Jean-Pierre Chevènement abandonne. Dommage !
Dans la grave crise à travers laquelle une construction européenne mal pensée dès l’origine, peut conduire la France à une position définitivement subordonnée, j’ai voulu, à travers cette « candidature pédagogique », rendre nos concitoyens attentifs à quatre enjeux majeurs de la période qui s’ouvre
Déclaration de Jean-Pierre Chevènement, Sénateur du Territoire de Belfort, ancien ministre, 1er février 2012.
Je me suis porté candidat à la Présidence de la République le 5 novembre 2011, « pour faire bouger les lignes » et mettre la gauche et la France à la hauteur des défis qu’elles doivent relever.
Dans la grave crise à travers laquelle une construction européenne mal pensée dès l’origine, peut conduire la France à une position définitivement subordonnée, j’ai voulu, à travers cette « candidature pédagogique », rendre nos concitoyens attentifs à quatre enjeux majeurs de la période qui s’ouvre :
1) Pour réindustrialiser le pays, condition de la survie du modèle républicain, il faut, chose non suffisante mais indispensable, une monnaie moins chère que l’euro actuel.
2) Il est nécessaire, en second lieu, d’organiser la croissance en Europe et non pas la récession à perte de vue, comme nous y conduirait le projet de traité européen dont les grandes lignes ont été entérinées hier, le 30 janvier 2012, à Bruxelles. Si le gouvernement de Mme Merkel, qui prétend dicter sa loi au suffrage universel, n’acceptait pas la révision du traité pour étendre les missions de la Banque Centrale européenne et organiser la relance en Europe, mieux vaudrait alors transformer l’euro de monnaie unique en monnaie commune.
3) La souveraineté budgétaire et fiscale de la France doit rester dans les mains du Parlement français. Sa préservation est la condition, à tous égards, de notre indépendance future, y compris diplomatique et militaire.
4) Il est temps de redresser l’Europe à partir de ses nations. Celles-ci sont le cœur vivant de la démocratie. Le but est d’édifier une « maison commune européenne », ou comme disait le général de Gaulle, une « Europe européenne », ouverte vers la Russie à l’Est et vers la Méditerranée et l’Afrique, au Sud. Cette construction se fera avec les peuples, c’est-à-dire par la force des choses, à géométrie variable, avec ceux qui le veulent.
Ayant pu exercer, autant que je le pouvais, le rôle pédagogique que je m’étais assigné, et n’ayant plus aujourd’hui les moyens de continuer ma campagne, je décide de retirer ma candidature à l’élection présidentielle. Je continuerai cependant, demain comme hier, à faire entendre ma voix pour servir la République.
Dans les temps difficiles qui sont devant nous, rien n’est plus important que de maintenir un recours républicain.
J’indiquerai bien sûr, le moment venu, le candidat à l’élection présidentielle auquel, les yeux ouverts, j’apporterai mon soutien
Lettre ouverte à Jean-Pierre Chevènement … de Laurent Pinsolle (DLR)
Par un drôle de hasard, j’ai fini mardi « Sortir la France de l’impasse », votre dernier livre, dans un train me ramenant d’un débat sur les 20 ans de Maastricht avec Yannick Jadot, député européen des Verts. Et le lendemain matin, vous avez annoncé le retrait de votre candidature.
Une inspiration républicaine et progressiste
Avec Philippe Séguin, vous avez été mes premiers tuteurs idéologiques, il y a 20 ans, lors des deux débats, celui sur le traité de Maastricht et celui sur « l’autre politique ». Vous avez été les premiers hommes politiques critiques des conséquences de la mondialisation et de l’affaiblissement des Etats, notamment en Europe. C’est vous qui m’avez fait m’intéresser au gaullisme et au Général de Gaulle. C’est pour cela que je garde votre visage sur la bannière de mon blog.
