Pourquoi la dissolution de l’Assemblée est inéluctable

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La crise du gouvernement et la démission de l’exécutif risquent fort de donner lieu à une dissolution de l’Assemblée Nationale et donc à des élections alors que la croissance du pays ne dépassera pas 0,5% cette année 2014.

La démission d’un gouvernement au complet, moins de cinq mois après sa nomination, est inédite sous la Ve République. Si l’on soustrait les semaines qui suivent la prise de fonction, temps incompressible pendant lequel les ministres et leurs équipes s’approprient les dossiers et apprennent à travailler ensemble, auquel on ajoute les semaines « inutiles » d’été, pendant lesquelles le gouvernement travaille au ralenti, pendant lesquelles les conseils des ministres sont suspendus, ce gouvernement n’a tout simplement rien fait… Ou plutôt si : se chamailler.

Manuel Valls, personne ne pourra lui nier cette qualité, est un homme à poigne. Quand quelque chose ne va pas, il le dit, il se fâche, il tape du poing sur la table. Loin, très loin de Jean-Marc Ayrault, lisse et tout en rondeur, sur lequel toutes les petites et grandes histoires du gouvernement glissaient comme de l’eau sur les plumes d’un canard. Valls lui, n’accepte pas les petites et les grandes phrases, les coups bas, les dissensions ou les trahisons. Il a dit à François Hollande : c’est eux, ou moi.

Valls, sans le savoir, ou fort probablement, en le sachant, a déclenché le compte à rebours du feu nucléaire. Démissionner son gouvernement, sans prévenir la plupart des ministres, en particulier évidemment les frondeurs, c’est tirer un fusil à un coup. S’il ne parvient pas à constituer une nouvelle équipe, ou si cette nouvelle équipe n’est pas plus loyale que la précédente, ou si cette nouvelle équipe ne ressemble pas suffisamment au kaléidoscope de gauche, il échouera. Rapidement.

Souhaiter l’échec de Manuel Valls, dans l’état dans lequel se trouve la France, serait inconscient et irresponsable. Et pourtant, ses chances de succès sont infimes. Comment composer une équipe capable de mettre en œuvre non pas les réformettes, mais l’électro-choc dont le pays à besoin, en puisant dans le vivier du Parti Socialiste, du Front de Gauche, des Verts, des Radicaux de Gauche ? Impossible.

Parviendrait-il à convaincre Didier Migaud, le président de la Cour des Comptes, de quitter son poste confortable d’arbitre pour descendre dans l’arène, afin de prendre en main le ministère de l’Economie et des Finances, que la France ne serait pas sauvée pour autant. On peut faire les bonnes analyses, émettre les bonnes recommandations, et ne pas parvenir à les mettre en œuvre. Vu l’état d’attentisme dans lequel se trouve l’administration gouvernementale, le vrai gouvernement, celui qui gère les affaires, lance et fait avancer les dossiers, Didier MIgaud – qui n’est pas non plus le messie – aurait du mal à faire virer de bord le navire.

Non, ce qui se profile à l’horizon, c’est bien une dissolution. Le nouveau gouvernement que Manuel Valls va constituer ne parviendra pas à obtenir le soutien indéfectible de l’Assemblée, pourtant indispensable pour réformer.

Quand ? Logiquement, début 2015. Après une nouvelle rafale – il n’y a pas de raison que cela change – de nouveaux mauvais chiffres du chômage, une croissance toujours en berne voire une possible récession, avec des impôts qui ne rentrent plus, la dissolution restera le dernier recours pour un exécutif aux abois.

Dernier recours avec… la démission du Président de la République. Scénario évoqué par… François Hollande, en 2006, dans un de ses ouvrages, promettant une « remise en question à mis-mandat ». Nous y serons. La France ne sera pas sortie d’affaire pour autant, mais au moins, les cartes du jeu politique seront rebattues.

Rendez-vous dans cinq mois.

Jean-Baptiste Giraud


 

Le billet de Maxime TANDONNET

Ma photoD’abord, je soupçonne les ministres partants, comme il est désormais coutumier en France, de sacrifier l’intérêt du pays à leur plan de carrière politique. J’ai du mal à penser que l’on puisse être assez inintelligent pour croire sincèrement en "une autre politique possible" comme on dit en ce moment. La vérité, c’est que nous sommes plongés dans l’absurdité. Ce n’est pas de prendre une autre direction qui est nécessaire, mais au contraire, d’aller infiniment plus loin dans le soutien à l’entreprise (la politique de l’offre), la libération des énergies et des contraintes à la liberté d’entreprendre et la baisse des charges obligatoires. Qui aura le courage de le dire? Par ailleurs, la situation politique actuelle est sans précédent dans la Vème République. Sous l’effet de la crise et de l’impopularité, nous voyons pour la première fois se lézarder des institutions destinées à mettre l’exécutif à l’abri des secousses. Condamné par l’opinion, radicalement rejeté par l’opposition, désormais  lâché par une partie essentielle de sa majorité (la plus à gauche, ce qui implique ses soutiens naturels, associatifs, syndicaux), le pouvoir se trouve désormais dans une impasse totale et face à la quasi-certitude d’un séisme politique majeur qui se traduira soit par une dissolution de l’Assemblée nationale (même si on a du mal à la concevoir), soit par un nouveau changement de  cap majeur qui serait encore plus suicidaire.


