L’armée française : questions impertinentes d’été

Disponibilité des principaux matériels militaires : triste bilan

La réponse de la ministre des Armées datée du 3 juillet à la question posée par le député François Cornut-Gentille le 13 février sur la disponibilité des principaux matériels de l’armée française en 2017 n’est pas, hélas, une fausse nouvelle (fake news), même si elle est sidérante. Pour donner un exemple, le taux moyen de disponibilité opérationnelle des aéronefs (avions et hélicoptères, tous types confondus) oscille entre 20 et 50%. Ce n’est naturellement pas le fait du gouvernement actuel, mais c’est bien la conséquence directe d’une diminution régulière depuis 30 ans de l’effort de Défense conjugué à un suremploi de nos forces.

On mesure aujourd’hui le résultat très concret des pseudo « dividendes de la paix ». La paupérisation des armées est telle qu’elle n’est plus tenable. Un vigoureux effort financier est annoncé ; s’il est confirmé, on pourra en mesurer les premiers effets à la fin de l’année.

Mais avec une économie atone, une dette de 2 200 mds €, qui nous déleste de 45 mds d’intérêts versés à fonds perdu tous les ans (soit une fois et demi le budget de la Défense), et  la modernisation jugée indispensable de la force de dissuasion dans les années à venir, pourrons-nous tenir les objectifs de la loi de programmation militaire votée peu avant les vacances et remonter à un taux de disponibilité des matériels qui ne devrait jamais descendre en dessous de 80% ?

La sécurité du chef des Armées : refuser toute forme de vulnérabilité

L’affaire Benalla ne serait effectivement  « qu’une tempête dans un verre d’eau » si elle ne révélait une situation surprenante et une fragilité à peine croyable concernant l’entourage immédiat du président de la République, chef des Armées.

Car enfin, comment croire qu’un jeune homme de 26 ans se soit vu confier la sécurité du président de la République au point d’être omniprésent lors de ses déplacements et toujours au plus près du couple présidentiel ?

Par ailleurs, les faveurs dont il a bénéficié n’incitent-elles pas à s’interroger à propos des capacités d’influence sur le chef des Armées que cet homme aurait pu avoir éventuellement dans des domaines encore plus sensibles ?

En effet, on ne peut ignorer que tout chef d’État est la cible prioritaire des services étrangers et que placer dans leur entourage immédiat une personne « de toute confiance » est un objectif qu’ils visent…

Autonomie stratégique : ces alliés qui nous imposent leur loi

La loi ITAR (International Traffic in Arms Regulations) permet aux États-Unis d’interdire l’exportation de matériels militaires par un pays étranger si ces matériels comprennent des composants fabriqués par l’industrie américaine. Ainsi nous avons vu en février que l’exportation de Rafale à l’Égypte avait été retardée car les missiles français Scalp comprenaient quelques « puces  américaines ». Demain peut-être, la France ne pourra plus exporter ses Rafale aux EAU d’autant que ceux-ci entrent en concurrence avec les F35 américains…

Mais qu’en sera-t-il pour la construction de nos prochains sous-marins à propulsion nucléaire dont les turbines sont sous pavillon américain puisque fabriquées au Creusot par Thermodyn, filiale de General Electric depuis 2 000 ?

Qu’en serait-il après-demain de la catapulte destinée à équiper l’éventuel successeur du porte-avions Charles de Gaulle, puisque ce système complexe, indispensable au lancement des avions, n’est fabriqué que par les États-Unis ?

L’Europe de la Défense doit chercher en priorité à renforcer l’autonomie stratégique des pays européens. Mais hélas, il semble que nombre de nations européennes ont déjà « sous-traité », au moins partiellement,  leur défense aux États-Unis en achetant leur matériel militaire plutôt que celui fabriqué en Europe ?

La rédaction de l’ASAF

‘Osez la France’ pour une défense nationale

 

5 commentaires sur L’armée française : questions impertinentes d’été

  1. A René Floureux… »A questions impertinentes réponses pertinentes ?

    En matière de défense et de sécurité, comme dans bien d’autres domaines, il faut avoir les moyens de sa politique. Parmi les moyens incontournables, il y a l’argent. »
    Et que faites-vous de la volonté politique ?
    Bref ,l’argent ne fait pas seul le bonheur du soldat avec des anti militaristes rouge vert rose aux manettes du pouvoir !!!!!!

  2. A questions impertinentes réponses pertinentes ?

    En matière de défense et de sécurité, comme dans bien d’autres domaines, il faut avoir les moyens de sa politique. Parmi les moyens incontournables, il y a l’argent.

    L’argent est le nerf des affaires et de la guerre. C’est un détour bien agaçant dans la résolution de nombreuses problématiques à travers tous les âges.

    Quand on voit à quel point notre pays est dépendant de ses créanciers et des seuls intérêts faramineux de la dette, on réalise l’importance que revêt le mot indépendance.

    Sans indépendance il est illusoire d’échafauder des stragégies qui porteraient une empreinte purement nationale selon nos propres intérêts. Le pays est tributaire de tout et de tout le monde. Il n’est pas souverain.

    Il est faible et donc vulnérable. L’union fait la force pense-t-on pour gommer ses faiblesses. C’est s’enfermer alors dans un carcan de règles qui impliquent des conséquences au nom de la solidarité sans pouvoir ensuite sans soustraire aisément. Le pays ne peut pas se réfugier derrière une quelconque indépendance de circonstance.

    On s’imagine avoir des alliés. Mais les alliés pensent d’abord à leurs propres intérêts nationaux. La confiance est constamment remise en cause par la trahison. Il n’y a rien de plus aléatoire que la confiance.

    Si par ailleurs le pays est pieds et poings liés par quelques traités inéquitables qui lui collent à la patte comme celle d’une mouche emprisonnée dans une toile, il a tout le mal du monde à s’en défaire au risque de voir son nouvel ennemi prêt à lancer des représailles. La diplomatie montre ses limites.

    Et si par malheur des centres névralgiques du pouvoir sont noyautés par des petits copains qui pactisent avec l’ennemi, vous espérez pour le moins que les clés de la valise nucléaire restent bien entre les mains de personnages dignes de confiance.

    RF 21.8.2018

  3. Il suffit de voir le futur des Barroso, schroder etc

  4. Quand on pense à tous ces gouvernements qui depuis des descénies font preuve de haute trahison envers la France
    Je suis dépité!

  5. Paul Agratey // 20 août 2018 à 18 h 21 min //

    Voilà très bien résumé les aberrations de notre politique de défense, de notre dépendance et des comportements anti-Européens de nos partenaires et alliés en matière de défense et d’indépendance. L’Allemagne aurait pourtant tout intérêt à nous acheter des Rafales au lieu des F35 monoréacteurs extrèmement coûteux, à la polyvalence et la fiabilité particulièrement discutables. L’exemple ubuesque de la grèce qui s’est surarmée pendant des décennies en avions de combat F16 et nombreux autres matériels de fabrication US avec les aides de l’UE contre un « ennemi » la Turquie également membre de l’Otan nous démontrent l’absurdité de la politique Européenne et de ses membres de l’Otan qui est définie et imposée par nos vendus de Bruxelles dont on ignore pas qu’ils sont particulièrement proches des lobbies US. La France a un rôle important à jouer pour mettre enfin devant leurs responsabilités nos partenaires Européens sinon pourquoi rester dans cette Otan qui ne sert que les intérêts politiques, financiers et industriels de nos faux amis Américains va-t’en-guerre pour le plus grand profit de leur industrie d’armement.

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