11 mars 1963 : après la tentative d’assassinat contre de Gaulle, la France organise sa dernière exécution politique

Impacts sur la DS présidentielle

Lorsque Jean Bastien-Thiry, un ingénieur militaire, est exécuté, on lui reproche d’avoir organisé l’assassinat du général de Gaulle. Après l’indépendance de l’Algérie, un commando proche de l’OAS (‘Organisation de l’armée secrète) organise un guet-apens contre le chef d’État et son épouse Yvonne, le 22 août 1962. Le couple présidentiel s’en sort miraculeusement. Mais de Gaulle refuse de pardonner à Jean Bastien-Thiry, qui a osé s’en prendre à sa femme…
Par N.S Le Dauphiné Libéré

Un an plus tôt, le 18 mars 1962, le chef d’État vient de signer les Accords d’Évian. 
Un cessez-le-feu est alors décrété en pleine guerre d’Algérie. Puis, le 5 juillet 1962, de Gaulle reconnait l’indépendance de l’ancien département français[1]
Mais pour les membres de l’OAS (l’Organisation de l’armée secrète), cette décision ne passe pas. Ils considèrent le général comme un cryptocommuniste et décident de l’éliminer.

L’attentat contre le général de Gaulle

Le 22 août 1962, après une réunion avec ses ministres, le président de la République quitte l’Élysée dans sa DS noire avec sa femme Yvonne.
Dans la voiture, à côté du chauffeur et gendarme Francis Marroux, on retrouve le colonel Alain de Boissieu, gendre et aide de camp du président.
Un autre véhicule escorte la voiture présidentielle, direction la base aérienne de Villacoublay, où le général compte prendre un avion à destination de sa résidence de Colombey-les-Deux-Églises.
À 20h20, dans la ville de Clamart, douze hommes, situés de part et d’autre de la route, tirent sur le cortège.
Ils visent principalement les pneus pour obliger la voiture à s’arrêter. Mais ces derniers tiennent bon. Le chauffeur Francis Marroux réussit à maintenir le cap et évacue le couple présidentiel.
Plus de 150 balles ont été tirées. Certaines ont frôlé la tête d’Yvonne de Gaulle. Par miracle, on ne dénombre aucune victime.
Seul un badaud, passant par là en voiture, est légèrement blessé au doigt.

Jean Bastien-Thiry, le dernier exécuté politique de France

Les forces de l’ordre se mettent rapidement à la recherche du commando. En quinze jours, ils réunissent plusieurs coupables ainsi que leur chef : Jean Bastien-Thiry, qui n’a pas participé à l’opération.
C’est un ingénieur militaire qui possède le rang de lieutenant-colonel.
Le procès débute le 28 janvier 1963. Les accusés sont jugés par la Cour militaire de justice.
Les membres du commando sont condamnés à différentes peines de réclusion mais bénéficient en 1968 de la grâce présidentielle.
Seul Jean Bastien-Thiry, condamné à mort, n’est pas épargné par de Gaulle, non seulement car il avait mis en danger une femme, Yvonne, mais aussi car il n’avait pas eu le courage de participer à l’attentat.
Il est exécuté par un peloton militaire, au fort d’Ivry, le 11 mars 1963, à l’âge de 35 ans. Il est le dernier condamné à mort fusillé en France. C’est aussi la dernière exécution politique. (Lire ci-après l’article de Gaullisme.fr)


[1] Précisons de Gaullisme.fr
Après les accords d’Évian du 18 mars 1962 (Cessez-le-feu), le Général propose de valider cet accord (« Déclaration gouvernementale ») par référendum. Le 8 avril 1962, 90,81% des électeurs (hormis ceux du département algérien) votent « oui ». Les algériens, quant à eux, voteront l’Indépendance le 1er juillet 1962.

 

Extrait du livre « Découvrir, comprendre De Gaulle » ICI

L’attentat du Petit-Clamart

Il est désigné par ses auteurs sous le nom d’opération Charlotte Corday (par référence au personnage historique qui assassina Jean-Paul Marat en 1793). Le nom de l’opération désigne un assassinat politique. Il s’agit d’un groupe (OAS Métropole/OAS CNR) dirigé par le lieutenant-colonel Bastien-Thiry, lieutenant-colonel de l’armée de l’air, ingénieur en chef de l’armement, polytechnicien.

Font également partie de ce groupe :

Alain de La Tocnaye (36 ans), alias « Max », lieutenant d’artillerie, déserteur; 
Jacques Prevost (32 ans), ancien sergent parachutiste à Dien Bien Phu ;
Georges Wattin (29 ans), natif d’Algérie, alias « la boiteuse, recherche par la police ; 
Pierre Magade (22 ans), déserteur de l’armée de l’air ;
Louis Honorat de Conde (24 ans), sous-lieutenant de réserve ;
Pascal Bertin (20 ans), étudiant ;
Lazlo Varga (20 ans), ex-insurge anticommuniste de l’insurrection de Budapest, refugie politique hongrois en 1956 ;
Lajos Marton (31 ans), ex-élève pilote de l’aviation magyare, ex-insurge anticommuniste de l’insurrection de Budapest, refugie politique hongrois en 1956 ;
Serge Bernier (29 ans), ancien sous-officier du Bataillon de Corée ;
Sari (31 ans), ex-sergent 2e REI de la Légion Étrangère, blessé à Dien Bien Phu, ex-insurge anticommuniste de l’insurrection de Budapest, refugie politique hongrois en 1956 ;
Gerard Buisines (36 ans), ancien légionnaire ;
Alphonse Constentin (34 ans), ancien légionnaire, déserteur à la veille de l’attentat ;
Armand Belvisi (37 ans), arrêté en juin 1962 ;
Jean-Pierre Naudin (20 ans), étudiant classe préparatoire à Saint-Cyr.
Deux semaines plus tard, une quinzaine de personnes est arrêtée. Un certain nombre d’entre-elles étaient déjà occupées à préparer un nouvel attentat, à la roquette cette fois-ci.

Le lieutenant-colonel Bastien-Thiry, responsable du complot et l’un des plus acharnés à supprimer le général de Gaulle, est arrêté le 17 septembre. Il est juge et condamne à mort par la Haute Cour, refusant qu’on lui accorde des circonstances atténuantes. Il est fusillé le 11 mars 1963.

2 commentaires sur 11 mars 1963 : après la tentative d’assassinat contre de Gaulle, la France organise sa dernière exécution politique

  1. Il a été reproché au Général de ne pas l’avoir gracié. Deux choses : Si le Général avait été seul dans la voiture, il l’aurait fait, mais son épouse était présente et ces gens le savaient ! autre chose, il a considéré que l’OAS avait « besoin » d’un martyr (ce que personnellement je comprends moins… donc condamnation et exécution du chef du complot. Aujourd’hui seuls une poignée de nostalgiques de l’Algérie française, des pieds noirs proches du FN, pleurent cet énergumène. Pas moi !

  2. « Refuser les circonstances atténuantes » ……qui parmi nos politicards de tout bord actuellement hors d’efficience à produire aux Français les fruits de progrès social et économique qu’ils attendent ferait pareil aveu, à commencer par le chérubin du Palais obsédé par son nombril ?

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