Il faut sauver l’industrie automobile française
PSA a annoncé la suppression de 6800 postes dans le monde, dont près de 5000 en France. Lentement, mais sûrement, l’industrie automobile française s’affaiblit, dans l’indifférence générale des grands partis politiques qui laissent faire.
La grande chute de notre industrie
Rien ne semble arrêter la chute de l’industrie automobile française. Dans la première moitié des années 2000, nos constructeurs produisaient entre 3 et 3,5 millions de véhicules par an. Mais depuis, les chiffres se sont effondrés puisqu’ils ne sont plus compris qu’entre 1,6 et 2 millions depuis 2009, soit une baisse d’environ 40%. Alors que nous étions largement excédentaire (en exportant 20% que nous importions), notre balance commerciale est désormais déficitaire.
Paradoxalement, malgré la présence de l’Etat à son capital, Renault a été plus prompt à délocaliser sa production (entre temps, la production globale de nos deux groupes est restée relativement stable) en n’en conservant que 25% dans l’hexagone, contre 41% pour PSA. Résultat, aujourd’hui, malgré de bons résultats commerciaux sur ses deux marques, PSA décide à son tour de réduire la voilure en concentrant ses suppressions de poste dans notre pays.
Il est malheureusement difficile de critiquer les deux groupes français car leur profitabilité n’est pas extrêmement élevée et que le marché automobile est extrêmement compétitif. En outre, ils affrontent des concurrents qui ont eux aussi largement délocalisé leur production dans les produits à bas coûts et qui ne sont pas pénalisés par une monnaie chère. Pire, nos constructeurs hexagonaux affrontent des concurrents japonais et coréens dont le marché intérieur est protégé.
Que peut-on faire ?
Malgré quelques coups de menton destinés à donner le change, la majorité de la classe politique laisse faire la lente disparition de notre industrie automobile. Car c’est bien ce qui risque d’arriver à terme. Les constructeurs chinois sont sur le point de faire leur entrée en Europe (malgré des barrières douanières colossales pour les productions européennes en Chine, qui ont imposé à nos constructeurs d’installer leurs usines dans l’Empire du milieu).
En effet, il est bien évident que nos constructeurs ne pourront pas affronter la compétition internationale avec le niveau des salaires français. Pire, la production de pièces détachées a été touchée encore plus durement par le phénomène de délocalisation. Il n’y a pas 36 solutions pour mettre fin à cette saignée de notre fleuron industriel : le protectionnisme, que ce soit par des taxes ou des quotas. En outre, les Français soutiennent déjà de telles mesures.
Pour le coup, l’effet serait immédiat sur l’emploi puisque beaucoup d’usines de PSA et Renault tournent au ralentit. En instaurant des taxes ou des quotas, comme vient de le faire récemment le Brésil (30% de droits de douane sur les véhicules importés hors Mercosur, parce que leur part de marché était passée de 16 à 23%…), nous pourrions relancer l’industrie automobile en France et l’emploi. N’oublions pas non plus que la Chine, le Japon et la Corée protègent fortement leur industrie.
Il est proprement incroyable que nos politiques restent les bras ballants devant la disparition programmée de notre industrie automobile alors que les pays asiatiques ou le Brésil la défendent mordicus. Pire, de plus en plus d’économistes, y compris libéraux (Jean-Luc Gréau), soutiennent de telles solutions.
Laurent Pinsolle
Cher Laurent Pinsolle, tu sais très bien que le système économique Pensée-Unique ne peut que détruire, jusqu’à raser la planète. Pourquoi t’entêter à le sauver. Dénoncer l’Euro ne sert à rien. C’est le traité de Maastricht qu’il faut dénoncer. La Commission européenne m’a assuré qu’il était toujours en vigueur, les autres traités ne faisant que le confirmer pou le compléter. Bien cordialement tout de même.
Bonjour
Vous avez mille fois raison : il faut sauver l’industrie automobile française (entre autres), mais le protectionnisme n’est certes pas la solution parce que cette industrie exporte et qu’elle s’implante aussi à l’étranger pour vendre sur le marché local. De plus en faussant la concurrence vous renchérissez les prix des autos made in France, et vu le niveau des salaires réels, vous en empêchez l’achat. Je parle de salaires réels car le problème n°1 n’est pas dans le coût du travail, sensiblement égal en Allemagne où les voitures locales sont plus chères et se vendent bien. Le problème n°1 est dans le ratio salaire net sur salaire complet, donc sur les charges sociales délirantes pour une efficacité proche de zéro. Il y a des solutions, hélas dans notre monde néo-communiste personne ne veut en entendre parler. Mon propos n’est pas de les détailler ici mais on pourra en discuter quand vous voulez. Toute l’industrie en souffre, mais vous n’ignorez pas que l’automobile subit aussi :
– le grenelle de l’environnement avec les bonus-malus qui profitent aux petites voitures laissant une très faible marge aux constructeurs et nuisent aux modèles moyens qui est le créneau privilégié de PSA et Renault. Monsieur Borloo a sauvé Fiat mais ce n’était pas le but du jeu.
– la législation imbécile sur les véhicules de société, pénalisant l’achat de véhicules de fonction comme élément de salaire pour les cadres alors que c’est une pratique courante en Allemagne, et là le protectionnisme bien placé devrait permettre aux sociétés d’acheter de tels véhicules sous réserve qu’ils soient Français.
– la chasse aux automobilistes traités comme des délinquants (radars abusifs)
– la TIPP la plus élevée d’Europe
– les ahurissants péages d’autoroute
– la politique anti-bagnole menée par des municipalités rose-vert (UMP incluse), qui frise le nazisme !
C’est seulement en sortant de cette posture que l’on sauvera l’industrie automobile. Même les Verts allemands sont moins stupides à ce sujet.
Bien cordialement
Christiane Chavane