Julien Aubert : « Il faudra incarner une alternative radicale en 2022 »

« Un candidat doit susciter l’enthousiasme », explique Julien Aubert. ERIC GARAULT/Le Figaro Magazine

Pour le député du Vaucluse, membre des Républicains, le candidat de la droite doit susciter l’enthousiasme
Par Emmanuel Galiero (Le Figaro)

LE FIGARO. – Vous avez écouté cinq candidats à la présidentielle, à Nîmes. Quel sera votre choix ?

Julien AUBERT. – Je n’ai pas fait mon choix, mais j’en suis sorti rassuré sur la qualité globale de nos candidats. Sur le fond, une seule question m’importe : qui est prêt à renverser la table pour redonner à ce pays son indépendance, sa liberté d’agir et protéger les Français ? Qui est prêt à incarner une alternative radicale et à remettre la nation au cœur du projet politique ?

Samedi, à Lourmarin[*], vous recevrez Valérie Pécresse, Michel Barnier, Éric Ciotti et Philippe Juvin. Qu’en attendez-vous ?

Nous les invitons à réagir sur quinze idées phares d’Oser la France. Xavier Bertrand m’a dit qu’il ne souhaitait pas venir. Mon seul objectif est de préparer une alternance victorieuse, mais qui ne soit pas vide de sens. Le voile, la réindustrialisation, le protectionnisme d’équilibre ou encore la maîtrise de la langue française sont des sujets dont il faut absolument débattre en redonnant au peuple français son pouvoir souverain.

Tous promettent l’unité et un seul candidat final. Les croyez-vous ?

Oui, j’ai confiance. Néanmoins, en tant que parti, nous devons raisonner différemment. Un parti politique n’est pas obligé d’avoir « son » candidat. La seule question est : quel candidat voulez-vous soutenir ? Posons-la simplement aux adhérents. L’unité naît d’un leadership en résonance avec les attentes d’un pays. Aujourd’hui, chacun fait des essais de voix pour essayer de trouver la bonne note. Une primaire peut révéler un candidat – on se souvient de Fillon – mais la base de tout, c’est la rencontre d’une personnalité avec un peuple. Un candidat doit susciter l’enthousiasme.

Un candidat doit susciter l’enthousiasmeJulien Aubert

Les adhérents auront le choix entre une primaire semi-ouverte ou un vote limité aux encartés LR. Que préférez-vous ?

Si les adhérents doivent attendre décembre et arbitrer dans l’urgence, j’ai peur que nous ayons un problème. Il vaut mieux un système ouvert aux sympathisants, à condition que ces derniers s’acquittent d’un frais d’entrée largement supérieur à 2 euros (plutôt 10 ou 15) et qu’ils restent dans nos fichiers. J’ai lancé une consultation et recueilli près de 9000 réponses sur le profil des candidats et le mode de départage. Les premières tendances recoupent ce que je viens d’énoncer.

Comment appréhendez-vous l’éventuelle candidature d’Éric Zemmour ?

Éric Zemmour a du talent. Sur ses propositions et son projet, je suis plus circonspect. L’islam n’est pas mon adversaire, c’est l’islamisme. Sur le reste, si la droite incarne la souveraineté et défend l’identité, elle n’a pas de souci à se faire. J’espère, en revanche, que la campagne ne se fera pas sur le thème de la diabolisation des uns et des autres…

Pourriez-vous encore être candidat à la primaire ?

Je réfléchis, mais ma priorité est de contribuer à gagner la bataille pour la souveraineté, capitale face au macronisme. Si personne ne le comprend dans ma famille politique – et voilà pourquoi Lourmarin est important -, nous verrons bien.

Les Républicains ont présenté un projet socle. La question des idées est-elle tranchée ?

Le parti offre un point de gravité mais vous n’élisez jamais un parti à la présidence de la République. Vous choisissez un homme ou une femme avec ses propres choix. Souvenons-nous qu’en 2016 les programmes de nos candidats étaient assez différents. Pour 2022, le projet de la droite devra être créatif, original et courageux. Le cœur de la campagne portera sur les questions de souveraineté, de sécurité et de relance économique. Ces thèmes correspondent aux attentes d’un électorat conservateur qui se trouve un peu orphelin après les retraits de Laurent Wauquiez et de Bruno Retailleau. Je note que des signaux forts sont envoyés par Michel Barnier, Valérie Pécresse, Xavier Bertrand… Si nous proposions un projet trop édulcoré, sans faire l’inventaire des erreurs macronistes, nous n’existerions pas sur l’échiquier.

