« On nous casse les oreilles avec l’islam de France et on fait venir des imams d’Algérie ! »
Jeannette Bougrab, née le 26 août 1973 à Châteauroux (Indre), est une juriste, essayiste et femme politique française. Présidente de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (HALDE) du 16 avril au 14 novembre 2010, elle est nommée par la suite au secrétariat d’État à la Jeunesse et à la Vie associative dans le troisième gouvernement Fillon. En 2013, elle est brièvement chroniqueuse dans le Grand Journal de Canal+. Elle est ensuite réintégrée au Conseil d’État. Elle est actuellement chef du service d’action culturelle à l’ambassade de France en Finlande. Depuis 2015, elle est chroniqueuse pour le magazine Valeurs Actuelles.
L’essayiste dénonce la venue de cent imams algériens en France pour le ramadan.
L’auteur de Lettre d’exil. La barbarie et nous (Éditions du Cerf, 2017) voit dans la décision de Gérard Collomb de faire venir cent imams d’Algérie pour diriger les prières du ramadan une trahison de la laïcité. L’ancienne secrétaire d’État chargée de la Jeunesse, de 2010 à 2012, est membre du Conseil d’État.
LE FIGARO. – Lors d’une rencontre avec son homologue Gérard Collomb, le ministre des Cultes algérien, Mohamed Aïssa, a annoncé l’envoi de cent imams algériens en France pour participer au ramadan. Quelle est votre réaction ?
Jeanette BOUGRAB. – Les bras m’en sont tombés. Comment, dans un État laïque, le ministre de l’Intérieur, certes ministre des Cultes, se préoccupe de faire venir des imams d’Algérie pour le ramadan ? On nous casse les oreilles avec la création d’un islam de France, et on fait venir des imams d’Algérie ! L’Algérie n’était pas islamiste. La radicalisation est venue par des prédicateurs du Moyen-Orient, issus pour la plupart des Frères musulmans, mouvement fondé par le grand-père de Tariq Ramadan. Sans que les Algériens s’en rendent vraiment compte, cet islamisme s’est répandu. Organiser la venue d’imams étrangers en France est une hérésie.
Une telle initiative n’est-elle pas encadrée ? Les imams ne sont-ils pas choisis ?
C’est une plaisanterie pas drôle quand vous savez qu’en Algérie, notamment en Kabylie, des militants laïques se battent chaque année pour ne pas avoir à subir la loi des intégristes leur imposant le jeûne. Ils risquent la prison pour cela. Certains sont jugés et emprisonnés. L’apostasie est interdite. On doit avoir le choix de pratiquer ou non une religion. De Tizi-Ouzou à Tunis, ils sont de plus en plus nombreux à se battre pour la séparation du spirituel et du temporel, à vouloir notre chère laïcité. Nous, on fait venir des imams ! Le monde ne tourne décidément pas rond.
« Imaginez un seul instant la réaction des médias si le ministre de l’Intérieur s’occupait de recruter des curés dans les campagnes où les offices ne peuvent plus être célébrés. »
Dans ces quartiers en France gangrenés par l’échec scolaire, le chômage, la délinquance, la République française n’a rien de mieux à proposer à une jeunesse désabusée et désorientée que des imams. Où sont ces fameux hussards noirs de la IIIe République ? 150.000 décrocheurs chaque année sortent de l’école sans aucun diplôme. Pensez-vous vraiment que l’imam va les ramener dans le droit chemin ? Imaginez un seul instant la réaction des médias si le ministre de l’Intérieur s’occupait de recruter des curés dans les campagnes où les offices ne peuvent plus être célébrés.
N’y a-t-il pas une « expertise algérienne » qui pourrait nous aider dans la lutte contre l’islamisme radical, comme le soutient le ministre de l’Intérieur ?
L’idéalisation de l’Algérie doit s’arrêter car si la guerre civile est finie, la paix n’est pourtant pas revenue. Comme le rappelle Boualem Sansal, « l’islamisme radical est toujours là, enraciné dans la population, ancré dans les institutions, se renouvelant constamment, s’adaptant aux conditions récentes, se répandant de nouveau et tissant des liens profitables avec l’internationale islamiste ». La vie des Algériens est très dure. Beaucoup fuient leur pays.
