Les « godillots » de LREM
Dans le « nouveau monde » post-élection d’Emmanuel Macron, la nouvelle façon de faire de la politique ressemble parfois à s’y méprendre à l’ancienne. Depuis que la majorité de La République en marche, avec ses nombreux néo-députés, a posé ses sacoches à l’Assemblée nationale, les critiques fusent ainsi sur leur silence en commission et leur côté « godillot ».
Même le règlement intérieur du groupe LREM présidé par Richard Ferrand donne un goût de déjà-vu en politique, obligeant les députés macronistes à suivre les consignes de vote du groupe, à ne pas évoquer ce qu’il se dit en réunion de groupe et à… ne pas collaborer avec les autres groupes parlementaires.
Le Canard Enchaîné du mercredi 12 juillet révèle ainsi le contenu de plusieurs articles du règlement intérieur du groupe LREM. Et l’article 16 précise que les députés-marcheurs ne peuvent pas cosigner d’amendements ou de propositions de loi « issus d’un autre groupe parlementaire ». « Si tel était le cas, continue le palmipède, ‘le président convoquerait l’intéressé’ et pourrait ‘le déférer devant le bureau’ ». Avec une éventuelle exclusion à la clé. Même si ces amendements ou propositions de lois proviennent du groupe Modem, intégré à la majorité présidentielle ?
Une manière étrange de faire de la politique au-dessus des partis et des clivages partisans. Car cette règle était déjà celle du groupe socialiste entre 2012 et 2017, instaurée par Bruno Le Roux. « C’est un copier-coller des règles du groupe PS », assure un député LREM à Marianne. Qui ajoute :
Ce genre de pratiques claniques, c’est la culture socialiste, pas la culture En Marche.
En matière de règlement intérieurs, LREM fait tout aussi fort au niveau du parti. Comme l’a aussi montré Marianne, le parti d’Emmanuel Macron est « en passe de devenir… le moins démocratique de France » avec un mouvement sans élections internes ou presque et dirigé principalement par les élus. Loin des militants. Un nouveau monde.
Sébastien Tronche
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