Une campagne irréelle et déconnectée ?

954806-1128293Comment peut-on faire l’économie d’un vrai débat sur l’euro lorsque l’on sait que les banques et les grandes entreprises se préparent, plus ou moins secrètement, au retour des monnaies nationales? C’est l’une des incohérences de cette campagne que relève notre chroniqueur associé à Marianne2, Roland Hureaux. Selon lui, ce cru présidentiel est véritablement «irréel».

 

Jamais une campagne électorale n’aura été aussi irréelle que la campagne présidentielle qui se termine !

Est-il utile de s’appesantir sur l’absence de tout débat sur l’euro du côté des principaux candidats : Sarkozy, Hollande, Bayrou, bien sûr et même Mélenchon (1). Alors que sur la planète entière, les banques et directions financières des grandes entreprises se préparent au retour des monnaies nationales, que les agences de notation calculent les futures parités, que la très sérieuse Fondation Wolfson met au concours la meilleure manière de démonter l’euro, les candidats dits sérieux , se refusent à évoquer cet évènement pourtant imminent, et a fortiori à dire comment ils s’y préparent.

Pour donner à la monnaie unique, un dernier ballon d’oxygène, le nouveau gouverneur de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, issu de Goldman Sachs, accorde 1 000 milliards d’euros aux banques européennes à 1% avec la faculté de les reprêter aux gouvernements à des taux bien supérieurs. Même Mélenchon, pourtant critique de la BCE ne s’en indigne pas. Il faut que ce soit Sarkozy dans son dernier meeting qui pose le problème!

Le candidat a parlé mais qu’a dit la France ?

Pour en rester à l’international, rien sur les risques de guerre au Proche-Orient qui n’inquiètent apparemment que Cheminade.

Deuxième déni du réel : la question fiscale. Certes, une réforme fiscale destinée à mieux répartir la charge entre les différentes catégories de citoyens, de mettre fin aux exonérations et niches abusives est nécessaire, mais qui s’avise que la France est déjà, parmi les grands pays, le plus imposé du monde ? Prisonniers de la logique perverse des plans de rigueur européens, les candidats que l’on dit sérieux promettent tous une augmentation de la charge fiscale : le débat se résume à savoir si ce sera 60 % (Hollande), 50 % (Bayrou) ou 40 % (Sarkozy) (2). Cela dans le vain espoir de réduire un déficit largement creusé par les intérêts bancaires évoqués. Ce n’est pas être ultra-libéral que de dire que 45 % de prélèvements obligatoires, 55 % de dépenses publiques (3) c’est assez, et que la charge fiscale ne saurait plus être la variable d’ajustement d’une gestion publique de plus en plus calamiteuse. Ce serait seulement prendre en compte les sentiments réels des Français et l’urgence de relancer l’économie.

Troisième impasse, peut-être plus grave car moins perçue par l’opinion. Cette campagne n’a entrainé aucune remise en cause du processus réformateur, non seulement du président sortant, mais de tous les gouvernements qui se sont succédé depuis au moins vingt ans. Si l’on regarde les principaux sujets de mécontentement des Français, aujourd’hui, on trouve presque toujours, non pas une évolution endogène que personne n’aurait contrôlé, mais la conséquence des réformes effectuées au cours des dernières années, en principe pour que les choses aillent mieux et qui les ont en fait empirées.

Une réforme de l’administration locale qui complique au lieu de simplifier, une réforme de l’Etat qui alourdit les charges publiques au lieu de les alléger, une modernisation-libéralisation des services publics qui les désorganise, des réformes de l’éducation nationale qui toutes aggravent les difficultés de l’institution , l’alourdissement d’un système de solidarité mal contrôlé et générateur de frustrations etc.

« La société du spectacle dans sa phase avancée n’est plus pour l’essentiel réformable, mais ce changement est sa nature même pour transmuter les choses en pire ! » (Guy Debord).

Derrière ce processus réformateur vicié, les préjugés sommaires d’une caste qui prétend dicter sa politique aux différentes majorités, obtuse à tout retour d’expérience et souvent aveuglée par l’idéologie. Quand un Jacques Attali, principal auteur de la feuille de route de Nicolas Sarkozy propose ses services à François Hollande, qui rigole ? Qui surtout s’indigne? Le candidat socialiste a déclaré ne remettre en cause ni le RSA (pourtant critiqué par un homme de gauche tel Michel Godet), ni la réforme universitaire (dénoncée par un Marcel Gauchet pas spécialement réactionnaire), ni la réforme communale (et pour cause : la réforme Sarkozy n’était que la continuation de la réforme Joxe ! ). De celle-ci, le candidat socialiste remet en cause le volet région-département qui visait à démonter un certain nombre de féodalités locales, mais non le volet communal qui conduit au contraire à les renforcer.

