De Gaulle défend le traité de Rome de 1957

À Konrad Adenauer – 20 décembre 1958

 

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Le 25 mars 1957, l’Allemagne, la Belgique, la France, l’Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas signent à Rome deux traités : le premier crée la Communauté économique européenne (CEE) ; le second crée la Communauté européenne de l’énergie atomique (CEEA ou Euratom).

Ces deux traités sont entrés en vigueur le 1er janvier 1959. Les nouvelles Communautés sont alors apparues comme un facteur de renforcement économique pour les Etats membres.

 

Monsieur le chancelier, J’ai apprécié, à leur grande valeur, les intentions dont s’inspire votre lettre du 18 décembre. Cependant, je ne suis pas convaincu que le projet au sujet duquel vous me demandez mon sentiment, et dont je remarque incidemment que M. Fanfani ne m’a pas entretenu, puisse répondre aux exigences de la situation. Le litige n’est pas, me semble-t-il, entre la Grande-Bretagne et la France, mais bien entre les six pays du Marché commun et les autres pays membres de l’OECE*, principalement la Grande-Bretagne. Votre intervention éventuelle en qualité de médiateur entre le gouvernement français et le gouvernement britannique modifierait fondamentalement, à mon avis, les données du problème, notamment en ce qui concerne la mise en œuvre du traité de Rome, à laquelle, ainsi que vous aviez bien voulu me le dire lors de notre rencontre de Bad Kreuznach, vous attachez une grande importance. J’estime, pour ma part, que nous ne surmonterons les difficultés présentes que dans la mesure où les six gouvernements signataires du traité de Rome sauront maintenir leur cohésion.S’il devait en être autrement, j’éprouverais de sérieuses inquiétudes quant à la coopération européenne, à laquelle je suis, vous le savez, très sincèrement attaché.Veuillez agréer, monsieur le chancelier, les assurances de ma très haute considération.

 Charles de Gaulle

*Organisation européenne de coopération économique, fondée en 1948 par les États-Unis en vue de reconstruire l’Europe (plan Marshall).

 

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