Depuis une vingtaine d’années, vous avez défendu des idées qui avaient bien besoin de l’être. Votre opposition à la première guerre du Golfe était une introduction à l’opposition de la France à la seconde expédition en Irak. Votre opposition au statut de la Corse représentait une exigence d’égalité républicaine opposée aux communautarismes qui mitent notre Etat. Vous apportez votre pierre au débat d’idées avec votre excellente fondation Res Publica.
Une voix dans la campagne présidentielle
Quand vous avez annoncé votre candidature, paradoxalement, je n’étais pas inquiet par la division du camp républicain. Pour moi, un plus un pouvait être égal à trois… Je pensais que nous ne serions pas de trop pour défendre des idées qui sont tellement caricaturées, que ce soit la sortie de l’euro, le protectionnisme, ou la construction d’une Europe des nations. Et paradoxalement, nous nous serions peut-être renforcés l’un l’autre du fait de l’égalité des temps de parole.
Tout comme « La France est-elle finie ? », votre livre « Sortir la France de l’impasse » est une contribution utile à la campagne présidentielle. Comment ne pas partager votre analyse de l’impasse économique, de la crise de l’éducation nationale, de la remise en cause de notre modèle républicain ou votre critique de la repentance ? Bref, encore une fois, les points de convergence abondent, comme j’avais pu le constater il y a 18 mois lors des universités de rentrée du MRC.
Quel choix pour 2012 ?
Etant donné mon parcours (je vous ai soutenu en 2002), j’espère que vous soutiendrez Nicolas Dupont-Aignan, mon candidat à la présidentielle. Ce rassemblement, je l’appelle de mes vœux depuis longtemps et un meeting commun fin 2007. Il y a même peut-être un petit clin d’œil à son attention dans votre livre quand vous dites que le prochain président de la République « pourra être le grand « Instituteur » du peuple (du latin instituere, mettre debout »), page 199.
D’ailleurs, les quatre enjeux que vous avez posés pour cette campagne sont totalement compatibles avec le programme du président de Debout la République (réindustrialisation par une monnaie moins chère, croissance, souveraineté budgétaire et Europe des nations). De toutes les forces politiques en présence, et en essayant d’oublier mon parti-pris, il me semble que nous sommes les plus proches, comme je l’avais théorisé en parlant des deux familles de l’ordo-souverainisme.
Je sens une tension entre vos convictions et la volonté de les faire avancer plus vite. Il n’y aurait nul calcul politicien dans un soutien au PS, seulement le choix d’une stratégie qui vous semblerait plus efficace. En effet, vous pouvez penser qu’il vaut mieux soutenir un parti au pouvoir et l’influencer. Mais les Français veulent une alternative républicaine et il faut qu’elle soit forte dès 2012 pour ne pas laisser certaines idées à qui vous savez. L’évolution des scores du Modem et des Verts démontre la grande plasticité du corps électoral et nous donne toutes les raisons d’espérer étant donné le contexte actuel.
Par conséquent, je crois qu’il vaut mieux éviter les procès d’intention et vous laisser, avec le MRC, réfléchir sereinement à la position que vous prendrez pour cette élection présidentielle. Cependant, un héritier de Jospin et Delors est-il le mieux à même de répondre aux quatre enjeux que vous avez posés, et qui sont en contradiction complète avec tout ce que ses pères politiques ont construit ? Ne dit-on pas aussi en Corrèze que les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent ?
Votre parcours ne vous donne aucun devoir vis-à-vis de quiconque. Est-il vraiment possible d’espérer quoi que ce soit du PS ? J’ai ma réponse. Je respecterai la vôtre, quelle qu’elle soit, mais en espérant que vous nous ferez l’immense honneur de soutenir NDA
Electeur 2012 : elle votait Chevènement, mais n’ira pas chez Hollande
- Coralie Delaume – Blogueuse Mariane2.fr
Micro-trottoir 2012 c’est une série d’interviews de futurs votants à la présidentielle, par Coralie Delaume. Rendez-vous aujourd’hui avec Anne, 38 ans, qui penchait pour Chevènement avant d’apprendre son retrait de ce matin mercredi 1er février.
