Accord PS/EELV: « très fortes inquiétudes » de Chevènement

 

665093_3_d97c_jean-pierre-chevenement-a-l-evocation-desJean-Pierre Chevènement, candidat à la présidentielle et président d’honneur du MRC, a exprimé samedi dernier auprès de l’AFP, ses « très fortes inquiétudes » à propos de l’accord conclu entre le PS et Europe Ecologie-Les Verts (EELV) pour 2012.

Cet accord prévoit notamment « un siège européen » comme membre permament du Conseil de sécurité des Nations Unies. Les cinq membres permanents sont Les Etats-Unis, la France, la Grande-Bretagne, la Chine et la Russie.

« J’exprime de très fortes inquiétudes après avoir lu le texte de l’accord PS-EELV », a-t-il déclaré en expliquant que ces « inquiétudes ne concernaient pas seulement l’aspect nucléaire civil, à (ses) yeux totalement irréaliste, mais aussi le siège européen qui ne peut que procéder d’une européanisation du siège de la France de membre permanent au conseil de sécurité de l’Onu ».

M. Chevènement a dénoncé en outre la suppression du droit de veto, prévu dans l’accord PS/EELV.

Le candidat s’est inquiété également « de l’avenir de notre dissuasion nucléaire et de la décision de ratifier la charte des langues régionales et minoritaires » qui déboucherait, selon lui, sur « la co-officialité de plus de 70 langues sur le territoire national ».

« J’ai l’impression, a conclu M. Chevènement, que le parti socialiste, depuis une dizaine d’années, n’a rien appris et rien oublié ».

 

Nucléaire: non à l’idéologie de la peur !

  • Une tribune de Jean-Pierre Chevènement parue dans Le Monde, édition du 22 novembre 2011.

Si je sais gré à François Hollande d’avoir tenu bon sur la poursuite de la construction du réacteur EPR de Flamanville qui conditionne les exportations françaises vers la Grande-Bretagne, la Chine, l’Inde, etc., comment ne pas s’alarmer de la volonté des Verts de condamner l’usine de retraitement de la Hague, la fabrication du combustible mox nécessaire à nos réacteurs et de fermer le laboratoire de stockage des déchets retraités de Bure, etc. La logique des Verts est claire : c’est la « sortie du nucléaire ». C’est le triomphe du dogmatisme. Mais quelle cohérence y a-t-il à vouloir, en pleine crise, fermer vingt-quatre réacteurs qui marchent, bref à se priver du tiers de notre potentiel de production électrique ?

Cette mesure coûterait au moins 250 milliards d’euros qu’il faudra bien trouver dans le budget de l’Etat, des entreprises et chez les contribuables. Outre le démantèlement de réacteurs qui marchent, il faudrait construire un nombre équivalent de nouvelles centrales thermiques, subventionner des énergies renouvelables, moderniser notre réseau électrique afin de répondre aux contraintes d’une production plus complexe et plus intermittente, sans parler du coût social de telles mesures.

Casser une infrastructure très rentable (le nucléaire) et la remplacer par une autre, plus polluante et moins rentable (gaz, charbon, énergies renouvelables) entraînera une augmentation du prix de l’électricité de 40 % à 50 %. Les chiffres sont têtus et connus. Le coût du MW/h du parc nucléaire français est de 42 euros (chiffre inscrit dans la loi sur la nouvelle organisation du marché de l’électricité en France de 2011). Le gaz revient entre 60 et 70 euros/MWh (le prix du gaz va progresser dans l’avenir). Le coût de l’éolien terrestre s’élève à 90 euros/MWh, l’éolien marin est à 150 euros/MWh et le solaire photovoltaïque à 250 euros/MWh. Seul le charbon est aussi compétitif que le nucléaire mais il est beaucoup plus polluant.

Notre déficit extérieur s’aggraverait de trois façons : la réduction de nos services nucléaires exportés (6 milliards d’euros par an en moyenne), l’importation ensuite de 4 milliards d’euros de gaz supplémentaire chaque année, et enfin, la disparition progressive de nos exportations d’électricité (2,3 milliards d’euros par an) au fur et à mesure de la fermeture des réacteurs français. Enfin, les entreprises françaises, qui bénéficient d’une électricité 40 % moins chère que dans le reste de l’UE, perdraient cet avantage comparatif, ce qui aggraverait leur problème de compétitivité. L’image d’un monde éclairé par la seule grâce du soleil et du vent que nous présentent les partis écologistes est un leurre. L’éolien et le solaire sont non seulement chers, mais ils produisent trop peu. Une éolienne terrestre ne produit que 20 à 25 % du temps, une éolienne maritime 30 à 35 % et le solaire photovoltaïque en France 10 à 15 %. Les éoliennes en France ayant en moyenne une puissance nominale de 2 MW, il faudrait en construire 2 500 à 3 000 pour obtenir une puissance produite équivalente à celle d’un seul EPR de 1 650 MW qui, lui, fonctionnera 90 % du temps. Belle perspective !

