Une histoire de blondes
Tribune libre de Philippe David*
J’étais dimanche 29 août au salon du livre de Monclar de Quercy pour y dédicacer mon dernier ouvrage sorti en 2009, « Journal intime d’une année de rupture », qui retrace les deux premières années de présidence Sarkozy et les deux dernières années de politique française. Étant le seul sur le stand de mon éditeur à dédicacer un livre politique à cette occasion, je dois vous dire que les réactions des visiteurs avec qui j’ai discuté n’étaient « pas piquées des hannetons ».
L’affaire des « petits arrangements entre amis » entre Chirac, Sarkozy et Delanöe à laquelle était consacré mon dernier article sur « Agoravox » a scandalisé les français qui parlent de « méthodes de clans mafieux » ou encore de « méthodes de voyous » .
L’affaire « Woerth-Bettencourt » crée le même type de réactions avec la compréhension par les français qu’il y a bien deux France : La « France des puissants », dans la quelle tout est permis, où vous êtes décoré de la Légion d’honneur pour avoir fraudé le fisc et la « France d’en-bas », pour citer le grand théoricien politique qu’est Jean-Pierre Raffarin, à qui on ne pardonnera pas 5 minutes de dépassement de la durée de stationnement ou 8 km/h d’excès de vitesse sur une autoroute déserte.
Enfin, pour ne parler que des trois sujets les plus évoqués, la montée de l’insécurité inquiète de plus en plus les français, y compris dans les zones rurales, qui découvrent le niveau de violence quotidien qui existe dans les grandes villes françaises avec son cortège de tirs à balles réelles et de guet-apens tendus aux forces de l’ordre et les conditions de vie insupportables pour les habitants de ces quartiers devenus des zones de non droit.
Bref, il va être très difficile pour Nicolas Sarkozy de remonter une pente abrupte et savonneuse au bas de laquelle il est tombé du fait des reniements à répétition de ses 15 promesses de candidat qui ont lassé les français.
Cependant, le Parti Socialiste ne représente une alternative crédible pour aucune des personnes rencontrées, les gens lui reprochant de n’être qu’un ramassis d’égos aux ambitions démesurées qui iront une fois de plus à l’affrontement entre eux, je n’ose écrire fratricide, dès que les premières candidatures vont se déclarer.
De plus, les fraudes massives aux élections internes lors du congrès de Reims ont laissé des traces dans les esprits qui pensent que ce ne sont pas des gens qui fraudent de manière éhontée le suffrage universel qui peuvent donner des leçons d’éthique et de démocratie à qui que ce soit, cet état de fait étant aggravé par l’attitude de Bertrand Delanöe, avec le soutien du Parti Socialiste, dans l’affaire opposant la Mairie de Paris à Jacques Chirac.
Bref, pour les français, l’UMPS n’est pas la solution à leurs problèmes mais la cause de leurs problèmes et pour la majorité des gens avec qui j’ai pu discuter l’abstention sera certainement leur vote en 2012, écœurés qu’ils sont de la rupture qu’ils attendaient et dont ils savent maintenant qu’elle est définitivement passée aux oubliettes.
Cependant, outre l’abstention qui risque d’exploser, deux noms me viennent à l’esprit après avoir analysé les propos entendus pour affirmer qu’ils risquent de faire très mal en 2012 : Éva Joly et Marine Le Pen.
Car ces deux candidates potentielles, que presque tout oppose, auront beau jeu en 2012.
Éva Joly pourra faire campagne sur les scandales à répétition de la politique française, UMP et PS réunis, elle qui fût juge d’instruction de l’affaire ELF et qui ne pût jamais aller au bout de ses investigations du fait du secret défense maintenu dans l’affaire des frégates de Taïwan.
Marine Le Pen pourra faire campagne sur l’échec patent en matière d’insécurité de Nicolas Sarkozy et sur le fait que la situation de la France, plutôt que de s’améliorer, aura empiré entre 2007 et 2012.
Les deux partageront, la nouveauté, la féminité et, quelque part, la rupture avec le système sclérosé de l’UMPS.
Si vous ajoutez à cela les candidatures multiples dans l’orbite du PS (on n’imagine pas Ségolène Royal ne pas être candidate) et les blessures que laisseront de nouvelles élections internes truquées, la rose risque d’être fanée dès l’automne 2011. Sans oublier les candidatures de témoignage qui cumulent les quelques milliers de voix qui vous empêchent d’atteindre le second tour ( Taubira, Chevènement en 2002) et qui s’appelleront peut-être Tapie et Mélenchon en 2012.
Même chose à droite où la candidature Sarkozy ne fait plus de doute mais qui devra compter avec une candidature Villepin (si celui-ci franchit indemne le procès en appel de l’affaire Clearstream) ainsi que plusieurs candidatures de témoignage (Morin, Boutin entre autres).
Si vous cumulez le raz le bol des français, la multiplicité des candidatures et une forte abstention, vous avez tous les ingrédients qui ont fait le 21 avril 2002.
Auquel cas la présidentielle de 2012 se résumerait à une histoire de blondes…
*43 ans, directeur commercial dans la vie et auteur d’essais politiques à ses heures perdues. Son premier livre autoédité, « Il va falloir tout reconstruire », est sorti en 2002 et expliquait le pourquoi du 21 avril 2002. Il fût retenu sur France Inter dans l’émission « La politique dans les livres ». Son second livre “Journal Intime d’une année de Rupture« est sorti en 2009 et retrace les deux premières années de la présidence Sarkozy.La candidature de Villepin peut être fédératrice des sensibilités du centre droit au centre gauche, évitant ainsi un éparpillement regrettable face à N. Sarkozy.Note de Gaullisme.fr :
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