Qui peut encore se réclamer du général de Gaulle ?

TRIBUNE du 21 juin 2024 (Le Figaro) – Si Emmanuel Macron multiplie les hommages au Général, et que l’ensemble du spectre politique formule des allusions à l’homme du 18 Juin, de Jean-Luc Mélenchon à Marine Le Pen, aucun n’est parvenu à faire valoir ses titres d’héritier, analyse la chroniqueuse d’origine belge*.
*Diplômée de l’Université libre de Bruxelles et de Kings College London, Catherine Van Offelen est spécialiste des questions de sécurité au Sahel et en Afrique de l’Ouest.
Avec la dissolution de l’Assemblée nationale, le président a-t-il voulu esquisser un « geste gaullien » ? Certains macronistes comparent la dissolution du 9 juin à celle de Mai 68 – qui, à l’époque, s’était soldée par une large victoire du parti gaulliste. Depuis son premier mandat, Emmanuel Macron n’a cessé de multiplier des hommages au Général, de revendiquer son héritage et de s’identifier à lui. Il n’est pas le seul : à chaque élection – nous venons d’en faire l’expérience – les candidats rivalisent de références zélées au grand homme. « Qui est le plus gaulliste ? » pourrait être une enquête sur la course à la légitimité des partis. La carte du Général est le joker de tout homme politique.
Parmi les blasons de l’héraldique française, il y a le vin de Bordeaux, la collection de la « Pléiade », les congés payés, la tour Eiffel… et il y a de Gaulle. Totem de l’imaginaire français, le général hante la mémoire collective. Rien que son nom est déjà une confirmation de sa vocation à incarner la nation. Le premier résistant du 18 juin 1940, l’homme providentiel, le stratège militaire, le libérateur, le père fondateur de la Ve République, le grand écrivain, le décolonisateur, l’orateur inégalé, le prophète, le sage, et même l’incarnation des vertus publiques et privées : il collectionne les titres de gloire.
Il a marié la plume et l’épée, la pensée et l’action, et sut exprimer le courage dans le champ physique autant que moral. Personnage préféré des Français dans les sondages depuis les années 1980, on ne compte plus les articles, ouvrages, musées et commémorations qui lui sont consacrés. Un mémorial pharaonique lui est dédié à Colombey-les-Deux-Églises, sa statue trône aux Champs-Élysées, une commune sur dix en France possède sa rue, son avenue, sa place Charles-de-Gaulle, sans compter les places ou avenues du 18-Juin.
De plus en plus, Macron donne l’impression d’un général acculé qui s’engouffre dans une brèche. Son interprétation du « moi ou le chaos » devient un « moi donc le chaos »
Nommez de Gaulle et voici que tout le monde applaudit. Le talisman fonctionne toujours, objet de tous les commerces politiques, de toutes les récupérations. Depuis Mélenchon qui fait de De Gaulle un Insoumis, à l’eurodéputé écologiste Yannick Jadot faisant le lien entre l’héritage du Général et la question écologique, et jusqu’à Marine Le Pen qui prétend désormais être « sa véritable héritière », tous s’en revendiquent. Le Général superstar l’avait bien prédit : « Tout le monde a été, est ou sera gaulliste. »
En Belgique, nous n’avons pas de semblable idole. Le héros national est une fiction qui ne risque pas de verser dans la grandiloquence. Sans origine clairement identifiable, sans âge et presque sans sexe, sans épaisseur, sans gros mots à la bouche, sans tabac ni alcool, vêtu de son éternel pantalon de golf et flanqué d’un fox-terrier, Tintin est parfaitement anodin. Il est certes pétri de talent, ingénieux et raisonneur, courageux et honnête. Mais il ne viendrait pas à l’esprit du reporter à la houppe de sauver le monde comme les super-héros américains, et encore moins de proclamer qu’il y a un pacte vingt fois séculaire entre la liberté du monde et la grandeur de son pays. À chaque album, il se contente de livrer une poignée de malfaiteurs à la police. Une modestie bien belge !
Depuis cinquante ans, la France a mythifié, embaumé, encensé la mémoire de De Gaulle. Comme de la mort du père, la France ne s’est pas remise de celle du général. Celui qui avait tant divisé les Français dans le feu de la guerre d’Algérie, puis en mai 1968, rassemble aujourd’hui la nation sous son ombre géante. La parution des Mémoires de guerre (1954) fixe sa consécration liturgique de la même manière que l’avait fait Le Mémorial de Sainte-Hélène pour Napoléon dans les années 1820. Il est devenu ce que Roland Barthes appelle une « mythologie » : une parole choisie par l’histoire, devenue nourriture psychique pour tous.
L’héroïsme du général symbolise à la fois la grandeur retrouvée de la France et les valeurs de la République. Dans une société travaillée par la désunion, qui ne croit plus au socialisme, ni au libéralisme, ni au christianisme, le gaullisme est le dernier ciment de l’unité et du rassemblement
L’élection d’Emmanuel Macron en 2017 avait fait illusion. La France avait cru au retour de l’homme providentiel. Aucun n’a plus ostensiblement cherché l’inspiration dans la figure du grand homme que lui, que ce soit avec les Mémoires mis en évidence sur sa photo officielle, la croix de Lorraine intégrée au logo de l’Élysée, ou la mise en scène, le 6 juin dernier, de la commémoration des 80 ans du Débarquement. Le président sait que la nation a besoin de héros pour se réarmer moralement. L’héroïsme du général symbolise à la fois la grandeur retrouvée de la France et les valeurs de la République. Dans une société travaillée par la désunion, qui ne croit plus au socialisme, ni au libéralisme, ni au christianisme, le gaullisme est le dernier ciment de l’unité et du rassemblement.
