Raclée démocratique pour le plan de la troïka : merci aux Grecs et à Alexis Tsipras #OXI

Le "NON" a plus de 61%

par Laurent Herblay (http://www.gaullistelibre.com/)

Les urnes ont parlé, sans ambiguïté, malgré le traitement médiatique et la pression des créanciers. Avec un score d’environ 60% pour le « non », les Grecs ont repris leur destin en mains, comme Syriza l’avait promis en janvier. La troïka devra faire des concessions ou Athènes quittera l’euro.

Belle leçon de démocratie

Jacques Sapir avait bien raison de garder espoir en Alexis Tsipras, dont le choix très gaullien de remettre le destin de son pays et le sien dans les mains du peuple Grec est couronné par un immense succès. Le score de 60% démontre qu’une large majorité de la population refuse les diktats de la troïka qui n’ont menés qu’à une austérité inhumaine et contre-productive. Malgré la volonté de rester dans la monnaie unique et l’UE, les Grecs ont choisi de dire « non » à leurs créanciers, avec toutes les conséquences que cela peut comporter. Ce faisant, ils montrent que le refus de cette austérité monstrueuse passe avant tout le reste, prolongeant le choix fait en janvier, sauf qu’ici, Alexis Tsipras y gagne une majorité.

Mieux, outre la réponse à la question posée par le Premier Ministre, ce référendum a de nombreuses autres conséquences. D’abord, c’est un exemple qui montre à tous les peuples européens qu’il est possible de demander leur avis sur des questions importantes et qu’ils peuvent y dire « non ». Les eurobéats devront s’y soumettre ou assumer leur caractère totalitaire. Et en remettant son destin dans la main des citoyens, Alexis Tsipras a sans doute gagné une reconnaissance éternelle des Grecs. L’exemple d’hier pèsera lourd demain car il sera très difficile de revenir sur le droit du peuple Grec à disposer de son destin. La tâche du refus d’organiser un référendum fin 2011 est désormais en partie lavée.

Sortie de l’euro ou rafistolage temporaire ?

Le « non » franc et massif des Grecs au plan de la troïka offre désormais deux issues à la crise des cinq dernières années. Soit les créanciers acceptent de tenir compte du résultat du référendum et revoient très significativement les conditions proposées au gouvernement d’Alexis Tsipras, en prenant notamment en compte sa demande d’une restructuration de la dette du pays, dont tout le monde sait aujourd’hui qu’elle n’est pas soutenable dans les conditions actuelles. Le Premier Ministre semble ouvert à un accord, mais si et seulement si ses interlocuteurs font de véritables concessions. Toute la question est de savoir si les créanciers de la Grèce sont prêts à faire de véritables concessions.

Et ceci est tout sauf évident, dans certains pays, où il faudrait également faire accepter ces concessions par une majorité des élus. Et si cela n’est pas possible, la Grèce poursuivra le chemin qui va la mener vers la sortie de la zone euro, après le défaut du 30 juin, que ce soit par l’introduction d’une nouvelle monnaie et encore la reprise de contrôle de la banque centrale. La seule question qui se poserait alors est de savoir si Alexis Tsipras prendra directement l’initiative de la quitter, ou s’il en prendra le chemin en attendant que la zone euro éjecte la Grèce. De toutes les façons, même en cas d’accord qui prolongerait l’appartenance d’Athènes à la zone euro, ce ne serait que temporaire.

En tout cas, merci à Alexis Tsipras et aux Grecs d’avoir donné un si bel exemple. Ainsi, ils ont radicalement changé les rapports de force dans la négociation avec la troïka. Désormais, la balle est dans son camp. Si elle n’écoute pas les urnes, le démontage de la monnaie unique commencera vite.

4 commentaires sur Raclée démocratique pour le plan de la troïka : merci aux Grecs et à Alexis Tsipras #OXI

  1. « Jacques Sapir avait bien raison de garder espoir en Alexis Tsipras, dont le choix très gaullien de remettre le destin de son pays et le sien dans les mains du peuple Grec est couronné par un immense succès »

    Ce que valent l’espoir et l’incohérence de ces prétendus spécialistes qui ne comprennent toujours pas qu’une sortie de l’euro sans une sortie de l’UE n’a aucun sens… On entend beaucoup moin Sapir, ces derniers temps !…

    http://cadtm.org/Quand-Tsipras-fait-disparaitre

  2. Michel Chailloleau // 11 juillet 2015 à 10 h 55 min //

    Le mépris pour le vote des citoyens continue. Dernier exemple: les Grecs ont élu un Parlement pour discuter de la dette. Ils viennent de voter largement NON au référendum organisé pour se défendre contre les diverses institutions mondiales et européennes qui veulent les réduire à un seuil de pauvreté extrême. Résultat de tout cela? La plus grande partie des mesures préconisées par le FMI, la BCE et la troïka seront appliquées car elles semblent avoir été acceptées par le Premier Ministre grec, donc contre la volonté du peuple. Attention au sursaut du peuple!

  3. Delaisse Jean-Paul // 6 juillet 2015 à 16 h 41 min //

    Aucune remarque particulière sur l’exposé, sauf à approuver totalement le principe du référendum, déjà organisé dans le principe par le Général, décidément grand visionnaire historique. Même sans avoir suivi de près l’évolution de cette histoire grecque, il m’est venu depuis sa mise dans les projecteurs cette réflexion : les prêts consentis au fur et à mesure à la Grèce ont été manifestement dilapidés par les gouvernements successifs. Néanmoins, les Etats ont continué à prêter à nouveau, encore et encore, sans se poser de questions sur le pourquoi il était nécessaire pour les Grecs de demander des fonds, ni sur leur utilisation, ni par la vérification des comptes, dont on nous apprend qu’ils ont été truqués depuis des années. Mais enfin !! lorsqu’une banque accorde une ligne de crédit, la première chose qu’elle fait est de demander pourquoi faire, et d’étudier les comptes et les charges. Ce qui se passe au niveau des particuliers ne devrait-il pas être encore plus strict au niveau d’un Etat ?? Maintenant les Etats prêteurs, la BCE et le FMI sont exigeants au plus haut point. A mon sens, que ne l’ont-ils été avant de faire les prêts !! Tout ces créanciers n’ont jamais été simple contrôleurs de gestion ??? Maintenant que les Grecs SONT dans le mur, ils semblent tous étonnés de ses réactions, en louvoyant artistiquement pour éviter leurs propres responsabilités. Est-ce que je me trompe dans cette vision du phénomène ??

  4. Jacques Payen // 6 juillet 2015 à 10 h 41 min //

    N.Sarkozy et les eurolâtres de la direction de LR se sont particulièrement illustrés, jusqu’au jour du référendum, par leur violence, leur aveuglement, leur mépris des grecs et leur suivisme à l’égard de la ligne dure allemande.
    Ah! ces soi-disant héritiers du gaullisme qui crèvent de trouille chaque fois qu’il est question d’un référendum ! Pitoyables nains politiques.
    Seul, une fois encore, Henri Guaino a su faire preuve de sens des responsabilités et de lucidité. Seul il a sauvé l’honneur.

    Il faudra bien qu’il tire un jour prochain les conséquences de ces très fondamentales et éclatantes contradictions.

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