’elle retrouve son indépendance, sa souveraineté et sa dignité, elle est probablement le dernier rempart pour éviter son écroulement moral et sa désintégration en tant que Nation qui n’est déjà plus maître de son destin et bientôt dilluée dans une Europe fédérale aux mains de Bruxelles et de Washington. Pas besoin d’un coup d’Etat pour jouer le rôle qui lui revient, il lui suffit de reprendre à son compte l’idée que se faisait le Général de Gaulle de la France. Certains généraux en retraite prennent quelques risques à dévoiler leurs pensées, leurs craintes et leurs angoisses, mais cela ne suffit pas. Les militaires de carrière doivent désormais faire prendre conscience à nos politicards inconséquents, jouisseurs, irresponsables ou corrompus que leur politique autoritaire, anti-démocratique ou suicidaire n’est plus acceptable , à l’intérieur comme à l’extérieur. Quant l’heure est grave il faut avoir du courage et prendre exemple sur celui qui au moment les plus sombres, n’a jamais perdu espoir ni courage, le Général de Gaulle.

  7. Le gaullisme c’est la primauté du politique… Ce que vous proposez est un coup d’état, ce qui ne correspond pas aux valeurs du Général de Gaulle

  8. Jean Bachèlerie // 8 septembre 2024 à 16 h 00 min //

    le retour aux valeurs essentielles à notre pays, le patriotisme, l’intérêt général, la souveraineté nationale face à l’union européenne américanisée, pourra seul permettre le redressement de notre pays. Nous devons stopper l’américanisation de notre pays et sa soumission aux intérêts d’outre atlantiques.

  9. Très bel article et très courageux. Le peuple que Macron a tant détesté ne le supporte plus. Il est trop lâche pour démissionner. Sa seule ambition est de détruire la France jusqu’au bout.

  10. Ben oui, c’est très bien tout ce beau discours mon Général, mais que fait et que dit l’Armée dans ce dramatique contexte de déliquescence de nos institutions, de dérives autoritaires, de trahison de nos « élites », de mépris ou d’ignorance complète de la volonté ou des souhaits du peuple Francais ??, RIEN, nos Généraux et officiers supérieurs d’active poursuivent leur carrière, au sein de l’Otan, et ne semblent pas se préoccuper de notre perte évidente de souveraineté nationale, de notre soumission à cet oncle Sam qui nous entrainent dans des aventures catastrophiques et sans issues, dans une nouvelle guerre froide, vers une scission dangereuse du monde entre l’occident autoproclamé « Empire du Bien », et ce qu’il nomme arbitrairement, avec simplisme et manichéisme quasi-criminel « l’Empire du Mal » qui, parait-il, oserait le défier ou simplement prendre ses distances pour de bien légitimes raisons. L’Armée va devoir très vite prendre aussi ses responsabilités et entreprendre de porter haut les valeurs du Général de Gaulle qui avait réussi avec courage et détermination, malgré d’immenses obstacles, à faire de la France une Nation indépendante et souveraine, mais aussi respectée et écoutée. Tout cela est bien terminé. Nos responsables militaires ne doivent pas se cacher derrière nos politiciens inconséquents, irresponsables ou incompétents, et dont une partie non négligeable ne prennent plus en considération l’intérêt supérieur de la Nation qu’ils sont censés préserver et servir. La trahison rôde, elle est désormais bien visible, et vous ne pouvez ni ne devez l’ignorer Messieurs les Militaires, il y va désormais de l’honneur de notre Armée !..

  11. Bernadet Didier // 7 septembre 2024 à 19 h 12 min //

    On ne peut être que d’accord avec cette analyse car elle relève d’un constat indiscutable. La lâcheté, la crainte de rétorsions notamment financières rend nos politiques irresponsables et de fait incapables de réagir objectivement dans l’intérêt de la nation. La position du Président de la République est juridiquement condamnable devant le peuple. Il faut arrêter le sophisme, les arguties trompeuses et prendre le taureau par les cornes, sans concession, pour imposer, là ou le peuple retrouve sa puissance, dans la rue, un référendum par oui ou non, sur le départ de Macron.

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