Un couple Franco-allemand de plus en plus germanique
La dernière rencontre estivale Merkel-Sarkozy appelle de ma part quelques remarques :
Concernant la proposition réitérée de Nicolas Sarkozy de modifier la constitution française pour y introduire une obligation d’équilibre budgétaire, il convient de rappeler que la constitution définit le cadre dans lequel s’organise la vie politique. Or, l’article 20 précise que « Le Gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation. » Il est donc contraire à la constitution d’introduire dans le texte une « obligation » qui empêche le gouvernement de choisir librement sa politique. Au contraire, il revient au Gouvernement en place de rendre obligatoire l’équilibre budgétaire et à la majorité de l’approuver. Pour ma part, je le souhaite, tant la situation actuelle est sérieuse. Mais attention ! Ceci nécessite une politique fiscale rénovée et socialement plus juste. Cette proposition est d’autant plus inopportune qu’il existe une loi cadre en examen (ou au point mort) qui fixe (pour une législature ?) un cadre budgétaire contraint. |
Par ailleurs, la rencontre Merkel-Sarkozy a abouti à une proposition de mise en place d’un « gouvernement économique de la zone euro ». En fait, le couple franco-allemand veut faire un pas supplémentaire vers plus d’intégration, ouvrant de plus en plus le chemin à une Europe supranationale. Par ailleurs, cette proposition ne correspond à aucune réalité vérifiée. Le vrai problème reste celui de la BCE (banque centrale européenne), ou plus précisément de son indépendance, avec un seul objectif : lutter contre l’inflation. Pour être efficace, la BCE doit « obéir aux Nations » et mener une politique que ces dernières doivent lui commander.
Le Fonds européen de stabilité financière (FESF) est déjà en difficulté. En soi, cette nouvelle n’est pas une catastrophe. Par contre, tout le monde s’accorde sur un point : c’est Angela Merkel qui commande. C’est elle qui s’oppose aux « euro-obligations ». La France s’aligne sur la position des conservateurs allemands, et personne ne peut la blâmer. Elle défend avant tout les intérêts de son pays. Pourquoi n’en faisons-nous pas autant ? Enfin, concernant la proposition d’une assiette commune et taux identique pour les impôts sur les sociétés, retenons la réaction opportune de Jacques Myard, pourtant député UMP : « Ce n’est pas entre ces deux pays que le problème de la disparité se pose le plus, mais par exemple avec l’Islande qui refuse mordicus de changer sa législation ».
En cette période préélectorale, il convient de bien analyser les positions des éventuels futurs candidats et des appareils politiques qui les soutiennent. Et je suis totalement persuadé, hors polémique politicienne, que les partis dominateurs auront une vision quasi-identique. C’est bien triste pour la France. Alain KERHERVE |
« Ce n’est pas entre ces deux pays que le problème de la disparité se pose le plus, mais par exemple avec l’Islande qui refuse mordicus de changer sa législation ».
Coquille : il s’agit de l’Irlande ! Et du Luxumbourg !
Les Islandais, eux, ont parfaitement compris l’arnaque.
Je trouve les dirigeants allemands plus lucides que les nôtres pour refuser de payer à fonds perdus une aide aux pays de l’UE sous perfusion à cause de l’euro fort. Angela Merkel défend bien les intérêts allemands et on ne saurait lui reprocher mais le vrai problème est nos dirigeants!
De toutes les façons les décisions de l’UE sont toujours trop tardives et trop faibles au regard de la situation, ils ne font que retarder l’échéance de la chute finale de la zone euro d’ailleurs Jacques Delors a exprimé ses inquiétudes » la zone euro est au bord du gouffre »