La réconciliation nationale est-elle un « mythe » ?
Oui, on a imposé aux Algériens une concorde civile. Laissez-moi vous citer juste un extrait d’une lettre d’un père à sa fille assassinée alors qu’elle n’avait que 16 ans. Katia refusait de porter le voile. Un lundi, alors qu’elle revenait de l’école au bras d’une amie, elle a été abattue par un islamiste à bout portant. Pour honorer la mémoire de sa fille chérie et alors que la maman venait de mourir de chagrin, il écrit : « Ta perte cruelle, son chagrin, son désespoir, ses souffrances, ton deuxième assassinat à travers cette réconciliation nationale ont fait que ta mère et moi-même n’avons pas pu tenir le coup […]. J’accuse ceux qui ont relâché et pardonné à ces sanguinaires aux mains tachées de sang. J’accuse le pouvoir algérien pour ses sympathies avec les bourreaux de nos parents. J’accuse cette réconciliation pour la paix qui a glorifié et amnistié ces monstres assassins. » Tout est dit.
Après l’assassinat de deux jeunes filles à Marseille, vous aviez dénoncé la persistance du déni. Après les attentats de Trèbes, est-ce toujours le cas ?
« En Algérie, la décennie noire où le GIA massacrait à tout-va, c’est plus de 200.000 Algériens assassinés, des femmes ont été kidnappées, violées et égorgées. La France est-elle amnésique à ce point ? »
La France est dépassée. Son angélisme est déroutant. Elle a eu tort de penser que la bataille de Raqqa gagnée, la bête était achevée. Elle doit comprendre que le danger vient de l’intérieur du pays. Les nouveaux intégristes sont nés ici ou vivent ici depuis des années. Le concept de Jean Birnbaum parlant de « djihad de souche » décrit bien cette situation inédite. C’est un terrorisme de proximité correspondant d’ailleurs au mot d’ordre de Daech, qui demande à ses affiliés de commettre des attentats là où ils vivent. Ces fous d’Allah considèrent la France et ses symboles comme les ennemis de l’islam. En criant « Allah akbar », ils tueront à l’aveugle. Les actes les plus anodins comme les courses dans un supermarché deviendront anxiogènes car leur but est bien de faire régner la terreur.
La persistance du déni s’est illustrée dernièrement par les réactions hostiles à la publication dans vos colonnes de l’appel de cent intellectuels dénonçant l’islamisme et le séparatisme, comme ces séminaires organisés par des syndicats interdits aux Blancs. Le porte-parole du gouvernement a jugé que cette tribune réunissant des personnes venues d’horizons différents stigmatiserait les musulmans. Mais les premières victimes de l’islamisme sont les musulmans eux-mêmes. En Algérie, la décennie noire où le GIA massacrait à tout-va, c’est plus de 200.000 Algériens assassinés, des femmes ont été kidnappées, violées et égorgées. La France est-elle amnésique à ce point ?
L’honneur bafoué
Combien de morts et de blessés, toujours en augmentation, faudra-t-il encore déplorer sur le sol français (et parmi les chrétiens à travers le monde) en donnant continuellement refuge aux discours de haine et d’appels aux meurtres, pour qu’enfin, nos dirigeants et leurs suppôts du moment, dans leur déni permanent des réalités, cessent de considérer la France chrétienne comme coupable d’ intolérance et pour qu’ils prennent enfin conscience que leur naïveté et leur angélisme ont leurs limites ?
La ruse n’est-elle pas également l’arme de guerre utilisée pour mieux répandre le mal sur notre sol ?
Au lieu de traiter de cette question embarrasante il est toujours plus facile de planter dans l’esprit d’un peuple la graine de la culpabilité et de lui faire endosser les conséquences de ses imperfections jusqu’au sacrifice mérité de sa vie.
De cette culture ambiante en développement, il est distillé que l’ennemi n’exite pas et qu’il relève de l’imaginaire. Il est donc par nature indéfinissable et dès lors insoupçonnable. Impalpable, intouchable, invisible en somme. Toute stigmatisation est forcément injustifiée. Dans l’ombre, le gouvernement négocie, protégé derrière ses remparts, sa politique avec ses ennemis masqués, quitte à ce que le peuple trinque ensuite dans l’incrédulité la plus totale. Les victimes ahuries découvrent après coup son esprit retors au hasard d’une dénonciation venue parfois d’un camp ennemi.
