L’amiral de Gaulle enfin honoré à l’Assemblée nationale

Le fils du général de Gaulle a participé à la libération du Palais-Bourbon en août 1944. Une plaque rappelant ce « moment d’histoire » va être posée dans un salon de l’hôtel de Lassay.

Par Solenn de Royer  

Mieux vaut tard que jamais. L’amiral Philippe de Gaulle, qui participa à la Libération de Paris, sera honoré par les députés mercredi 27 novembre : le 25 août 1944, c’est lui qui porta l’ordre de reddition aux Allemands retranchés à l’Assemblée nationale, au péril de sa vie. Le fils du général a alors 23 ans. Quand il se présente au Palais-Bourbon, il est accueilli en anglais par un officier allemand, qui ignore délibérément les insignes des fusiliers marins cousus sur l’uniforme du jeune officier : « Nous voulons bien nous rendre aux Américains. Nous tirerons sur tous les civils qui tenteront de s’approcher. » L’enseigne de vaisseau répond en français : « Il n’y a pas d’Américains à Paris. Vous vous rendez aux troupes françaises du général Leclerc. »

Personne ne demandera son nom à Philippe de Gaulle. « Par chance », reconnaît-il aujourd’hui. « J’étais entouré de 400 Allemands avec leur bazooka, derrière des sacs de sable, j’ai réalisé à ce moment-là que j’allais louper le reste de ma vie… Ils auraient pu me faire disparaître dans la cave », a-t-il raconté au président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand, qui l’a reçu le 15 juillet à l’hôtel de Lassay.

« Ses mérites propres »

Quand il était lui-même au perchoir, Jacques Chaban-Delmas avait eu l’intention de faire poser une plaque rappelant les conditions de la reddition des occupants du Palais-Bourbon. Mais l’initiative fut laissée de côté, avant de s’enliser. C’est Claude Chirac et son mari, Frédéric Salat-Baroux, ancien secrétaire général de l’Elysée et auteur d’un livre sur de Gaulle et Pétain (De Gaulle-Pétain : le destin, la blessure, la leçon, Robert Laffont, 2010), qui ont discrètement œuvré, à travers l’ancien président du groupe Les Républicains à l’Assemblée – et désormais président du parti – Christian Jacob, pour que cet oubli soit réparé. « J’ai dit à Christian Jacob, qui m’a sollicité, qu’il n’était pas trop tard pour agir », raconte Ferrand.

Une plaque rappelant ce « moment d’histoire » sera donc posée dans un salon de l’hôtel de Lassay. « L’amiral est l’homme qui libéra le cœur battant de notre République », souligne M. Ferrand. « Il a fait une belle guerre, il a ses mérites propres, qui ne doivent rien à son nom », ajoute-t-il, en précisant que M. de Gaulle aurait pu être fait compagnon de la Libération. « Je ne peux pas te décerner une décoration de l’ordre que j’ai créé », lui avait signifié son père.

Invité cette semaine à commenter dans Paris Match le livre de Caroline Pigozzi et Philippe Goulliaud, Les Photos insolites de Charles de Gaulle (Grund et Plon, 2019, 324 p., 29,95 euros), l’amiral a été ainsi interrogé : « Est-ce encore difficile d’être le fils du général de Gaulle ? » Cet homme pudique, âgé de 98 ans, a répondu ceci : « Maintenant, ça n’a plus aucune importance. »

8 commentaires sur L’amiral de Gaulle enfin honoré à l’Assemblée nationale

  1. Lasselin michel // 5 décembre 2019 à 6 h 21 min //

    Bonjour qui sait encore aujourd hui tout ce que les De Gaulle on fait pour la France et pour les français . Nous avons un devoir de mémoire pour ceux qui ont consacré leur vie à oeuvré pour notre liberté et notre indépendance . Connaître L’Histoire est important car cela nous permet d’en tirer des leçons et instruire nos jeunes pour éviter la désinformation. Veuillez me pardonner si je passe un message personnel , un hommage à mon grand cousin aimé- francis Laurent officier sous-marinier qui a rallié le général De Gaulle dés son appel à Londres . P.S.: des ouvrages à lire et à posséder absolument :  « les messages secrets du général De Gaulle »(2011,Gallimard) et « les plus beaux manuscrits du général De Gaulle »(2019,Hugo-image) , ouvrages magnifiques tous deux écrits par jean-pierre Guéno …

  2. Respect éternel Monsieur l’Amiral. Votre famille aura vraiment été exceptionnelle pour l’éternité.

  3. L’amiral ne s’en souvient certainement pas, mais j’ai eu l’honneur de le rencontrer dans un cinéma des Champs-Elysées en 1965 ou 1966, lors de la première mondiale du film « Le Franciscain de Bourges ». Il m’avait demandé de lui présenter mon ami et confrère, Brüder Alfred Stanke, héros humanitaire de la prison de Bourges, sujet du livre de Marc Toledano et vedette du film dans lequel Hardy Krüger jouait son rôle (ayant refusé un cachet, tant il était conscient du privilège). A l’époque je m’appelais le Père Léon.

  4. Je suis rentrée en politique sous le General de Gaulle – un grand Homme –
    je me souviens encore de sa grande main – la mienne de 20 ans a diparu sous la sienne – enfin une plaque – Les journalistes n en parle pas –

  5. dommage que son père n’ait pas eu la même longévité…vive les De Gaulle père et fils !

  6. RIFAUT Michel // 27 novembre 2019 à 14 h 55 min //

    Je suis gaulliste

  7. Un oubli regrettable enfin réparé ! Ce n’est que justice, tardive, mais ayant le mérite d’exister…Merci à Mme Claude CHIRAC et son époux, à l’origine de cette plaque en hommage éternel.

  8. Gaullisme.fr incontournable !

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