La contorsion sémantique de Nicolas Sarkozy

Ce n’est pas la prestation devant la presse étrangère le 28 février qui changera fondamentalement les orientations du candidat UMP. Nicolas Sarkozy n’a pas fait oublier ses interventions précédentes. S’il a décidé de ne plus renier la politique étrangère de Jacques Chirac, qualifiée  » d’exemplaire à bien des égards », notamment sur l’Irak, il ne peut effacer de la mémoire des français ses propos lors de sa visite à George W. Bush sur « l’arrogance » française, visant alors autant le Chef de l’Etat que Dominique de Villepin.

Soulignons plutôt que cette amabilité préméditée donnera à Jacques Chirac une liberté plus large pour annoncer son renoncement à un troisième mandat et un ralliement à Nicolas Sarkozy.

Quant à l’adhésion de la Turquie à l’Union européenne qui l’oppose à George W. Bush et qu’il prend bien soin à populariser, retenons quand-même que Nicolas Sarkozy est le vice-premier ministre du gouvernement qui aura favorisé et mis en œuvre, malgré une opposition majoritaire des Français, le processus d’adhésion de la Turquie

Ainsi, par des interventions souvent contradictoires et une communication particulièrement professionnelle, le Président-candidat de l’UMP aura éliminé les moins anti-gaullistes des « élites » au pouvoir : Michèle Alliot-Marie, Dominique de Villepin, et enfin Jacques Chirac. Louons la performance, fût-elle obtenue au prix d’une contorsion sémantique.

 

  • Silence pendant 5 ans

Pour ce qui concerne l’Europe, le choix est limpide. Le référendum du 29 mai 2005 restera, pour le candidat UMP, une tâche. En tant qu’outil au service de la démocratie, mais aussi par son résultat. Nicolas Sarkozy nous promet des lendemains sans référendum, l’élection du Président tous les cinq ans étant largement suffisante, avoue-t-il, pour assouvir la faim légitime de nos concitoyens de débattre de l’avenir de la France. Quant à la victoire du « non » remportée face à l’alliance UMP-PS, il propose de l’escamoter. Solution juridique inédite : non seulement le mandataire usurperait son mandat, mais il l’exécuterait contre la volonté du mandant ! Ainsi, le peuple, législateur direct, sera(it) prié de s’effacer derrière de pseudos « représentants » chargés de désavoué leurs électeurs. A dire les choses de façon plus policée, la méthode consisterait détourner le vote des Français par la voie parlementaire qu’il pourra, s’il parvient à la magistrature suprême, mieux maîtriser que ce « peuple qui s’est trompé ou a été trompé ».

Les deux autres candidats du « oui », pourtant bien étrangers au gaullisme authentique, Ségolène Royale et François Bayrou, n’ont pas osé aller aussi loin : pour eux, seul un référendum peut modifier le résultat précédent, ont-ils fait savoir.

 

  • Campagne « vérité » de gaullisme.fr

Il sera intéressant, lors des élections législatives qui suivront la présidentielle, de recueillir la position des candidats estampillés UMP sur ce point particulier.

Cette campagne a pour but de mettre les candidats UMP aux prochaines législatives face à leur responsabilité. Avec l’aide de tous les sites internet gaullistes et républicains qui voudront bien y participer, cette campagne aura un impact médiatique et permettra aux Français de voter « efficace »

 

Soyez nombreux à adresser la lettre suivante aux candidats UMP à l’élection législative.

« Madame, Monsieur,

Vous avez décidé d’être candidat(e) à l’élection législative dans votre circonscription. Vous avez reçu l’investiture UMP.

Vous n’ignorez pas que Nicolas Sarkozy, président de l’UMP et candidat à la présidence de la république, propose s’il parvient à la magistrature suprême :

– la rédaction d’un nouveau traité reprenant certains éléments du TCE (Traité constitutionnel européen) rejeté par une majorité des Français le 29 mai 2005 ;

– la ratification de ce nouveau traité par la seule voie parlementaire.

Afin de voter en toute connaissance de cause en juin 2007 pour les élections législatives, je souhaite connaître votre position sur ce point.

Si vous êtes élu(e), apporterez-vous votre soutien de parlementaire à cette démarche ?
… »

  • Poursuivre ensemble le combat

En effet, cette campagne ne peut être une fin en soi. Elle est le début d’un processus plus large et ambitieux.

Il faudra bien qu’un jour prochain les gaullistes et républicains sociaux, au-delà du clivage traditionnel gauche-droite incohérent qui structure notre vie politique, s’unissent pour donner aux Français un choix nouveau axé sur quelques orientations essentielles :

clip_image002 l’indépendance nationale,

clip_image002[1] une Europe des Nations et des projets librement partagés,

clip_image002[2] la sauvegarde de notre système social et des services publics,

clip_image002[3] l’implication d’un Etat fort pour la défense de l’intérêt général, y compris dans le domaine économique,

clip_image002[4] un nouveau pacte social mise en œuvre avec pour axe fondamental la « participation » des salariés à la vie et à la gestion de leurs entreprises…

 

Vaste programme !

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