Nicolas Sarkozy, lui-même, ne se serait pas mis à dos une grande partie de la fonction publique s’il n’avait appliqué aveuglément la loi du 1er août 2001, votée sous Jospin et qui notamment généralise le contrôle par le chiffre.

On a rêvé d’un candidat audacieux qui aurait eu le culot de promettre l’abrogation de (presque) toutes les réformes effectuées depuis vingt ans. Celui-là aurait sans doute pu faire une belle percée. Et il n’aurait, quoi qu’on pense, rien dit d’absurde! Dommage que François Bayrou qui aurait pu porter cette forme de radicalité ait préféré le ronron centriste: ni droite, ni gauche, du social mais de la bonne gestion, un zeste de proportionnelle etc.

Dommage, dommage.

Dommage que cette campagne n’ait mis au jour presque aucun des vrais problèmes de la France, sinon sur le mode outrancier et utopique d’un Jean-Luc Mélenchon ou d’une Marine Le Pen.

Dommage qu’obnubilés par le faux problème de la rigueur, les candidats dits sérieux n’aient annoncé aucune solution aux vrais problèmes qui suscitent tant la colère des électeurs. Ni même montré aucun commencement de prise de conscience de leur nature. Des électeurs qui ne s’abstiendront sans doute pas, quoi qu’on dise, mais qui n’espèrent rien.

(1) Le Pen et Dupont-Aignan ont répété qu’il fallait que la France sorte de l’euro, comme si la deuxième puissance économique de la zone pouvait faire bande à part, et surtout comme si c’était encore là le problème.
(2) Chiffres simplifiés déduits de déclarations, souvent contradictoires, des uns et des autres.
(3) La différence est composée des recettes propres de l’Etat (bénéfices d’EDF, de l’ONF etc.) et du déficit.

3 commentaires sur Une campagne irréelle et déconnectée ?

  1. sophieBesnaultRossigneux // 25 avril 2012 à 8 h 14 min //

    La « 2è puissance économique de l’Europe » devrait prendre l’initiative d’une sortie pour une nouvelle « diplomatie économique  » , pour re-fonder les relations européenne sur la base de la reprise en main du Politique sur l’Economie et de nations partenaires de très nombreuses coopérations

  2. dixhuitjuin // 22 avril 2012 à 12 h 03 min //

    Moi ce que je trouve abérrant que l’ont demande de l’égaliser ce qui est illégale,il y a une plainte qui a été déposée le 9/02/2012 contre N.S. et le conseil constitutionnel ,car la loi de la république dit et cela depuis 1793 que les candidats qui déposes des candidatures pour ce présentaient à des élections doivent le faire avec le nom qui figure sur l’état-civil de la Mairie du lieu de naissance.Et que voit-on en 2007 et rebelotte en 2012 Monsieur Nicolas Sarközy de Nagy-Bocsa de son vrai nom ,a déposé sa candidature au nom de Nicolas Sarkozy et ce nom n’est pas mentionner à l’état-civil de la Marie de son lieu de naiossance et pourtant le conseil constitutionnel à valider par deux fois ce nom.Alors si l’étât et ses institutions sont rongés par la gangrènne du non respect du sacré de la république ont peux s’attendrent que le vent de la révolte n’est pas loin,et qu’il va falloir passer rapidement à la 6ème république ou je ne sais quoi.Et à l’heure qu’il est plsieurs ont étaient déposés et une pétition pour pour les sans grades,les exclus,les méprisés qui n’ont pas les moyens,le ferons en signant cette pétition qui a été mis en place à leurs demande. Ce qui est au sein du TEMPLE est souiller et sa me fend le coeur d’une langueur monotone.

  3. G. Le Dorner 02100 // 18 avril 2012 à 22 h 07 min //

    Droite , Gauche ? Ni de Droite , ni de Gauche ou aussi indécis , écoeurés , du Coeur et non sans raison , de France sortez du silence , de la consternation , de l’expectative pour certains tacticienne , du jeu suicidaire des partis se disputant notre France telle Marianne ou Pénélope avant le triste jeu des alliances circonstancielles digne d’ une quatrième république en pire , de l’ ineptie de la gloriole de camp demain vaiqueur dans un Pays ingouvernable de ceux dont la seule distinction commune en Cinquième République est la forfaiture du traité de Lisbonne qui a trahi la confiance civique , brisé le socle politique et du Droit de la Nation , étouffé le débat et le choix ouverts lors du referendum du 29 Mai 2OO5 et falsifié depuis la Constitution le sens de l’indépendance et de la souveraineté dans une Nation affaiblie ou effacée pas à pas de Bruxelles en Euro en Otan ; sortez de l’ impasse , du doute ou du renoncement , comme de l’ abstention ou du vote blanc ! Redevenez la France ! Votez ! Soutenez Monsieur Dupont-Aignan DLR

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*