Usine Renault : Tanger sera-t-il le Vilvoorde de Sarkozy ?

On ne pouvait pas rêver plus mauvais timing pour le président de la République, qui essaie en vain de conjurer de mauvais sondages. Renault inaugurait hier une nouvelle usine au Maroc, où sera produit le nouveau monospace de la marque Logan.

imagesCA5V37OUOn ne pouvait pas rêver plus mauvais timing pour le président de la République, qui essaie en vain de conjurer de mauvais sondages. Renault inaugurait hier une nouvelle usine au Maroc, où sera produit le nouveau monospace de la marque Logan.

Quand Dacia cannibalise Renault

La stratégie de Carlos Ghosn est compréhensible dans le cadre actuel de la globalisation néolibérale. Le marché automobile est un marché difficile, plus concurrentiel que la plupart, où les marges sont donc nettement plus faibles et où le moindre retournement de marché se traduit par des pertes. Même PSA, malgré une gamme très dynamique et un renouveau spectaculaire de Citroën, a fait des pertes en 2011, du fait de la mauvaise conjoncture économique.

Dès lors, la seule solution est de trouver de nouveaux relais de croissance et d’abaisser les coûts de production. La marque Dacia a paradoxalement sans doute sauvé le groupe Renault en répondant à cette double question puisque le groupe a défriché le segment des véhicules à bas coût, créant un relais de croissance, tout en baissant ses coûts. Cela lui a permis de compenser les mauvaises performances récentes de sa gamme, qui se cherchait sur le style.

Carlos Ghosn exagère un peu quand il dit que « la marque Dacia n’est pas concurrente de Renault » ou qu’il sous-entend que cette usine n’aura aucun impact négatif sur les ventes de la marque au losange. Le marché français (où Renault a perdu alors que Dacia a beaucoup progressé) démontre le contraire. En outre, la nouvelle Dacia est une concurrente frontale du Scénic, produit à Douai. Bien sûr, elle ne la concurrence pas frontalement, mais il y aura forcément un impact.

Changer les règles du jeu

Il faut être clair, dans le contexte actuel, Renault ne pourrait pas produire ses véhicules à bas prix en France. En revanche, nous pourrions mettre des écluses commerciales pour éviter que ses voitures produites par des ouvriers payés 240 euros par mois (moins de 20% du SMIC Français) ne viennent concurrencer aussi durement les productions françaises. En outre, le cas de Renault est d’autant plus problématique que l’Etat est actionnaire à hauteur de 15%. Que fait le gouvernement ?

Bien sûr, quelques dirigeants de droite se sont émus de l’ouverture de cette usine. Mais ces déclarations révèlent une sacrée hypocrisie car l’UMP est au pouvoir depuis 10 ans et avait donc tout le loisir, soit d’influer sur les décisions prises par Renault, soit pour changer le cadre actuel. N’oublions pas qu’en 2005, Renault, Peugeot et Citroën produisaient plus de trois millions de voitures en France et que depuis 2009, ce chiffre est tombé sous la barre des deux millions.

Nicolas Dupont-Aignan a bien raison de pointer le double discours du gouvernement sur ce sujet. On ne peut pas dénoncer l’ouverture de cette usine alors que l’on est aux affaires depuis 10 ans ! Soit dit en passant, cela montre bien que l’anarchie économique que PS, Modem et UMP ne veulent pas remettre en question, produit une désindustrialisation massive de notre pays. Seule une véritable politique protectionniste permettrait de reconstruire notre tissus productif.

A un moment où tous les partis mettent en avant la production en France, l’exemple de Renault démontre la vacuité de leur discours. Dans le système actuel, il est vain d’espérer autre chose. Seule la mise en place d’un protectionnisme ciblé, mais aussi volontaire, permettra de renverser la tendance.

Laurent Pinsolle
http://www.gaullistelibre.com/

2 commentaires sur Usine Renault : Tanger sera-t-il le Vilvoorde de Sarkozy ?

  1. Picquenot Christian // 12 février 2012 à 14 h 00 min //

    Notre président actuel qui essaie par tous les moyens depuis plusieurs années, de ramener les usines en France, se voit écrasé par cette inauguration

  2. Vous avez oublié un argument. La sortie de l’Euro qui, de fait, amènerait une dévaluation de 30% serait un atout supplémentaire en addition du protectionnisme que vous défendez.
    Il aurait aussi fallu citer monsieur de Villepin qui aurait mieux fait de se taire sur cette affaire. En effet, il a affirmé qu’il fallait monter en gamme en France. On ne peut pas être poète et industriel à la fois semble-t-il. Compte tenu du pouvoir d’achat des français actuellement, si l’on veut produire à destination de sa propre population, il faut produire peu cher d’une part; d’autre part, ceux qui font du low cost ont une vocation naturelle à monter en gamme. Il n’y a que les rêveurs comme Villepin qui peuvent imaginer que cela ne pourrait se produire.

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