Mais, de plus en plus, Macron donne l’impression d’un général acculé qui s’engouffre dans une brèche. Son interprétation du « moi ou le chaos » devient un « moi donc le chaos ». Celui que l’on croyait phénix, ayant fait rêver la France de son bel envol le temps d’une flamboyante mais courte aurore, aura-t-il provoqué d’un battement d’aile furieux, un tourbillon de cendres, consumant les derniers espoirs d’une renaissance ? N’est pas roi philosophe qui veut. Au-dessus de l’histoire en marche, si l’astre qui éclaira jadis le destin d’une nation brille toujours, intact, c’est bien qu’aucun de ses successeurs n’est parvenu à faire valoir ses titres d’héritier.
Finalement, il manque au paysage politique français un homme (ou une femme) politique qui fasse preuve d’un dévouement éclairé et d’une volonté puissante dans l’intérêt général de la République. Quelqu’un comme Charles de Gaulle, en somme.
Petits êtres ? Les enfants de Gaza comme d’en Palestine sont lieux-saints aussi , comme lieux saints vivants et plus que de pierres et de vérité de nos actes aussi , et de l’ Enfance aussi , en Terre Sainte aussi / « aussi »
Il y a des récupérations tellement ridicules sinon scandaleuses qu’il faudrait pouvoir, sinon décider, de les contester officiellement. L’auteur de ce papier ne sait pas que les racines chrétiennes malgré les apparences sont bien « enracinées » et que au-delà du Gaullisme galvaudé il y a celui des ferveurs populaires profondes prêtes à faire surface. Le pataquès géopolitique actuel peut finir par nous aider et les coups de gueule Trumpiste et autres réveiller le loup qui sommeillait.
Qui peut encore se taire ? et pourquoi ? : par adhésion , par intention , par omission . par indifférence . par calculs , par lâchetés , par bloc ou alliances . par solidarité de camp ou clan arguant de civilisation . par habitudes , par intérêts , par lasse philosophie de la vie ou cynisme ouvertement déclaré ou petites phrases en sentence faussement désabusée mais maniant le bas argument d’ aléas ? Il y a des limites et elles sont nommées barbaries et terrorismes inacceptables . Mais il y a aussi des limites en réponse et de réponse arguant de légitimité d’ agressés jusqu’ en loi sans honneur du talion négligeant les civils et prompte à saisir tout fait pour reprendre le cours du conflit ou d’ une ligne inexorable idéologique depuis Oslo et un processus gelé . « Balance » en pertes d’ enfants , parmi les civils , peut-il y avoir balance en termes d’ enfants et poids et nombre ? Equité ? quel extrémiste a assassiné M. Yitzhak Rabin jusqu’ au gel d’ un processus ? La paix par la force et le dégagisme comme aux amérindiens ? Il y a des limites à l’ iniquité et l’ iniquité même en réponse d’ agressés salit , nourrit en générations les essaimages hostiles possiblement ubiquitaires , et endeuille l’ idée de l’avenir
« Dans une société travaillée par la désunion, qui ne croit plus au socialisme, ni au libéralisme, ni au christianisme, » le p’tit chef, parvenu, prétentieux , profite de la République comme beaucoup de politiciens formatés comme ci-avant justement rappelé par les commentateurs Belges. La cause est entendue depuis 2017 et pour le peuple de France toute tentative de comparaison de ces ‘bons à rien » au Gl De Gaulle procéde d’un manque de respect vis à vis du grand homme que fût le « grand Charles » !
Une fois encore on confond causes et conséquences, buts et moyens.Etudier comment trouver « la perle rare » est certainement d’un autre niveau de complexité. Ceci explique peut -etre cela .
Tout l’échiquier politique s’en réclame, malheureusement personne n’en est digne….
Par rapport à tous les autres actuels, Philippot est le plus proche de l’héroïque patriotisme gaullien.
D’ailleurs, en août ou septembre 1945, après l’obtention de notre zone d’occupation en Allemagne et de notre siège de membre permanent du conseil de Sécurité de l’ONU, de Gaulle aurait dû oser à propos de l’assassinat de Darlan, de l’exécution de Pucheu et de son rapprochement indispensable avec les communistes un moment reaganien comme Reagan à propos des ventes d’armes à l’Iran.
Il aurait ainsi pu lancer le RPF dès septembre 1945, donc sans doute d’obtenir la majorité absolue à lui tout seul à l’Assemblée constituante élue en octobre 1945, ce qui nous aurait fait faire l’économie d’une République ainsi probablement que des désastres indochinois et surtout algérien dont nous payons encore chèrement le prix hélas.
Se prévaloir d’être gaulliste désigne selon moi une orientation idéologique amplement dévoyée. Très peu nombreux sont les politiques se réclamant d’être Gaullien. Effectivement être Gaullien témoigne une manière de pensée, un style de vie, que fort peu sont capables de relever !
Ainsi si l’on veut que le gaullisme soit le dernier ciment de l’unité et du rassemblement en France ; il faut que les apprentis maçons revoient leur manière de pensée de fond en comble, et adoptent un style de vie vertueux où prévale à nouveau le fait d’être au service de ceux qu’ils représentent !