Les syndicats attirent de moins en moins de salariés…

par OLIVIER SANCERRE

Les syndicats n’attirent plus les salariés. Le ministère du Travail a livré son rapport sur le sujet, et les résultats ne sont pas fameux pour les organisations syndicales.

Avec 11% des salariés français qui adhéraient à un syndicat en 2016, on constate une baisse par rapport à 2013, date du dernier rapport sur le sujet : à l’époque, le taux de syndicalisation s’établissait à 11,3%. Même si le chiffre n’est pas encourageant, la syndicalisation en France a déjà été plus faible : elle s’établissait en effet à 9,4% seulement en 1993… Rien à voir avec l’après-guerre (30,1%) ou après les événements de 1968 (20%). Les syndicats manquent-ils d’attrait auprès des salariés ?

Précarité de l’emploi

Le ministère du Travail pointe une raison à cette désaffection croissante des Français envers les organisations syndicales : la syndicalisation est liée à la stabilité de l’emploi. Un travail précaire n’incite pas le salarié à prendre sa carte. 1% des intérimaires font partie d’un syndicat, 2% pour les titulaires d’un contrat à durée déterminée. Il y a aussi en jeu les particularités de certains secteurs d’activité : on est plus syndiqués dans les transports (18%) que dans l’hôtellerie-restauration (4,1%). Une différence existe également selon que l’on travaille dans le privé (8,4%, -0,3 point par rapport à 2013) ou dans le public (19,1%, -0,7 point).

Moins de syndicalisés chez les plus jeunes

Le rapport relève aussi que l’on se syndicalise un peu plus chez les hommes (12%) que chez les femmes (10%), et plus volontiers chez les 50 ans et plus (14,9%) que chez les moins de 30 ans (3,7%). La différence se lit dans les catégories socio-professionnelles : les ouvriers sont syndiqués à 9,7%, moins que la moyenne nationale, contre 12,3% pour les professions intermédiaires.


L’argument premier avancé aujourd’hui par les uns ou les autres à propos de la « politisation des organisations syndicales » n’est pas crédible.

En effet, pour avoir vécu la période des années 70 à 90, les syndicats majoritaires (CGT, FO, CFDT) étaient très attachés aux partis dits de « gauche« . Il y avait alors des forces politiques reconnues, aujourd’hui, copieusement rejetées, et ces syndicats n’hésitaient pas à les suppléer dans le monde du travail.

Les syndicats exclusivement professionnels étaient, regrettons-le, minoritaires. Les grèves nationales largement « portées » par des mots d’ordre généraux étaient très suivies (je n’évoque pas ici les mouvements comme mai 68).

Aujourd’hui, les syndicats ne servent à rien, et c’est dommageable pour l’amélioration de la condition ouvrière et salariale, thème indissociable du gaullisme de conviction .

Alain Kerhervé


 

2 commentaires sur Les syndicats attirent de moins en moins de salariés…

  1. Jacques Payen // 11 octobre 2018 à 15 h 25 min //

    Un éclairage.
    Les principaux syndicats français sont affiliés à la CES, Confédération Européenne des Syndicats. A ce titre ils perçoivent des subventions européennes non négligeables .

    Il s’agit de : CFTC, CFDT, CGT (hé oui !), CGT-FO et UNSA. Les principaux, donc.

    1/ Pourquoi voudriez-vous que ces syndicats soient particulièrement offensifs à l’égard de la main qui les nourrit ? Si bien qu’ils continuent à nous chanter encore, sans complexe, l’éternelle rengaine, franchement usée, de « l’Europe sociale »… toujours possible, toujours à l’ordre du jour, mais pour après, après, après demain.

    2/ Beaucoup de salariés connaissent cette… dépendance un peu embêtante. Et en ont tiré les conséquences.

    Sur le fond, les syndicats se vident, les partis politiques sont vides, ou presque, les nefs d’églises sont vides, ou presque, etc, etc.
    L’intérêt pour le collectif s’est affaissé , dans tous les domaines et dans toutes les obédiences.

    Cela s’appelle l’individualisme de masse, enfant naturel du consumérisme.

    Et ce n’est pas avec la prochaine disparation de notre génération que la tendance va s’inverser.

  2. Avec la fermeture des grands sites industriels, la fragmentation du tissu de l’entreprise privée, le recours aux intermittents et autres emplois précaires CDD dans la fonction publique ,la montée en puissance des auto entrepreneurs, et la sinistralité intellectuelle de la plupart des dirigeants syndicaux le syndicalisme n’ a plus beaucoup de chance de faire recette en dehors de la fonction publique qui retardera cette déconfiture sociale dans le monde du travail.

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