La vague

Libre expression

  • Par Maxime Tandonnet

Je regarde, j’écoute, je lis… La vague qui déferle sur la France me laisse pantois. Soudain, tout est beau, tout est gentil, tout est neuf. Le clivage droite gauche est dépassé, un monde nouveau est en train de s’ouvrir, une ère nouvelle d’extase, d’euphorie, de bonheur, de gentillesse vient de s’ouvrir sur la France. Et surtout, il est formellement interdit de s’interroger, de se poser des questions. Ceux qui doutent sont voués aux gémonies : les mots de « vieux », ringard, pessimiste, jaloux, grincheux se substituent à celui de réactionnaire. La révolution avance et ceux qui ne suivent pas sont à jeter. Les vieux repères s’effondrent, la table rase est en route, un monde nouveau commence.  S’interroger, marquer un quelconque scepticisme, un doute, même discret, devient acte de ringardisme. L’idée même de songer à réfléchir et critiquer devient passéiste, presque honteuse, morbide. Voilà, par exemple, ce qu’il ne faut surtout pas dire :

  • Mettre en place une grande force à connotation centriste destinée à absorber « la droite et la gauche » ouvre un boulevard aux extrémismes, de droite comme de gauche dans la perspective de 2022.
  • L’idée de créer une grande force centriste dominant la scène politique n’a strictement rien de nouveau : elle renvoie aux radicaux dans les années 1920-1930, et à la troisième force » de 1947 à 1951, des époques qui n’ont pas laissé un souvenir franchement positif.
  • Tout ce à quoi on assiste aujourd’hui n’a rien de vraiment nouveau : débauchages politiciens, copinage, culte de la personnalité sans limites, unanimisme médiatique, magouilles politiciennes. Le vivier reste le même et le renouvellement recèle de nombreux recyclages.
  • Le nouveau pouvoir, par-delà l’apparence de la modernité, n’apporte guère de changement sur le fond des projets et des politiques du passé. Voilà, tout est dans le culte de l’apparence, du clinquant, du grand spectacle, de l’immédiat. Un bel éclat pour masquer le néant.

L’euphorie du jour, le prodigieux, vertigineux unanimisme médiatique, comme toutes les béatitudes, recèle des pièges, des dangers, des déceptions inévitables, peut-être de nouveaux abîmes. Mais surtout, ne pas le dire, ne pas le penser, ne pas le sentir, ne pas gâcher la fête joyeuse. Jubiler comme tout le monde, ou se taire…

Maxime TANDONNET
https://maximetandonnet.wordpress.com

 

 

5 commentaires sur La vague

  1. Comme si tout recommençait ?

    Le mouvement de la vague est éternel. Il compose sa symphonie sur des airs de sac et de ressac, orchestrée par des éléments naturels et l’attraction lunaire. L’humain subit impuissant la toute- puissance.
    Il joue avec la vague séduisante, habillée de ses perles de couleurs saisonnières et de sa chevelure en rouleau en croyant la dompter. Il l’aime jusqu’à l’épuisement en surfant sur ses crêtes pour éviter de périr sous son creux.
    Il la repousse lorsqu’elle lui rappelle les naufrages et le murmure des cris désespérés et les chagrins venus des profondeurs des terres. Toujours imprévisible et dangereuse, l’éphémère s’efface toujours silencieusement ou avec fracas lorsqu’elle commet ses méfaits comme un mouvement de foule incontrôlable.
    Qu’à cela ne tienne ! D’insatiables aventuriers rêvent de voir en permanence ce qui se cache dans les profondeurs marines jusqu’à l’ivresse, jusqu’à la rupture tragique aussi, parfois.
    Faut-il comme Ulysse, qu’ils se fassent attacher à un mat pour ne pas succomber aux chants des sirènes qui jurent de l’existence d’un nouveau monde merveilleux derrière la ligne d’horizon en rupture totale avec un état permanent mortifère ?
    A la recherche des coups d’éclats permanents, à défaut de parvenir au coup d’Etat permanent, Ils espèrent qu’une vague triomphale les portera depuis les portes de l’Elysée, de Matignon ou du Palais Bourbon jusqu’aux voûtes de l’Arc de Triomphe.
    Faut-il encore que Zeus consente à leur accorder sa bénédiction et son art de la découpe et de la dégustation du fromage avant le deuxième tour des législatives du 18 juin prochain.

    L’Appel en ordre serré sera-t-il bien entendu par une majorité de capitaines « au long cours » alléchée par une île au trésor qui reste à exploiter ?

    René Floureux 17.05.2017

  2. Ne pas gâcher la fête, Maxime Tandonnet a raison…poursuivons-là avec grand apparat, les beaux uniformes, l’or et les paillettes le luxe de nos palais et jardins que la maison France sait mettre en oeuvre plus vite que les réformes qui améliorent la vie du plus grand nombre. »Edouard on prend tour » jusqu’au feu d’artifice qui sera certainement à la hauteur des aspirations du jeune monarque et de son chambellan.

  3. On est en train de faire du neuf avec du vieux ou avec une apparence de neuf avec un jeune politicien mais avec de vieilles idées qui ont échoué depuis 30 ans. Laissons la vague et l’écume des jours passer et nous verrons en septembre le réel résister et de venger de eux qui ne veulent pas le voir.

  4. Article de surface

  5. Jean-Dominique GLADIEU // 16 mai 2017 à 12 h 25 min //

    Maxime Tandonnet a raison. Avec des « démocrates » comme ça, on n’a pas besoin de « fascites » !

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