Rupture des liens existants entre la France et la Guinée

 

De Gaulle   à  Sékou Touré* (22 novembre 1958)

Monsieur le Président,

Votre lettre du 14 novembre, répondant au message que je vous avais faire remettre par M. Nabi-Youla, m’est bien parvenue.

Pour confirmer et compléter ce message, je vous adresse la note que vous trouverez ci-jointe.

Veuillez croire …

Note manuscrite du 22 novembre 1958 pour le président Sékou Touré

Le gouvernement de la République française a confirmé, au lendemain du référendum du 28 septembre, qu’il ne faisait pas obstacle à la rupture des liens existants entre la France et la Guinée. Il a manifesté cette reconnaissance de facto par l’envoi auprès du Conseil de gouvernement de Guinée d’un chargé de mission pour régler les principales questions posées dans l’immédiat par la situation ainsi survenue.

En meure temps, le gouvernement de la République française a précisé que l’établissement définitif de ses rapports avec la Guinée dépendait de la conclusion des accords qui seraient éventuellement passés et de l’acquiescement de la Communauté aux conventions ainsi établies.

Le gouvernement français n’ignore pas que ces conditions ne pourront être satisfaites sur-le-champ. Aussi est-il disposé, si la Guinée en exprime le désir, à laisser en place pour le moment les organismes de la zone franc et les services de sécurité aérienne et maritime.

Le maintien en place de ces organismes est toutefois conditionné par le rétablissement des modalités régulières d’existence de la zone franc et par le respect, de la part de la Guinée, des règles fondamentales du statu quo.

Dans cette perspective, et en attendant les propositions précises de négociations que la Guinée voudra présenter, la mission du gouverneur Risterucci sera réduite à compter du lu décembre, les problèmes concernant les conséquences administratives de la situation nouvelle étant pratiquement réglés. Un organisme de liaison pourra, toutefois, continuer à assurer les contacts de fait et à centraliser certaines questions litigieuses concernant la Communauté en Guinée.

Cette situation provisoire prendrait fin lors de l’aboutissement éventuel de la négociation qui pourrait s’engager. C’est sur la base des accords conclus que la question de la reconnaissance de jure de la République de Guinée pourrait alors être résolue.

Touré

 

 

* Ahmed Sékou Touré, né le 9 janvier 1922 à Faranah et mort le 26 mars 1984 à Cleveland, est le premier président de la République de Guinée, en poste de l’indépendance obtenue de la France en 1958, jusqu’en 1984.

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