Il y a 80 ans, Félix Eboué annonçait le ralliement du Tchad à la France libre

Felix Eboué et le général De Gaulle en 1940 • ©Library of Congress Prints and Photographs Division Washington

Le 26 août 1940, le Guyanais Felix Eboué, gouverneur du Tchad, annonçait son ralliement à la France libre, du général de Gaulle. Mort en 1944, il est entré au Panthéon en 1949.

C’était il y a tout juste 80 ans. Le 26 août 1944, le Guyanais Felix Eboué, gouverneur du Tchad, prenait le parti de la France libre contre le régime de Vichy. Il est le seul haut fonctionnaire à s’être immédiatement rallié à de Gaulle, quelques semaines après l’appel du 18 juin lancé depuis Londres.
Le général de Gaulle le nomme, le 12 novembre 1940, gouverneur général de l’Afrique Équatoriale française (AEF). Le 29 janvier 1941, il figure parmi les cinq premières personnes à recevoir la croix de l’ordre de la Libération. Début 1944, à la Conférence de Brazzaville, un des actes fondateurs de la décolonisation, Félix Eboué défendra sa vision d’une « nouvelle politique indigène« .


Au Panthéon de la République
Félix Eboué meurt le 17 mai 1944 lors d’un séjour au Caire. Cinq années plus tard, en 1949, il entre au Panthéon en même temps que Victor Schoelcher. Regardez ce reportage d’époque :

Qui était Félix Eboué ?
Félix Éboué fut le premier gouverneur noir, le premier résistant de la France d’Outre-mer, le premier homme noir à reposer au Panthéon.
Félix Eboué est né le 26 décembre 1884 à Cayenne. Son père est orpailleur, sa mère tient une épicerie. Élève brillant, il obtient une bourse pour poursuivre ses études à Bordeaux, au Lycée Montaigne. Bac en poche, il s’installe à Paris. Admis à l’Ecole coloniale, il suit en parallèle des études de droit. En 1908, licencié en droit, il commence une carrière d’administrateur des colonies.


Premier gouverneur noir
Il débute sa carrière, à sa demande, en Afrique. Pendant 20 ans, il s’emploie à développer les infrastructures et l’économie des territoires qu’il administre tout en s’imprégnant de la culture et des traditions locales. Il publie plusieurs ouvrages sur les langages et les peuples de l’Oubangui-Chari (aujourd’hui la République Centrafricaine).

Félix Eboué est un humaniste. Il est socialiste, il admire Jaurès. En 1928, il adhère à la Ligue des Droits de l’Homme. De 1932 à 1934, il est nommé secrétaire général en Martinique, où il remplace le gouverneur lors des absences de celui-ci. Il est élevé au rang de gouverneur en 1936, chargé de mettre en oeuvre les réformes du Front Populaire en Guadeloupe. Il est le premier homme noir à accéder à cette fonction. Il prononce, ce qui restera comme son plus célèbre discours « Jouer le jeu », lors d’une remise de prix au Lycée Carnot à Pointe-à-Pitre en juillet 1937. En 1938, suite à un changement de gouvernement, il est rappelé à Paris. Une foule de Guadeloupéens l’accompagne lors de son départ en scandant « Papa Eboué, Papa Eboué ».
 

Premier résistant de la France d’Outre-mer
Félix Eboué est nommé gouverneur au Tchad, début janvier 1939. Le 26 août 1940, il entre définitivement dans l’Histoire en rejoignant la France libre. 

1 commentaire sur Il y a 80 ans, Félix Eboué annonçait le ralliement du Tchad à la France libre

  1. Jacques Payen // 27 août 2020 à 16 h 46 min //

    Léopold Sédar Senghor. Extrait du poème  »Au gouverneur Éboué » (Hosties noires)

     »L’Aigle blanc a glapi sur la mer, sur les Isles, comme le cri blanc du soleil avant midi.
    Le Lion a répondu, le prince de la brousse qui soulève la torpeur lâche de midi.
    Ébou-é ! Et tu es la pierre sur quoi se bâtit le temple et l’espoir
    Et ton nom signifie « la pierre » et tu n’es plus Félix ; je dis Pierre Éboué.

    Les jeunes dieux de proie se sont dressés, ils lancent leurs yeux sillonnés d’éclairs
    Ils ont lancé devant eux l’ouragan et les faucons planant sur les hordes de fer
    Et toute la terre trembla au loin sous la charge massive de l’orgueil.
    Ébou-é ! tu es le Lion au cri bref, le Lion qui est debout et qui dit non !
    Le Lion noir aux yeux de voyance, le Lion noir à la crinière d’honneur (…) »

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