UMP : Bayrou vote pour Fillon face à Copé

 

Entre Copé et Fillon à la tête de l’UMP, Bayrou choisit l’ancien premier ministre. Un homme avec lequel « des gens comme moi peuvent travailler », estime le patron du MoDem.

À l’UMP, la guerre de succession entre François Fillon et Jean-François Copé est déclarée. Deux parcours, deux personnalités mais, pour François Bayrou, cette bataille ne se réduit pas qu’à un « choc d’ambitions ». Elle relève d’un antagonisme de valeurs entre une droite ouverte avec laquelle il pourrait travailler, et une autre jouant les rapports de force. En clair, son choix se porterait sur l’ancien premier ministre.

Entre les deux principaux prétendants à la tête de l’UMP, François Bayrou constate deux sensibilités différentes : « Il y a une partie de la droite française, républicaine, dont les idées et les valeurs sont absolument ouvertes, à mes yeux profondément justes et avec qui, naturellement des gens comme moi peuvent travailler. C’est François Fillon, pour qui j’ai de l’estime, et ce n’est pas un secret de le dire », a-t-il expliqué.

« C’est sur du fond que ce débat va avoir lieu et il est pour moi, très intéressant », a estimé la patron du MoDem, avant de décrire une approche « profondément différente » entre les deux hommes. Notamment celle d’une droite qui « accepte qu’entrent dans le débat public des sujets de profondes divisions, de profonds antagonismes entre Français, des sujets qui mettent le feu parce que (ces représentants) estiment qu’ électoralement, c’est plus payant » dénonce le leader du MoDem, sans toutefois citer explicitement Jean-François Copé.

La ligne de clivage s’accompagne « en même temps d’une vision de rapports de forces de la société, sur l’argent, la condamnation des partenaires sociaux et des corps intermédiaires… tout cela fait une vision du pays qui est me semble-t-il en contradiction avec ce que la droite française a donné de meilleur depuis des décennies », déplore t-il. Exemples à l’appui : « Ce n’était pas la vision du général de Gaulle, pas la vision de Valéry Giscard d’Estaing et pas celle de Jacques Chirac.« 

La guerre de succession à l’UMP a démarré lorsque dans une interview au Figaro Magazine, François Fillon a déclaré que « depuis le départ de Nicolas Sarkozy, il n’y a plus, à l’UMP, de leader naturel. » Des propos qui attaquent Jean-François Copé, le secrétaire général du parti. Fillon, lui, serait favori selon un sondage de TNS Sofres/Sopra group publié vendredi. Pour 44% des français interrogés ils serait un meilleur président pour l’UMP que Jean-François Copé. 12% estiment que ce dernier serait meilleur à ce poste que l’ancien Premier ministre.

 

Jean-François Copé raille le parcours de François Fillon

Le secrétaire général de l’UMP a estimé mercredi, sans le citer, qu’on a « tout donné » à l’ancien Premier ministre. (Nouvel’Obs)

Jean-François Copé a ironisé mercredi 30 mai sur le parcours d'héritier" qu'aurait embrassé François Fillon, l'ancien Premier ministre. Montage (Photos SIPA)

 

Le secrétaire général de l’UMP, Jean-François Copé, a ironisé mercredi 30 mai, sans citer son rival François Fillon, sur « le parcours de ceux » à qui, à droite, « on a tout donné », là où lui a dû « faire une à une toutes les étapes ». De son côté, l’ancien Premier ministre a joué l’apaisement.

« J’ai connu l’euphorie des victoires et la souffrance des défaites. J’ai moi cette chance d’avoir fait une à une toutes les étapes du parcours qui ont pu me mener à avoir cette chance immense d’animer notre parti », a déclaré mercredi soir Jean-François Copé lors d’un meeting de soutien, à Port-Leucate, à Michel Py, candidat UMP aux législatives dans la 2e circonscription de l’Aude, confronté à un combat difficile dans un département solidement ancré à gauche.

Rappelant qu’il a « démarré comme militant » puis « délégué de circonscription », le patron de l’UMP a souligné – en prenant soin de ne jamais citer François Fillon contre lequel il est promis à un duel fratricide pour le leadership de l’UMP à l’automne – qu’il avait « un parcours qui (lui) a permis de mesurer ce que c’est que de conquérir des terres détenues par la gauche depuis des années », une allusion à sa conquête de Meaux (Seine-et-Marne) en 1995.

Ce sont les défaites qui forment le caractère » Jean-François Copé

« La vérité, c’est que ce sont paradoxalement les défaites qui forment le caractère beaucoup plus que les victoires. D’ailleurs, il n’y a qu’à regarder les parcours de ceux qui ont des responsabilités dans notre famille politique. Il y en a qui, je ne sais pas comment ils se sont débrouillés… Formidable quoi… On leur a tout donné et ils ont fait un parcours de ceux à qui on a tout donné », a-t-il lâché, dans une critique implicite de l’ex-Premier ministre, souvent accusé par ses détracteurs d’avoir eu un parcours politique « d’héritier ».

