Michel Anfrol : un ami sincère nous a quittés.

Il y a quelque quelques semaines j’ai eu l’ultime occasion d’échanger avec lui. Le propos portait sur l’exposition consacrée à la vie de Charles de Gaulle que j’ai décidé de reporter à 2020 sur Quimperlé, ville où je suis Conseiller municipal.
Nous étions convenus du principe de sa visite à Quimperlé pour parrainer cette exposition.

Michel Anfrol, au fil de nos rencontres, est devenu un ami. Lors de la deuxième édition de mon livre « Une révolution en héritage » consacré à la politique sociales de Charles de Gaulle, il en a rédigé la préface, texte toujours aussi moderne : « Très jeune, Charles de Gaulle avait déjà des idées et des projets non-conformistes qui aujourd’hui, à l’épreuve du temps, peuvent être appelés révolutionnaires. L’héritage qu’i nous laisse en quittant l’Élysée en 1969 n’a pas fini de susciter, selon les individus, débat, controverses ou engagements passionnés » écrivait-il dans ce texte. Et de préciser : « Dans le domaine social, nombre de ses idées n’ont pu être menées à bien en raison de l’opposition de plusieurs syndicats[1], des réticences du patronat et du manque d’empressement de nombreux politiciens qui se déclaraient pourtant gaullistes« [2]

Michel Anfrol est resté avant tout un militant gaulliste actif. Peut-être est-ce cette commune passion qui nous portait lors de nos discussions.

Comme le souligne Jacques Godfrain, « Président d’honneur de la Fondation Charles de Gaulle, « Michel Anfrol est resté jusqu’au bout fidèle à ses convictions, à son attachement aux valeurs du gaullisme qu’il savait expliquer avec brio et, souvent, faire partager par des auditoires de jeunes lycéens comme par des seniors lors de ses conférences en province.« 

Depuis longtemps, Michel s’est engagé auprès du Général dès 1950 en adhérent au RPF. Dernier secrétaire général (en 1954-1955) des étudiants du Rassemblement du Peuple Français fondé par le général de Gaulle, il est resté jusqu’à son dernier soupir, président des « Amis de la Fondation Charles de Gaulle » dont je suis membre.

Michel Anfrol a été aussi un excellent journaliste de 1957 à 2000.

En 1962, il officie à la Radiodiffusion télévision française (RTF), essentiellement à Paris Inter à la radio (qui est devenue France Inter), et sur l’unique chaîne de télévision de l’époque (la Une, devenue ensuite TF1). Il est notamment correspondant de l’ORTF à Washington de 1963 à 1968. Dans la nuit du 20 au 21 juillet 1969, il présente avec Jean-Pierre Chapel en direct à la télévision, les images du premier pas de l’homme sur la lune (Mission Apollo 11). Pour fêter l’évènement, il s’autorise en direct à déguster un cigare ; aujourd’hui c’eut été impossible.

Photo publiée, avec son autorisation, dans la préface de mon livre « une révolution en héritage »


Michel Anfrol faisait partie de cette grande famille de journalistes qui, après la guerre et sous la Ve République, se sont référés aux valeurs du gaullisme[3].

Alain Kerhervé


[1] Les plus « marxiste »

[2] Étrange similitude avec ce qui se passe en France lors de chaque scrutin : les candidats, quelque soit leur sensibilité, se découvrent, le temps éphémère de la campagne, de sensibilité gaulliste ou gaullienne.

[3] Liste non-exhaustive : Michel Anfrol, Jacques Alexandre, Jacqueline Baudrier, Louise de Béa, Jean Bénedetti, Georges Broussine, Pierre Charpy, Jacques Dauer, Michel Droit, Jean Dutourd, Jean Farran, Jean Ferniot, Maurice Ferro, André Frossard, François Gerbaud, Jean-Louis Guillaud, Lucienne Hubert-Rodier, Paul-Marie de La Gorce, Rose de Laval, Pierre Lazareff, Bernard Lefort, Jean-José Marchand, Raymond Marcillac, Xavier Machetti, Jean Marin, Alain Marleix, Henri Marque, Jacques de Montalais, Yves Michelet, Michel Péricard, Max Petit, Louis-Gabriel Robinet, Jean-Michel Royer, Edouard Sablier, Pierre Sandhal, Roger Stéphane, Bernard Volker…

4 commentaires sur Michel Anfrol : un ami sincère nous a quittés.

  1. olivier manoury // 24 février 2021 à 20 h 01 min //

    Michel était mélomane et spécialiste du Tango. Il a animé une émission régulière de tango sur Radio Latina dans les années 80-90.
    Il avait pris goût au gango étant envoyé spécial de lORTF a Buenos Aires pendant la dictature militaire (75-81)
    OliviervManoury musicien et ami de michel.

  2. prillieux // 25 mai 2019 à 17 h 19 min //

    Son physique et sa voix caractéristique resteront dans toutes les mémoires. Sa stature m’avait impressionné à la télévision dès la fin des années 60 alors que j’étais un tout jeune adolescent.

  3. Il est bon de rappeler l’intégrité, l’honnêteté intellectuelle de Michel Anfrol qui a connu le harcèlement, les pressions dans les années 70/80 à la télévision. Il dérangeait. Il n’a jamais cherché à monnayer quoique ce soit. C’est donc 69 années au service d’un idéal. Beaucoup par le monde sont en deuil, Michel Anfrol était bien connu par le monde notamment, en Russie, au Québec, en Amérique centrale et du sud.
    Merci Michel pour ton exemple… le combat continue pour une certaine idée de la France, dont tu étais l’Ambassadeur.

    Ami, si tu tombes un ami sort de l’ombre à ta place.

  4. Jacques Payen // 21 mai 2019 à 17 h 56 min //

    Merci M. Kerhervé, pour nous permettre de nous remémorer les noms et les personnalités de ces très grands professionnels : Alexandre, Baudrier, de Béa, Dauer, Dutourd, Ferro, Frossard, de la Gorce, Marque, de Montalais, Péricard, Sablier, Stéphane, Volker et tous les autres.
    Talents. Fortes convictions. Mais toujours avec scrupules et respect du lecteur et de l’auditeur, et par dessus tout respect du service public. Michel Anfrol est un des derniers à partir. Il savait transmettre ses enthousiasmes, ses admirations, ses connaissances approfondies. Un authentique médiateur !

    Que penseraient ils, ces grands noms de la profession, de l’état actuel de la presse, des médias écrits et audiovisuels ? Je préfère ne pas y songer.
    Encore merci pour ce juste hommage.

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