Lettre de François Fillon à tous les enseignants de France
- Publié le 11 juin 2015
Je vous écris parce que je suis inquiet de l’évolution de notre école, comme beaucoup de parents, comme beaucoup d’élus, et peut-être aussi comme beaucoup de membres de la communauté éducative. Il me semble utile de partager avec vous quelques réflexions que certains jugeront peut-être trop politiques mais qui n’en sont pas moins sincères. A chacun d’entre vous, et si vous le souhaitez, d’y réagir :http://www.force-republicaine.fr/education-parce-que-tout-commence-par-la-2/. Croyez que je lirai vos réactions avec intérêt.
Nos dirigeants actuels avaient la certitude que l’Education nationale était le champ de leurs meilleures compétences : la loi de 2013 s’est intitulée sans trop de modestie « loi de refondation de l’école de la République ». En trois ans, l’Education nationale a connu une succession désordonnée de trois ministres, trois directeurs de l’enseignement scolaire, deux présidents du conseil supérieur des programmes, mais sur le fond, à quoi avons-nous assisté ?
A la remise en cause de l’excellence : suppression des « internats d’excellence », suppressions envisagées (puis abandonnées) des classes préparatoires ou des notes, réduction de 50% du montant des bourses au mérite à la rentrée 2015. La promotion des activités d’occupation des enfants s’est faite au détriment des enseignements fondamentaux : la réforme des rythmes scolaires entreprise au mépris des élus en est l’illustration. La suppression de la note de vie scolaire au collège envoie un signal désastreux malgré les appels unanimes, après les attentats de janvier, au renforcement de l’autorité à l’école et du respect des professeurs. La multiplication de bavardages sur des sujets divers : ABCD de l’égalité, théorie du genre,… ne mène qu’à des polémiques inutiles. Un effondrement sans précédent du nombre de jeunes choisissant l’apprentissage pose question. La réforme du collège a pour objectif l’égalitarisme et pour moyen la baisse des exigences. Certes la volonté de donner une marge d’autonomie aux établissements doit être saluée mais la dilution d’une part des enseignements fondamentaux dans des «enseignements pratiques interdisciplinaires » au contenu bien flou ne peut aller dans le bon sens. Je ne suis pas par principe hostile à l’interdisciplinarité, mais une fois que l’on a donné des bases solides à tous les élèves dans chaque discipline. La réduction de l’enseignement du latin et la suppression des sections européennes et des classes bi langues que j’ai lancées en 2004 avec l’Allemagne constituent la négation de nos racines comme de notre futur européen. Enfin les projets de programme écrits dans un jargon consternant révèlent une déconnection de la réalité.
Mais il ne suffit pas de critiquer, il faut aussi proposer. J’ai fait connaître il y un an mes propositions pour l’éducation. Elles sont guidées par la conviction que l’école a pour mission et pour devoir de transmettre une culture solide à des enfants et des jeunes dont l’attention est sollicitée aujourd’hui par de multiples activités les éloignant de l’exigence de l’effort. Voici quelques-unes de ces propositions.
L’échec que représente depuis longtemps la sortie du système éducatif sans qualification de 120 000 jeunes chaque année doit être sérieusement traité dans un pays qui compte autant de chômeurs. Pour la plupart ces jeunes avaient quitté l’école primaire en ne maîtrisant pas la lecture. C’est pourquoi je propose d’avancer la scolarité obligatoire à 5 ans (au lieu de 6 ans) afin de donner aux élèves une année supplémentaire d’apprentissage de la lecture. Les professeurs devraient être formés aux dernières avancées des sciences cognitives afin d’utiliser les méthodes les plus efficaces pour apprendre à lire aux enfants. Et s’il y a un effort budgétaire à consacrer à l’éducation nationale, c’est sur les objectifs d’apprentissage de la lecture et d’acquisition du vocabulaire qu’il faudrait le faire porter. Les programmes de l’école devraient être recentrés en consacrant les trois quarts du temps de classe à la lecture, à l’écriture, au calcul, à l’étude des grands personnages et des grandes dates de l’histoire de France. La transition entre école et collège devrait être facilitée par des professeurs bivalents en 6ème et 5ème. Le collège permettrait ainsi l’approfondissement des savoirs fondamentaux et l’ouverture sur le monde (langues, économie, numérique, environnement), et le brevet, nécessaire pour poursuivre au lycée, devrait effectivement attester de la maîtrise du socle commun de connaissances. Après le collège, les jeunes souhaitant se préparer à un métier, notamment par l’apprentissage, pourraient le faire plus facilement car les régions – mieux placées pour connaître les besoins des bassins d’emploi que les rectorats – recevraient la responsabilité de l’enseignement professionnel et pourraient décider d’adaptations régionales aux diplômes.