Quelles sont les trois qualités essentielles d’un présidentiable ?

Le courage pour réformer, le respect dû aux Français et la dignité liée à la fonction, et une colonne vertébrale.

La campagne à droite d’Emmanuel Macron est-elle dangereuse ?

Tout dépend de quelle droite nous parlons… Il est désormais concurrencé par Édouard Philippe dans le cœur de la droite orléaniste, libérale et urbaine. Mais la droite, ce sont aussi des classes populaires et des ruraux qui sont méprisés depuis cinq ans par le pouvoir actuel. Nous devrons tout faire pour éviter deux récifs : une fuite en avant terrible qui fracturerait encore davantage la classe moyenne et un arrêt brutal des aides. L’Europe et la France sont en train de décliner. L’atterrissage risque d’être très douloureux.


[*] Le mouvement créé par le député Julien Aubert organise, le 18 septembre, ses 3emes Universités d'été.

 

« Oser la France » :  Quinze idées pour la présidentielle

Julien Aubert propose 15 idées à la droite pour 2022 : décréter le français grande cause nationale, organiser un référendum sur l’immigration, rappeler la supériorité de la constitution en matière de souveraineté, interdire le voile dans les services publics, restaurer l’universalité des allocations familiales, rétablir la Ve République, définir un capitalisme humain, revaloriser le nucléaire, défendre le droit à la propriété, adopter un plan d’aménagement du territoire 2027, adopter un protectionnisme d’équilibre pour l’industrie, en finir avec la logique comptable sur la santé, sanctuariser les capacités opérationnelles de la défense, rendre le travail plus attractif et permettre la souveraineté numérique.

7 commentaires sur Julien Aubert : « Il faudra incarner une alternative radicale en 2022 »

  1. Monde d’aujourd’hui, déjà monde de demain, royaume de l’éphémère, notre société, en ce début de troisième millénaire,en France comme ailleurs, entre dans une ère de changements profonds et tente vaille que vaille de survivre dans l’œil d’un cyclone géo-socio-économique, qui n’a pas encore délivré ses modèles comportementaux. Alors que l’on assiste à une accélération sans précédent de tous les processus, y compris politiques et socio-économiques, face à ces transformations profondes d’une société et de ses valeurs, les individus, comme les états et les gouvernements qui les représentent, éprouvent de réelles difficultés à s’adapter et, certains, sous le choc, finissent « par perdre les pédales » et ne peuvent éviter la catastrophe.
    Alors, dans l’urgence de décisions prises, toutes affaires cessantes sur le mou des pratiques politiciennes dictées par le seul souci de faire quelque chose pour apparaître comme le sauveur du monde, on fait monter en puissance le sentiment que certains seraient favorisés, que d’autres ne le seraient pas et que ceux qui se plaignent feraient bien d’aller voir ailleurs où, paraît-il, c’est pire.

    A confondre conséquences et causes, une fois encore, la prévention des crises apparaît totalement inexistante et l’univers de la lutte contre de nouvelles catastrophes une utopie inaccessible pour toutes celles et tous ceux qui pestent contre le sort défavorable obtenu à la grande loterie du bien-être universel.
    Qui donc peut aujourd’hui penser que les perspectives de vie dans un pays soumis à la violence ethnique, soit à la corruption généralisée, soit aux dictatures en tous genres, soit à des pressions fiscales extravagantes, sont suffisamment bonnes pour ne plus donner envie aux populations concernées d’aller chercher ailleurs le bonheur auquel tout citoyen du monde est en droit d’accéder ?

