Élu au perchoir de l’Assemblée, Richard Ferrand compte exploiter la moindre imprécision …
Richard Ferrand n’est décidément pas un grand adepte du « nouveau monde » vanté par Emmanuel Macron. Interrogé par Libération sur l’affaire des mutuelles de Bretagne, dans laquelle il est accusé de prise illégale d’intérêts, celui qui devrait sans surprise s’emparer du perchoir de l’Assemblée nationale a annoncé qu’il ne démissionnerait pas de ses fonctions s’il était mis en examen.
Ferrand se dit « attaché à la séparation des pouvoirs »
Une imprécision savamment exploitée par l’actuel président du groupe LREM à l’hémicycle, car comme le souligne Marianne ce mardi 11 septembre, Edouard Philippe avait établi en mai 2017 la règle selon laquelle « un ministre qui serait mis en examen devrait démissionner », tout comme un collaborateur du président. En revanche, rien n’est prévu pour un député, en vertu de la séparation des pouvoirs, qui interdit au chef de l’État d’avoir la moindre emprise sur le palais Bourbon.
Un argument opportunément repris par Richard Ferrand, qui « attaché » à cette notion, a fait valoir auprès du quotidien que « ce serait un déséquilibre total si demain tous les parlementaires étaient mis dans la main de la seule autorité judiciaire ». Pour lui, les choses sont simples : « Une décision procédurale n’a pas vocation à décider de l’exercice d’un mandat parlementaire ». Un moyen de se prémunir des suites de l’affaire des mutuelles de Bretagne, dont l’association Anticor s’est constituée partie civile. Classée une première fois par le parquet de Brest, elle est désormais dépaysée à Lille.
L’opportuniste Richard Ferrand planqué du haut de son perchoir de Président de l’Assemblée nationale grâce à l’appui de 254 députés, défend la séparation des pouvoirs qui le met relativement à l’abri des tracasseries judiciaires.
L’ancien monde vertueux devient soudainement pour lui son refuge tout en bénéficiant « en même temps » des privilèges du nouveau monde, celui notamment d’être un homme, élu démocratiquement, qui demande à être pardonné de ne pas être une dame.
Le cynisme en politique devient répugnant.
RF 12.9.2018