Si nous voulons arrêter l’échec de plus de la moitié des étudiants en première année d’université, le baccalauréat devrait être plus solide dans son contenu et plus simple dans son organisation : quatre épreuves, avec un niveau d’exigence accru, passées début juillet pour ne pas supprimer chaque année des semaines de cours, toutes les disciplines ne faisant pas l’objet d’épreuves étant notées en contrôle continu. Sur la formation des professeurs – c’est objectivement un échec de l’Education nationale depuis vingt-cinq ans, et nous en avons tous une part de responsabilité – il faudrait proposer des stages dans un établissement scolaire dès la première année d’université aux étudiants qui envisagent d’être enseignants. Et ceux qui réussissent les concours recevraient une formation alternée impliquant des enseignants chevronnés volontaires. La formation continue tout au long de la carrière devrait aussi répondre aux besoins concrets des enseignants.
Enfin, parce qu’il est anormal qu’un professeur certifié débutant ait un traitement inférieur à celui d’un inspecteur des impôts débutant, je propose de revaloriser les traitements, en maîtrisant les effectifs et en récompensant effectivement les enseignants qui s’investissent.
Dans mes fonctions politiques mais aussi comme parent, j’ai souvent pu mesurer la difficulté toujours renouvelée de votre tâche. Mais je sais aussi votre passion et la solidité de votre engagement professionnel et civique. Avec estime confiance, je veux vous témoigner de ma conviction que votre vocation mérite d’être soutenue par tous et de s’épanouir au sein d’un système éducatif intelligemment rénové.
François FILLON
Un mammouth dans le permafrost
Il est extrêmement navrant de constater que nous vivons en France des épisodes de crises ouvertes dans le monde de l’Education Nationale.
Cette situation ne date pas d’hier. Grands-parents, parents, élèves, professeurs, d’hier, d’aujourd’hui et de demain, continueront à se plaindre de cette grande institution dévoreuse de crédits, aussi longtemps que le débat sur son avenir ne sera pas partagé avec enthousiasme entre toutes ses composantes, issues d’une longue chaîne humaine qui prend sa source à partir d’horizons très diversifiés.
L’Ecole de la République est notre bien commun. Et pourtant, Le débat profond qu’elle mérite pour atteindre un consensus politique et social le plus large possible, est absent. L’incompréhension domine sur bien des sujets qui font blocage, ou par rapport à des décisions prises autoritairement au sommet de l’Etat et qui provoquent une onde de choc qui se répand jusqu’à la base de notre société, même si une certaine autonomie des chefs d’établissements de dessine, contestée par ailleurs.
A chaque Ministre de l’enseignement nouvellement nommé, de nouveaux programmes, de nouveaux rythmes scolaires, de nouveaux calendriers scolaires, de nouveaux dogmes… Les élèves suivront, c’est ainsi. Les parents témoins, assisteront impuissants aux mécontentements de leur progéniture. Et on continuera ainsi de génération en génération. Combien encore de « gueules cassées » ?
