Raffarin candidat à la présidence de l’UMP ?

0fillonCopeRaffarinInvité de France Inter, Jean-Pierre Raffarin a répondu de manière alambiquée à la question de son éventuelle candidature à la présidence de l’UMP. Et si l’ancien Premier ministre s’invitait dans la guerre des chefs ?

Je pense que l’UMP doit renforcer son centre. » Voilà la certitude assénée ce jeudi 14 juin sur France Inter par Jean-Pierre Raffarin, centriste discret pendant la campagne mais désormais décidé à renouer avec ses racines humanistes. L’ancien Premier ministre qui avait promis en Une du Monde que « le temps de l’analyse viendrait après le 6 mai » repousse encore le moment fatidique de l’autopsie de la campagne électorale sarkozyste – « après les élections »– mais se positionne déjà comme le leader d’un « pôle humaniste » susceptible de contrebalancer la Droite populaire.

Désireux de « rassembler » et de profiter du lancement des courants proposé par Jean-François Copé, le sénateur de la Vienne, déjà chef de file du mouvement Humaniste, entend réunir plus vastement « les centristes qui étaient à l’UMP comme Marc-Philippe Daubresse, des gens qui viennent plutôt de la culture libérale comme Hervé Novelli, des gens de la culture radicale comme Jean Leonetti » sans oublier bien sûr ses « amis humanistes », les riants Dominique Bussereau et Marc Laffineur. En clair, pas question de jouer les vieux sages, Raffarin a encore l’âme d’un chef et compte en faire profiter ses petits camarades, le tout avec l’aval et la bénédiction de Jean-François Copé.

Car depuis que la guerre Fillon-Copé fait rage, l’ex-Premier ministre chiraquien n’a de cesse d’affirmer son soutien au député-maire de Meaux. Et vice-versa. Selon plusieurs cadres de l’UMP, les deux hommes, malgré leurs divergences idéologiques, ont « topé », selon l’expression favorite de « JFC ». Teneur du deal ? Certains jurent que Copé a promis au sénateur la présidence du Sénat après les élections de 2014, d’autres plus prudents assurent que Raffarin conserverait la vice-présidence du parti en cas d’élection de JFC à sa tête. Quelle que soit la forme de la carotte agitée sous le nez de Raffarin, elle semble en tout cas suffisamment alléchante pour que ce dernier ne rate jamais une occasion de chanter les louanges du libéral Copé. « J’apprécie l’orientation que donne Jean-François Copé à l’UMP », s’est ainsi enthousiasmé l’ancien Premier ministre au micro de Patrick Cohen.

Dans ce contexte, la suite de l’interview peut surprendre. A la question de savoir si le travail amorcé par Raffarin pour reconstruire un pôle centriste et humaniste au sein du parti de droite « pourrait déboucher sur une candidature à la présidence de l’UMP », le sénateur rétorque : « On va essayer de bâtir un mouvement, pour le moment je ne suis pas candidat évidemment puisque je trouve que Jean-François Copé fait du bon travail et que je travaille avec lui. » « Pour le moment. » Raffarin envisagerait-t-il de sortir du bois après que les deux autres se soient écharpés assez longuement pour dégoûter de leurs candidatures respectives les adhérents UMP ? Jusqu’à présent, les observateurs de la vie politique s’attendaient davantage à un retour –désormais peu probable- sur le devant de la scène d’Alain Juppé. Mais personne n’avait imaginé qu’un autre ancien Premier ministre pourrait venir jouer les trouble-fête.

Et pour que l’idée de sa possible candidature infuse dans les esprits, Raffarin insiste : « On verra comment [Copé] présente sa candidature. » Comprendre : Copé pourrait se présenter à un autre poste que celui de président de l’UMP. Car les deux hommes le savent, les sondages donnent pour l’instant Fillon très largement favori, devant Juppé, et loin devant l’actuel patron du parti. Pourquoi ne pas concevoir dans ces conditions un ticket Raffarin-Copé ? Le maire de Meaux ne peut rien attendre de la part de Fillon. Si « mister Nobody » est élu, Copé disparaîtra dans les limbes UMPistes. En revanche, si son allié et soutien Jean-Pierre Raffarin l’emporte, Copé a de fortes chances d’obtenir un poste haut placé sans avoir à se soucier des velléités élyséennes du nouveau président de l’UMP. Tarabiscoté mais habile.

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