Grèce : la BCE retire son soutien à certaines banques grecques
- 16 mai 2012 | Par Martine Orange (Médiapart.fr)
Avant même que les Grecs ne statuent sur leur avenir lors des nouvelles élections législatives prévues le 17 juin, les tensions qui s’accumulent sur le système bancaire pourraient précipiter les événements et les choix. La Banque centrale européenne a annoncé qu’elle a cessé ses opérations de politique monétaire avec certaines banques grecques parce qu’elles n’ont pas été correctement recapitalisées. La BCE n’a pas fourni plus de commentaires. L’agence Reuters précise que quatre banques vont si mal qu’elles fonctionnent avec des fonds propres négatifs.
Une telle annonce ne pouvait plus mal tomber. Les craintes d’une panique bancaire s’intensifient, alors que l’hypothèse d’une possible sortie de la Grèce de l’euro circule : 700 millions d’euros de dépôts ont été retirés chaque jour depuis le 6 mai, selon le gouverneur de la banque centrale, George Provopoulos. « Ce n’est pas encore un bank run mais la peur d’une panique est réelle », a dit ce dernier au président de la République grec. « La solidité des banques grecques est très faible », a expliqué le chef de l’Etat aux différentes formations politiques lors des dernières négociations avant de constater l’impossibilité de former un gouvernement de coalition.
Le retrait du soutien de la BCE risque donc d’accroître les peurs des déposants et les amener à retirer très vite leur argent. Depuis deux ans, en effet, les banques grecques dépendent uniquement des liquidités qui leur sont accordées par la BCE, le marché interbancaire leur étant totalement fermé. La fragilité des banques s’est encore accrue avec le plan de restructuration de la dette publique grecque, arrêté en février. Principales détentrices des obligations publiques, elles ont dû absorber toutes les pertes liées à la dépréciation. Dans le cadre du plan d’aide européen, il a été prévu une enveloppe de 30 milliards d’euros pour aider à la nécessaire recapitalisation du système bancaire grec. Mais ces sommes n’ont pas encore été versées, l’Europe et le FMI subordonnant leur versement à l’engagement du nouveau gouvernement de respecter à la lettre les réformes et les mesures d’austérité prévues dans le mémorandum.
Les banques grecques qui, à la fin mars, totalisaient 170 milliards d’euros de dépôts, en baisse de 34 milliards par rapport à 2011, n’ont plus comme ultime recours que le fonds d’aide d’urgence de liquidité, dispensé par la banque centrale grecque. Elles ont déjà emprunté quelque 60 milliards d’euros par ce canal, soit environ la moitié des facilités qui leur sont accordées.
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