Malsaines dérives et récupérations

par Maxime Tandonnet

Au début, le mouvement des gilets jaunes était profondément sympathique comme en témoigne le soutien des quatre cinquièmes du pays. Il était vécu comme la réaction légitime de la France oubliée à des années de mépris et d’arrogance affichés sans vergogne par la classe dirigeante, depuis les « sans dents », jusqu’aux « Gaulois réfractaires », « aux fainéants » ou « ceux qui ne sont rien » et le traitement injuste réservé aux retraités de condition modeste.

La colère, accumulée, s’est cristallisée sur l’augmentation emblématique du prix du diesel. En y renonçant, l’équipe au pouvoir a acté sa défaite. Les gilets jaunes ont remporté une victoire contre un mode de gouvernement fondé sur l’aveuglement et la morgue. Évidemment, cela ne règle rien sur le fond des dossiers. Mais ce succès symbolique marque un tournant qui pourrait être le début d’une rénovation trouvant son prolongement par la voie démocratique et les urnes.

Or,  aujourd’hui, le mouvement est en train de subir une dénaturation et de dégénérer dans un indescriptible et pernicieux chaos. La belle cause initiale des gilets jaunes, celle de la France humiliée, est en cours de récupération par un étrange magma nihiliste n’ayant plus de rapport avec la cause initiale : factieux qui appellent à la destruction de l’État de droit, voyous qui incendient les biens d’autrui, idéologues gauchisants, anarchistes du black block, casseurs et pilleurs de banlieue, tueurs qui jettent des pavés sur les forces de l’ordre, lycéens « révolutionnaires ».

La récupération politicienne – dont les gilets jaunes ne voulaient pas -, bat désormais son plein. Que peut-il sortir d’une révolte désormais revendiquée à la fois par les Insoumis et les lepénistes? Victoire trahie, victoire volée ? Nul ne sait ce qui va se passer demain. Le déchaînement de violence attendu risque de corrompre la belle cause initiale des gilets jaunes. Ces derniers ont jusqu’à présent bénéficié d’un soutien massif des Français qui a été leur force. Si la France sombre dans le chaos, la violence généralisée et les pénuries, si l’État de droit trébuche dans la tourmente, l’opinion basculera aussi vite que l’éclair.  Il est encore temps pour les gilets jaunes de revendiquer leur victoire et de se démarquer sans ambiguïté d’une dérive criminelle et évidemment sans issue.

maxime tandonnet

7 commentaires sur Malsaines dérives et récupérations

  1. Les faits des casseurs, dé récupérations, ou autres ne sont pas spécifiques au mouvement venant des « tripes » du Pays. A l’heure actuelle, à chaque manifestation, même celles dirigées et encadrées par les syndicats (y compris les plus structurés) donnent lieu à ces exactions.
    Celles-ci ne sont donc pas spécialement rattachées aux Gilets Jaunes. Il se trouve que c’est là un excellent moyen (habituel ?) pour les « gouvernants » de détourner l’objectif premier.

  2. Il ne faut pas se fier aux apparences, le mouvement des Gilets jaunes comme toute contestation sociale subit les effets de voyous, casseurs et gauchistes en tous genres, Black Bloc. Il est aussi l’expression d’une profonde défiance à l’égard de toutes les instances représentatives qui ont perdu à leurs yeux une grande part de leur crédibilité. On ne peut que comprendre les Gilets jaunes si l’on se souvient du déni démocratique du vote du 29 mai 2005, auquel Maxime Tandonnet, conseiller de Sarkozy a sa part comme Henri Guaino.

  3. « Il est encore temps pour les gilets jaunes de revendiquer leur victoire », désolé mais c’est une profonde erreur d’analyse car les gilets jaunes ne sont pas UN mais une multitude qui se revendique comme tel.
    La liste à la Prévert de leurs revendications tous azimuths est une évidence du foisonnement des mécontentements particuliers. Difficile donc d’attribuer la victoire à un ensemble hétérogène dont le seul lien commun est le « MOIDABORD » fédérateur face aux difficultés quotidiennes rencontrées par tout un chacun et de fait par la part prise des plus « malins » , dans un pays qui se distingue par le refus de vote , de prise de responsabilité électorale et de culture politique proche de l’idiocratie.

  4. La distinction entre « gilets jaunes » ou « lycéens » casseurs que les médias de la collaboration utilisent à longueur d’articles et d’émissions avec ceux qu’une vraie souffrance et un désespoir réel ont poussé à bout doit être faite, surtout ici.
    Dans la première catégories on trouve les profiteurs du système : racailles des cités, zadistes encartés, blackblocs, islamistes en devenir. Et toujours s’interroger : à qui profitent ces désordres? L’appel des gilets jaunes libres de ce jour est une très bonne initiative : pas un vrai gilet jaune à Paris demain!

  5. Jacques Payen // 7 décembre 2018 à 16 h 27 min //

    La souveraineté a été confisquée au peuple français en 1992 (Maastricht) et en 2007 (Traité de Lisbonne).

    La partie la plus vivante et courageuse de notre peuple est aujourd’hui en passe d’ébranler le système et de permettre la reconquête de cette souveraineté.

    M. Tandonnet écrit qu’il y a une dénaturation en cours du mouvement initial. C’est bien possible. Mais c’est toujours le cas dans toute révolte. De plus cette dénaturation -qui est le fait de casseurs bien connus- arrange tout à fait les affaires de la caste gouvernementale qui ne peut plus compter que sur la peur pour espérer sauver son pouvoir.

    Est-ce une raison pour mesurer notre soutien ?
    Bien au contraire. C’est le moment d’amplifier la vague pacifique des gilets jaunes, et pour ceux qui ne l’ont pas encore fait de rejoindre ce mouvement de Salut Public.

    Le pays a besoin de purger ses élites corrompues, incompétentes ou irresponsables. Qui ont accablé notre peuple de leur mépris depuis très longtemps.

    Ne laissons pas passer ce moment de l’Histoire !

  6. Il faut bien constater que les gilets jaunes, mouvement parfaitement légitime, catalyse aussi par la même occasion les extrêmes de tous bords y compris les casseurs-voyous professionnels que l’ont croise dans toutes les manifestation mais qui sont comme par hasard maintenant mis en avant pour déconsidérer et décrédibiliser les justes revendications de ceux qui ne supportent plus l’injustice fiscale, le racket fiscal, les cadeaux fait aux plus riches et les efforts pour les autres. La violence actuelle ne fait que confirmer le climat détestable qui règne désormais dans notre pays et qui n’est que le reflet d’un rejet de ce système capitaliste devenu fou et de la déliquescence du Pouvoir en place qui s’accentue depuis une quinzaine d’année, ce Pouvoir sans grand Pouvoir puisque celui-ci, qui s’exerce en réalité désormais à Bruxelles et de manière autoritaire et non démocratique, nous échappent presque totalement bien que nous soyons une majorité à le rejeter tel qu’il se présente.

  7. Tout ce tumulte risque d’oculter le fait que Macron part ce lundi signer les accords de Marrakech, sur les migrants.
    Nul n’a demandé l’avis des français et bien entendu, pas le moindre référendum sur cette question.
    Alors, on fait quoi ?
    Empêchons, à tout prix, notre président-monarque de quitter le territoire.

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