Hommage à Hubert Germain, compagnon de la Libération …

L’un des quatre derniers compagnons de la Libération encore en vie, Hubert Germain, s’est entretenu avec Emmanuel Macron à l’occasion du 80e anniversaire de l’Appel du 18 juin, ce jeudi. À bientôt 100 ans, Hubert Germain était dès juin 1940 parmi les premiers engagés au sein des Forces françaises libres (FFL).

À la mi-juin 1940, Hubert Germain s’apprête à passer le concours d’entrée à l’École navale à Bordeaux. Dans la salle d’examen, il a l’esprit ailleurs. « Paris venait de tomber, la France se noyait. “Alors, Hubert, que vas-tu faire ? se demandait le jeune homme. Tu vas passer un examen et tu vas peut-être être reçu. Et après ? Tu vas devenir officier de la marine ou de l’armée de l’air d’un État qui sera aux ordres de l’Allemagne nazie ?” Impensable. Il se leva donc, rendit une copie blanche au surveillant et sortit », relate l’ouvrage Nous n’étions pas des héros de Benoît Hopquin (Calmann-Lévy).

Compagnons de la Libération, la valeur de l’exemple

« Je pars faire la guerre », lance en partant Hubert Germain, comme il s’amusait à le raconter en 2018. Quelques jours après, le général de Gaulle lance un appel sur les ondes de la BBC à Londres. Quatre-vingts ans plus tard, pour commémorer le célèbre discours appelant à poursuivre le combat, Hubert Germain va s’entretenir avec Emmanuel Macron, jeudi 18 juin, à l’Ordre de la Libération à Paris. À presque cent ans, il a également pris part, mercredi, aux Invalides, à une cérémonie de remise de la fourragère de l’Ordre de la Libération aux élèves officiers du 2e bataillon de l’école spéciale militaire de Saint-Cyr.

Résistant de la première heure, Hubert Germain est l’un des quatre derniers compagnons de la Libération encore en vie avec Daniel Cordier, secrétaire de Jean Moulin, Edgard Tupët-Thomet, l’un des quatre premiers engagés militaires secrets des FFL en France, et Pierre Simonet, benjamin des compagnons de la Libération. Un titre décerné à 1 038 personnes, cinq communes françaises et dix-huit unités combattantes depuis novembre 1940.

La bataille de Bir Hakeim et le débarquement de Provence

Né le 6 août 1920 dans les beaux de quartiers de Paris, fils d’un général des troupes coloniales, Hubert Germain embarque pour l’Angleterre, le 24 juin 1940, à Saint-Jean-de-Luz. Avec trois camarades, il se joint à des troupes polonaises à bord de l’Arandora-Star. Engagé aux FFL, il est affecté sur le cuirassé Courbet, où il suit les cours d’élève officier de marine. Le jour, entre les alertes, il étudie. La nuit, il participe à la défense antiaérienne contre les raids allemands.

Hubert Germain intègre ensuite la Légion étrangère. Il combat en Syrie, Libye, Égypte, Tunisie et Italie. Lors de la campagne de Libye en particulier, il se distingue comme chef de section antichar dans les combats de Bir-Hakeim, du 27 mai au 11 juin 1942. En Italie, le 24 mai 1944, il est « blessé en dirigeant le tir des mitrailleuses lourdes de sa section pour continuer à appuyer le bataillon qui attaque le long du Liri », raconte l’Ordre de la Libération. Évacué sur Naples, il est décoré par le général de Gaulle en Italie, fin 1944.

Entre-temps, en août 1944, Hubert Germain participe au débarquement de Provence et à la libération de Toulon, de la vallée du Rhône et de Lyon. Son parcours ne s’arrête pas là : il prend part aux campagnes des Vosges, d’Alsace et termine la guerre au massif de l’Authion. Appelé comme aide de camp auprès du général Pierre Kœnig, commandant les forces françaises d’occupation en Allemagne, il est démobilisé en 1946.

Engagement politique

Après les combats, Hubert Germain s’engage autrement, dans la politique : maire de Saint-Chéron (Essonne), député de Paris, puis ministre des PTT et des relations avec le Parlement.

Le 17 mars, au début du confinement pour lutter contre le coronavirus, Hubert Germain lançait, avec Daniel Cordier et Pierre Simonet, un appel particulier. « Nous avons combattu cinq longues années pour que la France sorte victorieuse de cette terrible Deuxième Guerre mondiale. Aujourd’hui, nous sommes tous confrontés à une autre menace, à une guerre d’un autre genre », écrivaient les trois résistants, appelant les Français à faire « preuve de raison, de solidarité, de cohésion nationale et de responsabilité individuelle ».

Corinne Laurent, la-croix.com

  • Voir la biographie d’Hubert Germain (ICI)

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