Dernière « Rochambelle » de la Division Leclerc, Liliane Valter nous a quittés
PAR LAURENT LAGNEAU · 19 NOVEMBRE 2019
Américaine installée à Paris quand éclata la Première Guerre Mondiale, Florence Conrad servit l’armée française en tant qu’infirmière. Engagement qu’elle renouvela lors de la campagne de France de mai-juin 1940. De retour aux États-Unis, cette femme énergique fit jouer ses relations afin de collecter assez d’argent pour financer l’achat 29 ambulances Dodge WC54 destinées à équiper le groupe « Rochambeau » qu’elle venait de fonder en vue de prendre aux combats de la Libération.
Après avoir recruté 14 jeunes Françaises alors établies à New York, le groupe Rochambeau [appelé ainsi en mémoire du maréchal du même nom qui s’était illustré durant la guerre d’Independance américaine au côté de La Fayette, ndlr] traversa l’Atlantique pour rejoindre l’Afrique du Nord, où les troupes anglo-américaines avaient débarqué en novembre 1942.
Là, le groupe Rochambeau prit ses quartiers à Rabat [Maroc]. Et, grâce à sa ténacité, Florence Conrad réussit à le faire intégrer au 13e bataillon médical de la 2e Division Blindée, alors en cours de formation sous le commandement du général Leclerc. Dans le même temps, elle recruta de nouvelles ambulancières et infirmières, qui reçurent le surnom de « Rochambelles ». Et Liliane Valter, 19 ans, à l’époque, en était.
Adolescente au moment de l’appel lancé par le général de Gaulle sur les ondes de la BBC, Liliane Valter décida, trois ans plus tard, de rejoindre les forces françaises stationnées au Maroc. Sans papier, elle dut traverser la France et l’Espagne pour arriver à ses fins. Non sans mal d’ailleurs. Arrêtée par de l’autre côté des Pyrénées, elle sera libérée de la prison pour femmes de Figueras grâce à la Croix-Rouge.
Devenue l’une des 35 « Rochambelles » de la division « Leclerc », la jeune femme débarqua à Utah Beach dans la nuit du 4 au 5 août 1944. Suivant la progression de la 2e DB au volant de son ambulance « Madeleine-Bastille II », elle fut au coeur des combats de Normandie, dede la Libération de Paris, de Lorraine, d’Alsace et d’Allemagne, transportant les blessés vers les hôpitaux de campagne au mépris du danger.
« Il y avait les Allemands qu’on avait chassés d’un village et qui étaient dans un bois, pas loin, et qui tiraient évidemment […] sur nous. Il a fallu faire vite. Les blessés, quand ils étaient conscients, nous ont dit seulement ‘bravo’. Nous sommes vite arrivés à notre hôpital de campagne pour débarquer [les blessés] et repartir. Mais en revenant, ça tirait de tous côtés », racontera Lilian Valter, dans une vidéo récemment publiée par Canal 32.
Très discrète sur son parcours, Liliane Valter nous a quittés à l’âge de 95 ans, le 15 novembre. « Elle était la dernière survivante des ‘Rochambelles’ », a précisé, auprès de l’AFP, le général Bruno Cuche, ancien chef d’état-major de l’armée de Terre devenu président de la Fondation Maréchal Leclerc et de l’association des Anciens de la 2e DB.
Selon la Société des membres de la Légion d’Honneur, cette femme ex-Rochambelle « vive d’esprit », selon les mots du général Cuche, était chevalier de la Légion d’honneur depuis le 31 décembre 1983 « pour toutes ces actions de bravoure ». Elle était également titulaire de la Médaille militaire.
Combien de jeunes femmes et hommes civils aujourd’hui seraient capable de se mettre au service de son pays au mépris du danger ? Je me le demande.
Pensée
A toutes les grandes femmes résistantes, connues ou hélas inconnues, la patrie reconnaissante.
Comment peut-on oublier toutes ces héroïnes, prêtes à engager leur vie pour les autres ? C’est impensable !
Il y aura toujours pour elles, une place réservée dans nos cœurs !
Rf 21.11.2019