« Et puis, il y en a d’autres à qui, spontanément, on n’a pas forcément donné les choses et qui sont allés les chercher, comme disait Jacques Chirac, avec les dents. Du coup, c’est pas la même histoire et c’est pas le même tempérament, forcément ! », a insisté le député de Seine-et-Marne.

2017 en horizon

Face à quelques centaines de personnes, il a évoqué la « dimension charnelle » de la relation qu’il a développée avec les militants UMP depuis qu’il a pris les rênes du parti à l’automne 2010. « Personne ne pourra nous l’enlever, même s’il y a des polémiques ». « Je n’ai jamais dissimulé la flamme qui m’anime pour notre pays », a encore souligné Jean-François Copé, qui a fait de la présidentielle de 2017 son horizon.

Fillon joue l’apaisement

Pour sa part, François Fillon a déclaré mercredi soir lors du journal télévisé de France 2 que le débat à propos de la ligne politique du parti aurait lieu après les législatives.

« Il y a eu des commentaires très excessifs sur tout cela », a affirmé l’ancien Premier-ministre à propos des remous suscités à l’UMP par l’interview la semaine dernière dans laquelle il déclarait qu‘il n’y avait « plus de leader naturel » à l’UMP « depuis le départ de Nicolas Sarkozy ». « Nicolas Sarkozy manque à la droite républicaine, c’était lui le patron de l’UMP, l’inspirateur de la droite depuis maintenant près de dix ans. Il laisse un vide que personne de peut prétendre combler », a-t-il expliqué.

Il a salué l’action de Jean-François Copé à la tête du parti. « Il y a un secrétaire général de l’UMP qui fait bien son travail », a-t-il dit en jouant ainsi l’apaisement vis-à-vis de son rival. « Il est entouré dans cette campagne législative par plusieurs responsables politiques dont Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin et moi-même. On essaye de conduire ensemble cette campagne législative », a-t-il ajouté avant de rappeler le cadre du débat.

« Tout le monde sait qu’après il y aura un débat pour choisir une ligne politique, des équipes. Ce débat est inscrit dans nos statuts et personne ne peut imaginer que moi-même et d’autres, comme Alain Juppé et d’autres responsables ne prendront pas leur part à ce débat mais, on en parlera après les élections législatives », a-t-il prévenu.

Copé et Fillon partagent la même ligne politique

Interrogé sur les déclarations d’Alain Juppé disant qu’il était disponible, François Fillon a ironisé : « quand c’est moi qui m’exprime, cela fait beaucoup de bruit. Je vois qu’Alain Juppé dit la même chose que ce que je disais la semaine dernière ».

L’ancien Premier ministre a affirmé qu’il n’y a pas de différence de ligne politique entre lui et Jean-François Copé pour les législatives.

« Il y aura un débat pour la suite, pour savoir comment, en fonction du résultat des législatives, suivant qu’on a la majorité, ce que j’espère, on peut mettre en œuvre une politique de réduction des déficits et de compétitivité pour l’économie française. Nous nous sommes également engagé à inscrire le débat sur la règle d’or, à maintenir la défiscalisation des heures supplémentaires à mettre en place un nouveau système de formation professionnel », a-t-il rappelé.

« Ce débat aura lieu j’en suis certain d’une façon très démocratique parce que la vie démocratique concerne les institutions mais aussi le fonctionnement des partis », a-t-il conclu.

2 commentaires sur UMP : Bayrou vote pour Fillon face à Copé

  1. dixhuitjuin // 1 juin 2012 à 15 h 02 min //

    Monsieur Copé ne fait que répéter ce que Sarkozy avait dit plutôt, et on sent bien que Copé est jaloux. Et, il y a victoire et victoire. Il y en a qui gagne mais aprés il faut prendre ses responsabilités et gouverner, et d’autre ne font que vider les caisses et s’en vont .

  2. La mondialisation est en train de saper le soubassement du jeu politique électoral français qui depuis la Révolution fonctionnait sur la mise à l’écart systématique de ses deux extrémités : c’est la fameuse formule radicale-socialiste de l’omelette coupée en trois avec une partie centrale plus importante que la somme des autres (« deux français sur trois » disait Giscard) et au centre une alternance droite-gauche, en fait centre-droit, centre-gauche où se succèdent des PDG (partis de gouvernement).
    Cette partie centrale a commencé d’imploser avec la défaite du candidat UMP ; si aucun frein n’est mis à la mondialisation, le flanc gauche de la partie centrale s’effondrera à son tour, laissant s’affronter deux visions antagonistes de la société, au risque d’une nouvelle guerre civile.Le rapprochement sous les auspices de Bayrou d’un PS hollandisé et d’une UMP fillonisée sera-t-il suffisant pour l’éviter?

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