Nous assistons au triomphe de « l’idéologie de la peur » formalisée en Allemagne au lendemain de la seconde guerre mondiale par le philosophe Hans Jonas (« l’heuristique de la peur ») et plus récemment par le sociologue Ulrich Beck (« la société du risque »). Cette idéologie a déjà contaminé notre Constitution avec un « principe de précaution » qui n’a rien de scientifique. Or, le risque zéro n’existe nulle part. L’Allemagne va construire dix centrales thermiques au charbon pour remplacer les réacteurs nucléaires qu’elle ferme. Or, l’industrie charbonnière fait 2 500 à 3 000 morts par an (contre deux à Fukushima).

Cet accident nucléaire très grave n’a pas été « l’apocalypse » annoncée par certains dans la panique des premiers jours. Le déplacement de 80 000 personnes et la contamination disséminée dans un rayon de 20 à 30 kilomètres autour de la centrale sont des événements dramatiques. Mais les effets de cette catastrophe sont réversibles. Dix ou vingt ans seront nécessaires pour dépolluer les zones contaminées et y rétablir une situation normale. L’effort sera long et lourd, mais le peuple japonais, admirable de volonté, y parviendra.

En obéissant à la dictature de l’émotion, en se laissant imposer un choix idéologique et contraire aux intérêts du pays, en se mettant enfin à la merci des chantages des Verts auxquels un groupe parlementaire de quinze à trente-cinq députés vient d’être concédé, le Parti socialiste s’éloigne de ses racines républicaines et des valeurs des Lumières héritées du rationalisme cartésien (croyance en la Raison, liberté de la recherche, volonté de progrès, etc.).

Ce serait un tournant culturel grave pour la France et pour l’Europe, car le triomphe de « l’idéologie de la peur » sur notre continent contrastant avec la confiance en eux des pays émergents tournés vers la science et la technologie, ne manquerait pas d’accélérer notre déclin. Ce destin n’a rien d’irréversible : les « forces de progrès » sont encore puissantes dans la gauche et dans le pays.

3 commentaires sur Accord PS/EELV: « très fortes inquiétudes » de Chevènement

  1. BOBET francois // 26 novembre 2011 à 13 h 07 min //

    La présidentielle sera plutot une « équation à 5 inconnues »: aux 4 tendences que vous citez, il convient d’ajouter l’extreme gauche. Sur quel candidat ses suffrages se reporteront-ils? Sur le FN, comme en 2002? Pas sur.
    Sur le PS? Surement pas. Sur les Verts? Depuis les récents « accords », probablement pas davantage.
    Avec l’absence de Besancenot et d’un candidat du PCF, il ne reste sans doute que JL Melenchon.
    Je pense qu’au 1er tour il peut faire un « score » proche de celui de Bayrou ou de M. Le Pen.
    Je n’ai aucune accointance avec l’extreme gauche, je voulais juste compléter le propos du courrier précédent.
    Depuis plusieurs scrutins, il apparait en effet que les suffrages exprimés se portent en grande partie (et bien sur en parts inégales) sur ces 5 tendances, l’extreme droite , l’extreme gauche, le centre, et ce qu’il est convenu d’appeler la droite et la gauche parlementaires.

  2. Élection présidentielle 2012 : désormais une équation à 4 inconnues !
    Ils sont aujourd’hui quatorze prétendants à la course vers l’Élysée 2012. Tous n’obtiendront pas les 500 signatures et vraisemblablement certains renonceront à la dernière minute.
    C’est donc au 1er tour que les choses se préciseront et que l’inclinaison du peuple français fera le vainqueur en puissance du second tour. Eu égard à une proportion galopante d’abstentionnistes en puissance et à un comportement caméléon d’une partie non négligeable de l’électorat français dans son ensemble, des surprises sont donc à redouter dans une équation qui se précise à quatre inconnues, quoi que fassent les dix autres prétendants. François BAYROU, François Hollande, Marine Le PEN et Nicolas Sarkozy (par ordre alphabétique) seront donc les 04 inconnues du 1er tour. Aucun n’est en mesure de créer un écart super significatif dés ce 1er tour et ce seront les anti Sarkosystes viscéralement attachés à « virer » le « p’tit », les opposés à la gauche « molle » dispendieuse, les anti euro/Europe et les anti tout qui feront les surprises de ce 1er tour à quatre inconnues. Dès lors, l’écart au second tour nous donnera un Président « faible » qui sera élu par une majorité plus que relative , à moins que dans un sursaut de lucidité électorale tous les abstentionnistes du 1er tour décident qu’il est temps de remettre la France civique à l’endroit .Quatre inconnues et une seule variable , l’abstention , donneront à ce scrutin une idée de la France de demain. Alors pour ne pas s’en remettre aux bonnes fées, aux faiseurs de rêves multicolores, aux manipulateurs d’esprits faibles et aux idéologues sectaires toutes couleurs confondues, une seule exigence s’impose au peuple de France : VOTER en masse dés le 1er tour !

  3. Bellenger Pierre // 23 novembre 2011 à 10 h 26 min //

    Le parti socialiste a un vice de base. Le socialisme ne peut exister qu’avec la Primauté du Politique sur l’Economie et la Finance. Or le PS a renié cette primauté en Mars 1983, et ne donne aucun signe de reconnaître son erreur. Quant aux Verts, ce sont des grans sentimentaux de la nature, de grands romantiques. Ils n’ont aucune logique.
    Faire de la politique dans c’est conditions, c’est aussi stérile que de pisser dans un violon pour le faire chanter. Ne soyons pas étonné de la désaffection des citoyens.

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