Yuriy et notre jeunesse

Le Figaro

Par Vincent Trémolet de Villers. Le Figaro

Un détail dans l’effroyable vidéo du lynchage de Yuriy dit toute l’horreur de cet instant. Le gamin laissé pour mort vient de recevoir des coups de pied dans les jambes, le ventre, le visage. La meute s’enfuit. L’un des agresseurs, pourtant, revient pour donner encore un coup de marteau sur la tête du jeune garçon inanimé. Lâcheté hideuse, cruauté bestiale, le bourreau se déshumanise à chaque coup porté sur la victime. Ce n’est pas un fait divers, ni la preuve, comme on a pu l’entendre, que le confinement de la jeunesse augmente sa violence, ni un remake de West Side Story sur la dalle de Beaugrenelle. Non, c’est un déchaînement barbare, la revanche de l’archaïsme sur la civilisation. L’enquête dira les causes profondes et immédiates – agression gratuite ou règlement de comptes entre bandes -, la psychiatrie, la part de la pulsion et de l’acte prémédité, mais on connaît le terreau : l’effondrement de l’école, la déliquescence de l’autorité, les attachements rompus, l’abandon aux mirages numériques, aux facilités victimaires…

Désassimilation massive sur fond de multiculturalisme débridé. Comment en serait-il autrement ? L’éducation voudrait se faire sans sanction, la discipline sans effort, l’instruction sans culture, le civisme sans autre principe qu’une moraline où le «vivre ensemble» se mêle aux exigences «inclusives» et «équitables» dans une surréalité gnangnan. Certains privilégiés profitent encore des stratégies d’évitement, des zones de refuge (de plus en plus rares) épargnées par cette décivilisation. Les autres grandissent dans ce climat de guerre de tous contre tous.

Pendant que les ligues de vertu surveillent les « micro-agressions » dans Babar ou Les Aristochats, qu’on glose, la main sur le cœur, sur la pertinence du mot « ensauvagement », des adolescents, à peine sortis de l’enfance, frappent à mort en plein Paris. Nous l’avons su parce qu’une vidéo diffusée sur Twitter (de l’utilité parfois des réseaux sociaux) a dévoilé cette réalité tragique. Elle est malheureusement courante. Hier, c’était derrière les tours des cités lointaines, aujourd’hui dans le familial 15e arrondissement de la capitale. Demain ?

2 commentaires sur Yuriy et notre jeunesse

  1. Dêva koumarane // 29 janvier 2021 à 12 h 34 min //

    Bonjour,
    Toutes les violences, qu’elles soient de l’intérieur ou de l’extérieur, doivent être combattues. La vie est un combat. Il faudrait également enseigner la non-violence dans les écoles, collèges, lycées et universités. La Figure du Mahatma Gandhi est absente dans les médias en France. Il fut un ami de la France. Il y a , 90 ans, il se trouva à Paris. Sa conférence-débat fut très appréciée par le public amical de Paris. Espérons que la France s’investira plus profondément dans la Philosophie de l’Asie et surtout de l’Inde et de l-Indo-Pacifique. Le Général espérait la France pouvoir jouer un rôle par le biais des cinq anciens Comptoirs Français en Inde: Pondichéry, Chandernagor, Karikal, Mahé et Yanaon.D.K.

  2. Excellent texte. CQFD !

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