  2. Joseph Boulier // 22 septembre 2021 à 18 h 39 min //

    La France n’a pas besoin d’être « réformée », elle a besoin d’être libérée puis restaurée, l’héritage gaullien ayant été quasi entièrement anéanti, entre autres mais notablement, par les responsables politiques se réclamant du gaullisme. Parmi ceux-là, Julien Aubert fait partie des plus inconsistants, preuve en est qu’il est encore une fois capable de revendiquer d’un côté l’indépendance et la souveraineté de la France comme priorité de cette élection, mais que de l’autre ça ne le défrise toujours pas d’imaginer une Pécresse, un Barnier, un Ciotti ou un Juvin, européistes militants pour les uns, européistes de Panurge pour les autres, comme porte-drapeaux de principes politiques patriotiques à l’antipode exact de ceux pour lesquels dans les faits ces gens ont toujours oeuvré. La triste et factuelle réalité, c’est que sur les cendres de l’appel de Cochin, les partis successifs se réclamant de l’héritage du gaullisme, ne sont devenus plus que les faux drapeaux du gaullisme, pour mieux le démanteler.

  3. il me parait difficile, pour un parti, de choisir un candidat qui en a démissionné en claquant la porte. C’est le cas de V Pecresse et de X Bertrand.J’ai le sentiment qu’E Ciotti et P Juvin ont plus le profil de ministre que de Président . Reste Barnier qui semble, oh surprise!, vouloir etre plus nation qu’Europe, qui aurait le soutien de L Wauquiez et qui ne ferait qu’un quinquennat. Aprés le retrait de Retailleau et de Wauquiez seul J Aubert est sur une ligne gaulliste et souverainiste, la logique voudrait qu’il se présente.

  4. A Bernadet Didier… Confusion entre causes et conséquences hélas entretenue. Avant d’élaborer des programmes encore faudrait-il hiérarchiser les problèmes prioritairement et majoritairement soulevés par les citoyens. A imaginer des programmés sans au préalable établir à partir des requêtes des français les problèmes à résoudre conduit inexorablement, quelque soit la couleur politique de l’élu ,à fabriquer de la désillusion, du désenchantement, de la frustration et in fine du dégout pour tous tous les politicards. Quant au bla,bla,bla show qui ne débouche que sur du vide (ou un bide) les électeurs ne sont pas prêts à y mettre un terme car apparemment de manière schizophrénique ils aiment ça !!!!!

  5. Bernadet Didier // 14 septembre 2021 à 18 h 14 min //

    L’ennui majeur est qu’il est, en fait, assez facile, sinon simple, d’établir un programme, même « souverainiste » sachant que de toute façon, les programmes ne sont jamais respectés et ne servent que d’annonce électoraliste (cf Barnier et ses déclarations…et les nombreux précédents ). La question n’est pas quid, mais qui? Il faudrait créer une commission spécialisée, indépendante, avec de pleins pouvoirs, chargée d’enregistrer officiellement les programmes des candidats, programmes paraphés et signés par eux, pour lesquels ils s’engageraient formellement sachant que des poursuites seraient engagées (intuitu personae) s’ils ne les respectaient pas. Les hurluberlus qui se croient présidentiables seraient moins nombreux…

  6. « Je réfléchis, mais ma priorité est de contribuer à gagner la bataille pour la souveraineté » ,halte au tir. les balles sont creuses et les soldats sont pour la plupart manchots ,aveugles et sourds !!!!

  7. MALAKHIA CHARLES // 14 septembre 2021 à 13 h 59 min //

    j’ai bien noté les points retenu par le mouvement oser la france ::: il me semble qu’il est important d’integrer 2 points incontournables dans les debats
    de la presidentielle . 1° LA DEMOCRATIE active , positive et indispensable pour retablir le dialogue national et la participation de tous à tous les niveau de vie de nos concitoyens !!! 2)_ la sauvegarde de la planete et l’avenir meilleur de l’humanité !!! je sais me dira t-on on ne pas tout faire !!! mais un president qui decide de rompre avec l’ideologie ultra liberale , se doit de prendre en charge la resurection de la democratie dans notre societe post moderne ( idee qui tenait à coeur , oh combien , du general de gaulle avant tout le monde !!! ) DEPLUS la sauvegarde intelligente et non demagogique de la planete doit retenir toute notre attention nous français qui sont tant attaches à notre douce FRANCE !!!

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