Anne a 38 ans. Elle est fonctionnaire et occupe un poste à responsabilité dans le domaine des ressources humaines.
Coralie Delaume : A 90 jours de l’élection présidentielle, pour quel candidat envisagez-vous de voter ?
Anne : La question est encore un peu difficile car la multiplicité des candidats déclarés ou supposés rend le choix complexe, sauf sans doute pour les militants et les adhérents des différents partis, dont je ne suis pas.
Par ailleurs, un choix trop anticipé pourrait être rendu rapidement caduc par un trop faible nombre de signatures, un abandon ou un ralliement. Cependant, son expérience et ses propositions me portent à m’intéresser particulièrement à Jean-Pierre Chevènement.
C.D : C’est une candidature que l’on n’attendait pas forcément. Comment avez-vous réagi à son annonce ? L’espériez-vous ? Suivez-vous Jean-Pierre Chevènement depuis longtemps ?
A. : Je crois avoir été marquée par sa démission – dont j’ai compris plus tard qu’elle était la seconde avant de devenir ensuite la deuxième – du poste de ministre de la Défense lors de la première guerre du Golfe. J’avais alors hésité entre lâcheté devant l’épreuve ou courage pour faire valoir son opinion et ses valeurs. Sa constance, les suites de cette intervention et les explications qu’il a pu ensuite fournir m’ont convaincue qu’il s’agissait bien là de courage, bien rare dans la classe politique.
J’avoue ne pas être une si grande connaisseuse de la vie politique ou une telle admiratrice de Chevènement pour avoir espéré ou avoir conçu de grands sentiments à son annonce. Sa candidature me paraît simplement s’inscrire dans la suite d’une vie courageuse et droite au service d’une conception de la France sans doute disparue en 1969 et qu’il souhaite encore représenter ou au moins rappeler aux électeurs et autres candidats.
C.D : 1969…pour vous, la candidature de Chevènement est donc une candidature gaulliste avant d’être une candidature de gauche ?
A. : Oui, et c’est en grande partie pour cela que j’envisage de la soutenir par mon vote au printemps. Elle est probablement d’autant plus gaulliste qu’elle ne s’en réclame pas à longueur d’interviews comme continuent à le faire de trop nombreux candidats qui en trahissent par ailleurs le fond après avoir abandonné tout espoir d’en atteindre l’excellence de la forme.
C.D : Il est vrai que la référence au gaullisme est devenue très « tendance ». A quel(s) usurpateur(s) pensez-vous en particulier ?
A. : J’aurais tendance à dire : tous ceux qui s’en réclament, en tout premier lieu Nicolas Sarkozy, et cette UMP qui se targue d’avoir encore des représentants du gaullisme (de Fillon à Juppé), alors qu’il n’en est rien. Ces derniers, sans la moindre hésitation, ont permis à l’économie de sortir de son rôle de service de la communauté pour lui abandonner le pouvoir (cette fameuse intendance qui devait suivre dans l’esprit de De Gaulle) ou ont dilué – voire dissout – la souveraineté de la France et la certaine idée que l’on pouvait s’en faire, la réduisant à l’impuissance et bientôt à l’impotence.
C.D : Quid de « petits » candidats tels Dominique de Villepin ou Nicolas Dupont-Aignan, qui se réclament également – en particulier le second – du gaullisme ?
A : Dominique de Villepin a trop longtemps servi des gouvernements tels que je les ai décrits avant de s’en détacher pour des questions de querelles personnelles plus que de vision du monde, même s’il convient de porter à son crédit son action aux Nations Unies avant l’invasion de l’Irak par les Etats-Unis.
En revanche, la prise de distance déjà ancienne et assumée de Nicolas Dupont-Aignan avec l’UMP et son discours méritent un réel intérêt. Je ne sais pas ce que penseraient celui-ci et Jean-Pierre Chevènement si je parlais de proximité de leurs analyses et de leur propositions. J’aimerais croire que cette proximité, malgré leurs positionnements de part et d’autre de l’échiquier politique, est le fruit d’un nouveau clivage, désormais plus pertinent et peut-être plus productif que le simple gauche – droite : celui qui sépare les libéraux, économiques et ou sociétaux, et les souverainistes républicains.
