Monsieur le Président : la Grèce sera votre tombeau ou votre salut
- Par Nicolas Dupont-Aignan
L’histoire politique ne manque pas d’ironie. Alors que François Hollande s’est obstiné à faire l’autruche sur la question de l’euro et de la Grèce pendant toute sa campagne, c’est pourtant le premier dossier brulant qu’il aura à traiter en tant que président de la République. Définitivement c’est peu dire que cette campagne aura magistralement ignoré les grands sujets qui attendent notre pays. Espérons pour les Français et l’Europe que le mutisme de Monsieur Hollande ne cache pas un flou artistique sur ce sujet critique.
Le dossier grec est brulant car il a des implications immenses non seulement pour les Grecs mais aussi pour nous Français, l’avenir de l’Europe et de l’euro.
Pour ma part je n’ai pas attendu que l’incendie ait gagné toutes les pièces de la maison européenne pour alerter nos compatriotes. Dès mai 2010 je me suis opposé à l’Assemblée nationale au plan de sauvetage des banques en Grèce. A l’époque les députés du PS et de l’UMP avaient voté dans la nuit à main levée comme un seul homme le prêt de 17 milliards d’euros à la Grèce. D’aucuns m’avaient accusé de Cassandre ou d’ignorant, je les trouve aujourd’hui bien silencieux ces donneurs de leçon. En vérité leur inculture crasse en économie n’a d’égal que leur renoncement, voire leur complicité avec les puissances de l’argent.
Voilà ce que j’avais écrit à l’époque : « Lorsque la Grèce dans 1, 2, ou 3 ans s’avèrera incapable de rembourser, surtout après la crise d’austérité imposée, ce seront les autres Etats européens qui devront digérer le rééchelonnement de la dette grecque, ce pour épargner aux banques les conséquences de leur imprévoyance ! »
Force est de constater que l’Histoire me donne aujourd’hui raison. Je n’en tire aucune gloire. Cependant j’appelle mes concitoyens à se poser une question très simple : qu’attendre de ceux qui nous ont conduits au bord du précipice ? Monsieur Hollande avec ses camarades socialistes n’ont à l’époque rien trouvé à redire à ce plan de sauvetage qui est devenu depuis un plan de sabordage. Alors qu’ils s’opposaient de façon sectaire à Nicolas Sarkozy sur de multiples détails de la vie politique, ils n’ont en revanche rien fait quand l’essentiel était en jeu. Comme d’habitude UMP et PS se chamaillent sur l’accessoire mais leur mimétisme est frappant dès lors qu’on va au fond des choses.
Gouverner, c’est anticiper. Un chef de l’Etat doit avoir un cap et un projet pour ne pas subir les événements. C’est ce qui a cruellement manqué aux prédécesseurs de Monsieur Hollande depuis 30 ans. Son manque de clarté et de constance laisse craindre que François Hollande et Angela Merkel arrivent ce soir à un compromis de façade. Ce genre de compromis bancal où le nouveau président pourra se prévaloir de ne pas avoir totalement cédé, mais où en réalité les intérêts du pays et à fortiori ceux de l’Europe risquent d’être bradés.
Pourtant espérons, dans l’intérêt du pays et de l’Europe, que le président Hollande sera ce soir à la hauteur de l’enjeu. Espérons qu’il oubliera les vieilles recettes du passé. Espérons qu’il n’écoutera pas les conseils de pseudo-experts, les mêmes qui n’ont rien vu venir. Espérons qu’il défendra l’intérêt général et ne cèdera pas aux pressions des puissances de l’argent : banques et multinationales en tête. Espérons qu’il ne sera pas tiède et consensuel mais qu’il fera preuve d’audace et de courage.
Puisque François Hollande semble apprécier Jules Ferry, je l’invite pendant le trajet qui le mène à Berlin à méditer ces mots du père de l’Ecole républicaine : « Lorsque nous serons forts, nous aurons la certitude de pouvoir négocier »
que la Grèce puisse sortir rapidement de l’euro pour pouvoir enfin retrouver sa liberté et pour se reconstruire sans la pression et la rigueur que lui imposent les technocrates européens!
Entièrement d’accord avec Dupont Aignan. Pourquoi « l’Europe libéraliste » ne serait plus libéraliste pour la Grèce ? Parce que les créanciers sont franco-allemands ? G.
En plein accord avec Dupont Aignan. Sarkozy a défendu les prêts faits antérieurement par les banques françaises. Toujours la mauvaise solution, alors qu’il fallait sortir la Grèce de l’euro, tout de suite. La France perdra sur tous les tableaux. G.
Il est à peu près évident que la zone euro va éclater. La meilleure façon d’amortir le choc reste d’être pro-actif, l’inverse de ce qui est proposé aujourd’hui. Il ne restera alors plus qu’à licencier fermement (sans indemnités!) tous les économistes qui nous auront fait perdre des dizaines de milliards d’euros dans un soutien à la Grèce qui se révélera, au final, un immense échec, un horrible gâchis et qui sera payé par les plus fragiles d’entre nous, comme toujours hélas!