3 commentaires sur Pourquoi la dissolution de l’Assemblée est inéluctable

  1. Dissoudre ? Pourquoi ? pour remettre les mêmes avec le même état d’esprit ? que ce soit la gauche ou la droite. La seule solution, à mon avis, est celle que Le Général de Gaulle préconisait lui-même, selon les déclarations de certains de ses compagnons qui ont écrit : Qu’il n’était pas hostile à un retour de la monarchie en France. Rien de plus beau ne pourrait La parachever.( je ne me rappelle plus les termes exacts, il y a longtemps que j’ai lu ces livres ).

  2. Je pense effectivement que cet ultime gouvernement travaille sans filet, et que la dissolution de l’Assemblée Nationale va devenir sérieusement envisageable
    Mais sur quoi déboucherait-elle?
    Depuis 2 ans que le pouvoir socialiste s’enlise, l’opposition n’a pas été capable de se mettre en ordre de marche! L’UMP remporterait-elle les législatives? Rien n’est moins sûr!
    Et si oui, qui, issu de ses rangs, investirait Matignon? Bien malin qui pourrait le dire!
    Et à qui profiterait-elle?
    Nul doute en effet que pendant la cohabitation, François II, dans le rôle du roi fainéant, pourrait tranquillement se refaire une santé et surgir, comme d’autres avant lui, dans la dernière ligne droite en Avril 2017!

  3. Confondre but et moyens, gouvernance et comédie politico médiatique sont dans les gènes d’une majorité de responsables politiques à commencer par celles et ceux qui nous gouvernent. Et il faut bien le reconnaître ce sont les médias qui savourent ces jeux de « cirque » au point que n’y tenant plus ils avancent les nouvelles avant même qu’elles ne soient proclamées par les autorités !
    Perseverare diabolicum !!!!
    Une chose est certaine il y aura fatalement une dissolution de l’Assemblée Nationale mais seulement une fois que Français Hollande et Manuel Valls auront tiré leur révérence…en 2017,car il ne faut pas rêver le PS et ses alliés empochent le pognon gagné au fond des urnes et comme le « fric » est le nerf de la guerre en politique spectacle…la dissolution sera pour plus tard.
    Quant à évoquer la démission du chef ,mais c’est totalement méconnaître le mental du principal désigné de chacun des palais concernés. Deux personnages qui n’ont jamais fait autre chose que de profiter des ilots de confort offerts par une République généreuse envers celles et ceux que le bon peuple désigne au fond des urnes n’ont certainement pas été formés à concevoir que la démission existe pour celles et ceux qui sont incapables de produire des résultats. Pire, ces personnages s’enorgueillissent d’être parvenus en haut de la pyramide sans n’avoir jamais connu la honte du travail mal fait !
    Alors c’est vrai cher Maxime Tandonnet , il ne nous reste plus qu’à vivre en Absurdie ,ce pays où des escortes policières fournies ouvrent le passage à des fourgons » d’embastillés », pour, dans les embouteillages de nos métropoles, rejoindre plus vite les lieux où ils sont logés, nourris, blanchis, par celles et ceux qui patienteront sur le bitume en méditant sur l’avenir de leur emploi, ce pays absurde où l’on jette par les fenêtres des déficits et dettes de la récolte sans cesse plus abondante des impôts et taxes de tous ordres, ce pays absurde où le MOIDABORD constitue le principal facteur de développement de la réussite sociale.
    A force d’avancer dans le zig et le zag, à force de changer sans cesse les têtes et les règles , à force de faire de la réforme trompe l’œil sa tasse de thé quotidienne…..on fatigue tout le pays qui n’en peut plus de se mettre à jour et perd son temps à comprendre des nouvelles règles dont on sait qu’elles seront, elles aussi, éphémères dans un pays où tout est désormais absurde..Les finances publiques sont asphyxiées par une hypertrophie de la machine administrative française, une dette abyssale, un déficit chronique sans contrepartie à l’augmentation de la richesse vive, une faiblesse persistante de nos exportations, et une faiblesse culturelle d’une population qui attend tout de l’Etat et n’accepte aucun risque avec à la clé des déficits insupportables dans les comptes sociaux.
    Que proposer donc à « ces agités » des institutions de la Vème République :
    Stop!!!!! Assez!!!!!!
    Au bon peuple de décider, car ce sont ses choix qui s’expriment et ne peuvent en aucun cas l’exonérer de ses responsabilités.
    Nous sommes ce que vous fûtes !
    Bien cordialement,
    JC BAERT

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