Vers une gouvernance mondiale
La Trilatérale est une organisation méconnue du public français. Croyant que le suffrage universel représente l’arme décisive pour changer le cours des choses, les Français ignorent en fait que les véritables acteurs de la vie politique et économique se trouvent au sein de « centres de réflexion » nourris par des multinationales. Des groupes ultra puissants comme le Bilderberg, le Lucis Trust, le Council on Foreign Relations (le CFR pour les Etats-Unis concernant la politique étrangère), l’European Council on Foreign Relations (l’ECFR pour l’Union européenne), la Fondation Bertelsmann pour ne citer que ces exemples représentent les relais du pouvoir mondial en gestation. Coopérant étroitement entre eux, ces groupes élitistes constituent les différents musiciens permettant à l’orchestre mondialiste de jouer une partition intitulée : « Vers une gouvernance mondiale ». Dans cette affaire, un groupe solidement implanté joue aussi son rôle en faveur d’une unification planétaire : la Trilatérale.
Créée en 1973 par Zbigniew Brzezinski (conseiller du président Obama) et David Rockefeller (ancien président du CFR pour ne citer que ce cas), la Trilatérale est constituée de trois entités : l’Amérique du Nord, l’Europe et le Japon. L’objectif de la Trilatérale comme l’affirme Brzezinski est de permettre aux Etats de « faire face à des problèmes de plus en plus partagés – financiers, économiques et stratégiques – et qu’ils sont de moins en moins en mesure de régler, sans au moins se concerter plus étroitement dans leur propre intérêt et dans celui du reste du monde (…). D’où l’idée d’un groupe non gouvernemental de réflexion et de proposition, une centaine d’hommes et de femmes – d’Etat comme d’affaires, de syndicat comme d’université -, qui pourrait nous habituer à travailler ensemble et à mieux réconcilier nos politiques. Un groupe qui a eu le bonheur de compter dans ses rangs des Français tels que Paul Delouvrier, Robert Marjolin, Raymond Barre, Simone Veil, François de Rose, Hubert Védrine, parmi tant d’autres … (…). La Trilatérale a beaucoup fait en son temps pour nous rapprocher – nous Américains, Européens et Japonais (…). L’un de ses rejetons a été le groupe des Sept (le G-7) » [1] .
En fait, la Trilatérale œuvre en faveur d’une gouvernance mondiale en procédant par étape. Ainsi, l’une d’entre elle consiste à créer un bloc euro-atlantique unifié dans les domaines politiques, économiques et militaires. Les personnes clefs à la tête de cet institut le confirment aisément. Le président de la Trilatérale Europe est l’Irlandais Peter Sutherland . [2] Outre son passage à la tête de l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce), il est aussi le président européen d’un institut euro-américain ultra puissant oeuvrant en faveur d’une Union atlantique : le TPN (Transatlantic Policy Network, réseau politique transatlantique) . [3] Ce TPN soutenu par les grandes multinationales (Boeing, Michelin, Coca-Cola, Bertelsmann, Nestley, Microsoft, etc) [4] et par de multiples think tanks européens et américains a affiché clairement les objectifs : la création d’un seul bloc atlantique à l’horizon 2015 . [5] Le rôle de Peter Sutherland à la tête de ces deux instituts est de mener à bien cette ambition. Face à ces objectifs, il n’est donc pas étonnant de relever le nom du vice-président de la Trilatérale Europe, Hervé de Carmoy . [6] En effet, ce dernier est l’auteur d’un ouvrage au titre explicite et résumant la finalité du projet transatlantique, Euramérique . [7]
Dans ce travail de fond, la Trilatérale ne laisse rien au hasard. En effet, lors des travaux Giscard en 2003/2004 en faveur d’une constitution européenne, le véritable meneur fut l’Anglais Lord Kerr of Kinlochard membre de la Trilatérale Europe. Ancien président de la société pétrolière Shell, ancien ambassadeur aux Etats-Unis, il fut aussi le secrétaire général à la Convention européenne auprès de Valéry Giscard d’Estaing . [8] Une telle fonction est logique puisqu’il s’avère nécessaire de créer un pilier politique européen associé au pilier nord-américain dans le but de donner naissance à une Union atlantique. Cet idéal était déjà affiché par le Fondateur de la paneurope, Richard de Coudenhove-Kalergi qui, dans un discours de 1950, appelait à la naissance d’une « Union atlantique » aboutissant à une « fédération à trois », « l’Angleterre faisant le pont entre l’Europe et l’Amérique » . [9]
Ces informations soulignent l’importance de la Trilatérale. Son action devrait être dénoncée par les défenseurs de la cause nationale. Cependant, il ne faut pas rêver ; ils ne le feront pas. Au lecteur de réfléchir et de se demander … pourquoi ?
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Pierre Hillard, auteur de « La Fondation Bertelsmann et la gouvernance mondiale », aux Editions François-Xavier de Guibert, avril 2009. Source : http://www.mecanopolis.org/?p=7024
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