Le débat est confisqué même s’il peut faire l’objet de vifs échanges dans les rangs de la représentation nationale avec même un Premier Ministre, qui, aujourd’hui, est appelé en renfort pour défendre sa Ministre de l’Education Nationale qui doit défendre son projet de loi sur la réforme des collèges.
Mais quand cesseront donc toutes ces querelles ? Les élèves, petits et grands, témoins des joutes oratoires et perdus dans la masse, assistent désabusés aux débats et se demandent à quelle sauce ils seront mangés demain.
Des passés brisés pour les uns, des avenirs brisés pour les autres aussi, qui viendront gonfler les rangs des demandeurs d’emploi.
L’école est malade. Pour y remédier, d’un côté au prône l’égalitarisme et l’égalité des chances, de l’autre on encense l’excellence. Aucune voie à mon avis ne doit être privilégiée ou écartée sur un plan idéologique, aspect qui n’est jamais étranger dans l’esprit des lois.
Chaque élève, concerné ou pas par une réforme, ici des collèges, doit trouver sa voie. Notre école commune doit le conduire et l’aider à trouver un bel avenir en lui garantissant d’abord une bonne maîtrise des fondamentaux comme base d’un bon départ dans la vie scolaire puis tout au long de sa vie.
J’insisterai personnellement, surtout sur l’apprentissage, qui peut conduire ensuite à une spécialisation. On critique sur bien des sujets l’Allemagne. Mais reconnaissons tout de même la place centrale qu’elle accorde à ses apprentis et le soutien commun du monde de l’éducation et de l’entreprise en faveur de ces derniers pour les conduire vers la voie royale tout au long de la vie professionnelle avec des salaires conséquents. Et l’on s’étonne de leurs excédents commerciaux ? De leurs machines-outils ? De leurs véhicules haut de gamme ?
La France à force de privilégier l’excellence, et les filières considérées jusqu’à présent comme nobles, et ce depuis des décennies, oublie ses apprentis qui manquent de reconnaissance et de considération. Le monde du travail a besoin de tout le monde. Il est ahurissant d’entendre que des patrons sont en manque de main-d’œuvre et qu’ils sont dans l’obligation de faire appel à une main-d’œuvre étrangère.
Où sont les problèmes ? Quels sont les sujets tabous qu’il est interdit d’aborder dans notre pays et qui empêchent de remédier au problèmes de l’école, du monde du travail et du chômage ?
Question subsidiaire pour les partisans de l’excellence ou de l’égalitarisme : vous avez 100 élèves avec mention très bien au bac et les mêmes qui excellent dans les mêmes études supérieures mais qu’un seul poste à offrir. Sur quels critères de sélection sera engagé le salarié retenu ? Et que penser alors des 99 autres restés sur la paille ?
Tout dépendra déjà du marché de l’emploi. Ce dernier restera fermé aussi longtemps que les mêmes idéologues, d’un côté comme de l’autre, continueront à nous bourrer le cerveau avec leurs mêmes théories, et les mêmes, toujours aux manettes et toujours aussi incompétents, pour nous apporter des solutions toujours aussi douteuses en les justifiant par des rhétoriques habituelles.
Heureusement pour eux qu’il existe des apprentis pour leur apprendre à tenir un marteau, pour planter un clou ou savoir planter un chou bien de chez nous.
Floureux René 18.6.2015
Un tempérament au commentaire du 17 juin à 14h38 : Fillon a voté NON au traité de Maastricht !
Ne nous fiions à Fillon ! Ce gaulliste d’opérette vendu à Bruxelles, Berlin et Washington comme le pseudo-gaulliste qui nous a présidé de 2007 à 2012 dont il fût le dir-cab sur lequel celui-ci s’essuyait les pieds. Un oligarque parmi tant d’autres à virer. Il n’a aucun avenir politique hormis son poste quasi-inamovible de député du 7è arrondissement de Paris. Il a fui sa circonscription sarthoise qui lui était devenu défavorable étant donné la politique réactionnaire qu’il a pratiqué et entériné.