Comptes de Macron : le média bashing et… les erreurs de LREM

Photo entête : Christophe Castaner, secrétaire d’Etat chargé des Relations avec le Parlement et délégué général de LREM. (Alain JOCARD / AFP)

La République en marche a tenté de répondre à l’enquête de Radio France sur les comptes de campagne d’Emmanuel Macron. Raté.

Humilité et précision. Ou pas. La République en Marche a tenté de répondre à l’enquête de Radio France sur les comptes de campagne d’Emmanuel Macron. Dans un communiqué publié dimanche 10 juin, le parti présidentiel tente d’expliquer certaines « ristournes » qui ont été accordées au candidat à la présidentielle Emmanuel Macron, mais se prend les pieds dans le tapis.

Cela aurait pu s’arrêter là. Mais non ! LREM en a profité pour s’en prendre aux journalistes de la cellule investigation de Radio France, qualifiant leur travail d’investigation de « pas sérieux ».

« Monter en épingle des pseudo-révélations »

Dans ce communiqué acide, LREM attaque fort :

« Sans doute n’est-ce pas la faute des autres journalistes si le travail de ‘l’investigation’ n’était pas sérieux. Mais nous sommes malgré tout en droit d’espérer que les journalistes, quel que soit le média pour lequel ils travaillent, rappellent que l’ensemble des ‘ristournes’ mises en cause par Radio France représente exactement 0,56% de nos dépenses de campagne (93.261 euros sur 16.578.781 euros de dépenses validées par la Commission nationale des comptes de campagne, CNCCFP). »

Et le parti d’ironiser :

« Autrement dit, après un an d’enquête, […] les ‘limiers’ de Radio France considèrent implicitement que 99,44% de nos dépenses sont légales. »

Le média bashing continue :

« Journalistes, que vous considériez que c’est votre travail de consacrer vos ressources et votre temps à enquêter sur des procédures qui sont closes et qui ont été légalement validées de manière indépendante, c’est votre droit le plus strict. Il vous appartient. Que vous considériez que c’est votre travail de monter en épingle des pseudo-révélations pour jeter le doute sur l’ensemble d’une campagne, c’est votre droit le plus strict, là encore. »

Et de terminer avec cette étrange phrase :

« Mais dans ce cas, faites le travail jusqu’au bout. Car votre crédibilité s’effondre en même temps que vos accusations. Or notre démocratie a besoin de vous. »

Les trois ristournes qui posent problèmes

LREM revient ensuite sur « les trois montants les plus élevés » évoqués par France-Info :

  • D’abord, les 22.000 dollars de remise effectuée par Nation Builder : la société l’a consentie, selon LREM, car le parti a « pris le risque de tester », « pour la première fois en France », une solution, « la plus chère de leurs services », qui permet de « décentraliser les bases de données afin d’augmenter le pouvoir de(s) comités locaux ». « La comparaison avec les autres campagnes n’est donc pas pertinente ».
  • À propos des 10.000 euros de remise sur une location du théâtre Bobino, LREM souligne que celui-ci, « pour des associations à but non lucratif – ce qu’est la campagne d’Emmanuel Macron – avait déjà pratiqué des prix similaires à ceux dont nous avons bénéficié, et même été mis à disposition gratuitement ».
  • Quant à la facture de 1.200 euros pour la location de La Bellevilloise, la comparaison avec la facture de 4.838,40 euros de Benoît Hamon ne tient pas selon LREM, car Benoît Hamon l’a, selon le parti, loué plus longtemps, pour plus de personnes, et avec la présence du candidat. « C’est donc une troisième accusation qui s’effondre », selon LREM.

Mais dans ce communiqué à charge contre les journalistes de la cellule investigation de Radio France, LREM se prend au passage les pieds dans le tapis. En évoquant les 10.000 euros de remise sur la location du théâtre Bobino, LREM souligne que le théâtre « avait déjà pratiqué des prix similaires à ceux dont nous avons bénéficié », « pour des associations à but non lucratif – ce qu’est la campagne d’Emmanuel Macron ». « Et même été mis à disposition gratuitement. »

Or, En Marche ! était… un parti politique. Et les règles sont claires : ce genre de tarif avantageux est illicite pour un parti politique ou un candidat, comme le rappelle sur Twitter, Sylvain Tronchet, journaliste membre de la cellule investigation de Radio France.

Après l’enquête de France-Info, qui faisait elle-même suite à des révélations de Mediapart, de « l’Obs » et du « Monde » en mai, le président de la République a souligné jeudi qu' »il y a en France des commissions compétentes et un juge qui ont déjà jugé les comptes de campagne« .

Dans un communiqué publié dimanche, l’association Anticor est en outre revenue sur l’augmentation de la rémunération du président de la Commission des comptes de campagne, François Logerot, annoncée par décret le 30 mai 2018. Anticor l’évalue à 53%. « Il n’est pas sain qu’un président d’une autorité administrative censée être indépendante puisse être augmenté, pendant son mandat, par l’exécutif », critique l’association.

(Avec AFP)

 

3 commentaires sur Comptes de Macron : le média bashing et… les erreurs de LREM

  1. A Cording…vous êtes dur avec « le chérubin du palais » alors que LREM proclame haut et fort que dans le Macron tout est bon comme au bon vieux temps où les amateurs parisiens de bonne chère se ruaient en masse en scandant  » pleure pas grosse bête, tu vas chez Noblet (Carrefour d’Alésia) !!!!!

  2. Sur un air de castagne…renversant, non ?

  3. Il n’y a rien de bon à attendre de Macron et les serviteurs du capitalisme financier mobile soucieux d’adapter le France à l’UE et à la mondialisation néolibérales à contretemps alors que celles-ci sont en crise pare que rejetées par les peuples que ce soit aux US avec Donald Trump, en Europe avec le Brexit et l’arrivée au pouvoir dans de nombreux pays européens de formations populistes.

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