En ce jour Saint et à l’approche des réjouissances de Pâques, une pensée va en direction des bergers et brebis égorgés jusque dans nos églises comme celle de Saint-Etienne-du-Rouvray ou nos monastères comme celui de Tibhirine ainsi que vers toutes les victimes tombées du fait du terrorisme barbare qui a parfaitement compris nos failles comme le déni, la lâcheté, les compromissions et surtout nos hypocrisies.
RF 30.3.2018
Vous allez voir..,
On n’a pas entendu parler une seule fois sur les ondes, ni du mercredi des Cendres, ni du Carême, on n’entendra pas plus parler de ce Vendredi Saint ni de Pâques (ô émus les chocolats Kinder…)
Laïcité oblige…
Par contre, on va nous casser les c… avec le Ramasan, la « nuit du doute » à laquelle ne manquera pas d’assister notre merveilleux ministre de l’intérieur, à la Grande Mosquée de Paris, Jacques Lang, probablement, aura prévu d’organiser un événement à sa fondation des arts musulmans, et j’en passe et des meilleures.
Ces gens là nous pourrissent la vie depuis des lustres. Les français (les vrais) n’en peuvent plus.
Ça va craquer… C’est sûr, et nos pouvoirs publics sont en dessous de tout. Ce sont des collabos.
Il faudrait rétablir la loi martiale, tiens…
M. Ch. Stra
pour en savoir un peu plus sur les réalités de la situation actuelle en Algérie et l’historique qui a conduit à une telle situation depios la colonisation d’origine et la nouvelle forme de colonisation qui a pris forme à partir de 1962 avec les nouveaux maitres de l’Algérie: les officiers qui soutiennent ( avec la complicité des gouvernements français) BOUTEFLIKA je recommande la lecture d’un ouvrage édifiant sur l’Etat mafieux qui dirige aujourd’hui l’Algérie: La colonie française en Algerie 200 ans d’inavouable » de Lounis Aggoun
La guerre des religions est une impasse….que chacun, croyant ou non, réfléchisse à cela avant de porter l’anathème sur telle ou telle religion !!!!
Enfin, sauf erreur de notre part, tous les cinglés de par le monde qui trucident au nom d’un dieu sont majoritairement « fêlés de la cafetière » et au profil psychiatrique évident .Quid de la lutte contre les malades psychiatriques précoces…..et les autres ?
D’accord dans l’ensemble avec ce que dit Mme Bougrab.
N’oublions pas cependant, ce qui a fait le terreau de l’islamisme en Algérie. A commencer par l’incurie du pouvoir politique tournant le dos en 1978 aux (modestes mais réels) acquis de la révolution et se lançant dans une fuite en avant libérale qui a abouti au mécontentement général de la population et aux « émeutes de la faim » de 1988. A la suite de quoi, le parti unique (Front de Liquidation Nationale !!!) a du consentir au pluralisme politique. Sur ce, le Front Islamique de Salut, capitalisant sur la grogne populaire est arrivé en tête des élections législatives en 1991 mais celles-ci ont été annulées et le FIS interdit.
On s’étonnera ensuite que les choses ont dégénéré ! … D’autant que la frange la plus radicale du FIS (jusque là contrôlée par l’organisation pour éviter les dérapages) a pu s’en donner à cœur-joie … avec la bénédiction des autorités algériennes trop heureuses de pouvoir justifier le coup d’état après coup sous couvert de lutte contre un terrorisme entretenu (sinon suscité) par elles.
Ceci ne saurait justifier les exactions du GIA … et encore moins l’attitude criminelle du gouvernement algérien et des prétendus démocrates qui ont demandé et obtenu l’interdiction du FIS et l’annulation des élections alors qu’il n’y avait vraiment pas besoin d’être Nostradamus pour en deviner les conséquences.
Comme quoi, les ennemis ne sont pas seulement ceux qu’on croit.
Je ne peux qu’être entièrement d’accord avec cet article !j’ai cru un moment espérer que nous étions assez grand pour éviter de vivre une laïcité stricte mais hélas cela semble impossible.