C.D : Jean-Pierre Chevènement l’a déjà fait savoir : pour lui, le clivage droite-gauche est encore valide, et lui-même se réclame sans ambiguïté de la gauche. Si, au second tour, Chevènement appelait à voter pour François Hollande, seriez-vous prêt à le suivre ?
A. : En aucun cas. A moins peut-être que des engagements majeurs soient pris par le candidat du Parti socialiste qui reprendraient les objectifs principaux de Jean-Pierre Chevènement sur l’école, la défense, la ré-industrialisation de la France et bien évidemment l’Europe et sa monnaie. Rien n’est pour l’instant moins sûr.
Le récent discours du Bourget prononcé par François Hollande, loué de toute part, ne m’a nullement convaincue. Je crois me souvenir qu’il nous a épargné la légalisation du cannabis, mais, il est revenu sur ces obsessions sociétales de la gauche, telles le mariage homosexuel et, surtout, cette aberration que me semble constituer le vote des étrangers aux élections locales. Il ne me semble pas, pour ma part, que l’on m’ait jamais proposé de voter en Thaïlande ou au Gabon. L’aurait-on fait que je ne m’en serais pas senti la légitimité.
Enfin, Chevènement a une autorité et une aura que lui vaut sa très grande expérience. Il a une stature d’homme d’Etat qu’Hollande – pardonnez-moi – ne me semble pas posséder.
C.D : Le sénateur de Belfort est donc expérimenté mais pas trop vieux, selon vous ?
A. : Il n’est certes pas jeune. Mais personne ne glose sur l’âge de Ron Paul, candidat à la primaire républicaine aux Etats-Unis, et âgé de 74 ans.
C.D : En effet, sur ce point, il est vrai qu’en France, on ne glose guère ! Pour qui avez-vous voté en 2007 ?
A. : En France, on sait ce qu’il a coûté à Lionel Jospin de gloser sur l’âge de Chirac !
En 2007, j’ai voté pour Nicolas Sarkozy, à l’époque sans hésiter. Même si je répugne à me dire « de droite » puisque comme je vous l’ai dit, je considère le clivage gauche/droite dépassé, je demeure relativement conservatrice. En tout cas, j’aimerais que l’on conserve ce qui mérite de l’être.
Par ailleurs, je ne me voyais pas accorder mon suffrage à Ségolène Royal, dont je doutais vraiment de la capacité à diriger un pays. Enfin, j’avoue avoir un peu cru à l’image que renvoyait Sarkozy, de même qu’à son discours. Cinq ans plus tard, hélas, continuer à y croire relèverait d’une naïveté coupable.
Comme prévu JPC se retire. C’est devenu chez lui une habitude de se retirer au moment crucial comme en avril 2002 où il s’est couché une énième fois devant le PS. Nous n’en serions pas là s’il avait été constant dans ses choix et non pas finalement le porte-serviette de la gauche néolibérale et européiste. Bon débarras! J’espère que personne n’a l’illusion qu’il se désistera pour un autre que François Hollande comme en 2002. La boucle sera ainsi bouclée!
La solution de la crise passait par un choix national ou par l’acceptation d’une Fédération européenne avec un gouvernement central européen.
Le choix national c’est Dupont-Aignan, Mélenchon, Marine Le Pen.
Sauront-ils être unis pour la France ? G.
Je ne peux que prendre acte d’une décision attendue, réfléchie et jusque dans ses justifications « pédagogique », s’adressant à l’intelligence du peuple français?
Par ailleurs j’ émets le vœu de voir Jean Pierre Chevènement épauler Nicolas Dupont Aignan, même si l’un se dit de gauche et l’autre de droite, car sur l’essentiel il y a accord.