Etre gaulliste, c’est aussi tenir compte des réalités.
L’héritage gaulliste appartient à ceux qui veulent unir
Dans une lettre ouverte à François Asselineau, Laurent Pinsolle s’exprime sur le climat délétère qui règne entre DLR et l’UPR.
Au moment ou la France gaulliste se réveille face à un pouvoir chancelant, alors que l’Union est de plus en plus nécessaire à construire une réelle alternative au pouvoir UMP et PS, c’est à dire au pouvoir exclusif des partis politiques comme au bon temps de la IVe république, cette mise au point est la bienvenue.
Il semble donc que cette posture politicienne de l’UPR veut rendre un service éminent à l’actuel locataire de l’Elysée qui se voit de plus en plus contesté par la frange la plus « Ve République » de la majorité présidentielle.
L’UPR, c’est aussi l’artillerie lourde contre Dominique de Villepin ; les mensonges sont innombrables. L’UPR écrit : « M. de Villepin reste tout aussi silencieux sur ce qu’il convient de faire concrètement quant à la réintégration de la France dans le commandement militaire de l’OTAN. » Et pourtant, Dominique de Villepin s’est opposé à la réintégration dans le commandement intégré. « Nous n’acceptons pas qu’on touche à l’indépendance de la France, en revenant dans le commandement intégré de l’OTAN ». déclare-t-il le 19 juin de cette année lors de la création de République Solidaire…
et, l’UPR poursuit : « quant à la présence de troupes françaises en Afghanistan, et sur les massacres hebdomadaires de civils que celle-ci occasionne ». « Peut-on admettre que la France laisse mourir ses soldats en Afghanistan dans une guerre dont elle n’a pas le courage de se retirer ? » précise pourtant à la même occasion le leader de République Solidaire.( Lire aussi sur Gaullisme.fr)
Mais plus qu’une mise au point, Laurent Pinsolle lance un appel à l’union des deux rives républicaines et sociales. Que tous ces hommes de bonne volonté, qui veulent une France maîtresse de son destin dans une Europe nouvelle à structure confédérale organisée autour de projets d’avenir, s’unissent loyalement.
Voilà ce qu’il faut retenir du texte de Laurent Pinsolle que Gaullisme.fr approuve sans aucune réserve.
Alain Kerhervé
Lettre ouverte à François Asselineau
Je ne suis pas persuadé que les querelles entre DLR et l’UPR aient un quelconque intérêt pour les Français, mais il y a eu trop d’échanges aigres et d’impostures depuis quelques mois pour ne pas y répondre un peu plus formellement.
Le mauvais procès fait à Nicolas Dupont-Aignan
Le premier aspect qui me choque fortement, c’est l’avalanche de critiques que vous et vos troupes adressaient au président de Debout la République. J’ai parfois l’impression qu’il est la personnalité politique que vous critiquez le plus, bien plus finalement que Nicolas Sarkozy ou les socialistes alors que le président de DLR s’est opposé au TCE ou au traité de Lisbonne. En tout cas, c’est ce qu’il ressort de l’examen de vos forums sur Facebook.
Et certaines phrases publiées par le modérateur en votre nom sont particulièrement révoltantes et outrancières. Vous écrivez « Imagine-t-on Charles de Gaulle réclamer en juin 1940 ‘une autre Europe hitlérienne’ » pour qualifier notre position sur l’Europe. Et vous comparez le vote de NDA en faveur de Nicolas Sarkozy en mai 2007 à un « appel à titre personnel à voter les pleins pouvoirs » (au maréchal Pétain en juin 1940). Ces dérapages sont aussi ridicules que celui de Viviane Reding.
Le mythe de la French American Foundation
Puisque cette boule puante ressort à intervalles très réguliers, il faut lui tordre le cou. Oui Nicolas Dupont-Aignan a participé en 2001 à un voyage d’étude aux Etats-Unis avec d’autres jeunes parlementaires. Cette participation lui a donné le titre de « Young Leader ». Mais depuis, il n’a jamais été en contact avec la FAF et il faut bien préciser qu’il n’a jamais demandé à devenir un « Young Leader » ni déposé le moindre dossier pour le faire, contrairement à ce que certains avancent sur vos forums.
Mais surtout, qui peut croire un instant que Nicolas Dupont-Aignan serait un agent double au service des intérêts étasuniens ? Tout dans son parcours montre que c’est le contraire absolu de sa pensée, lui qui s’est opposé vigoureusement au retour de la France dans le commandement militaire de l’OTAN, lui, qui n’a pas voulu du soutien de Libertas aux élections européennes du fait de l’atlantisme de ce parti. Tout ceci relève d’un fantasme conspirationniste mal placé.
Le mythe du lien avec l’UMP
Ensuite, vous dites qu’il a soutenu Nicolas Sarkozy lors des élections présidentielles, sans préciser quand ni comment. Cette présentation des faits est abusive puisqu’il a seulement indiqué qu’il voterait pour lui après le débat d’entre deux tours (ce qui n’est pas la même chose qu’un soutien avant le premier tour). Et vu la prestation pitoyable de Ségolène Royal, un tel choix n’est pas incompréhensible (même pour moi, qui, à titre personnel, avais fait un choix différent).
Et lors des élections législatives, si l’UMP n’a pas présenté de candidat contre lui dans sa circonscription, c’est surtout parce que le parti présidentiel avait fait un sondage qui leur avait montré que cela était totalement vain, comme l’ont montré les résultats des élections régionales de 2010 où DLR a largement devancé l’UMP sur la circonscription.
Enfin, surtout, Debout la République n’a plus de lien avec l’UMP depuis début 2007 et est devenu indépendant, y compris financièrement. Cela représente le meilleur témoignage de notre autonomie, comme l’ont illustré nos campagnes pour les élections européennes et régionales et toutes les prises de position que nous avons pu prendre depuis lors.
Un mauvais procès sur l’Europe
Il est intéressant de débattre du moyen de sortir la France du carcan européen actuel. On peut croire qu’il est possible de réformer la construction européenne et de construire une nouvelle Europe où toute dimension supranationale serait supprimée. Après tout, le Général de Gaulle a réussi à obtenir cela avec la politique de la chaise vide qui avait abouti au compromis de Luxembourg, qui donnait aux Etats un droit de veto sur les politiques communautaires.
Si nous pensons que quitter l’euro est un objectif en soi du fait des méfaits catastrophiques de la monnaie unique, nous pensons que quitter l’Union Européenne n’est pas un objectif en soi mais que sa réforme radicale l’est, comme nous l’avons fait en proposant un traité alternatif lors de la campagne des élections européennes en 2009. Vous avez une opinion différente et considérez que la sortie de l’Union Européenne est un objectif en soi. C’est votre opinion, je ne suis pas d’accord, mais je la respecte.
En revanche, j’aimerais bien que vous respectiez la nôtre. Lors de multiples débats avec un de vos adhérents qui tient le blog La lettre volée, je me suis heurté à un mauvais procès ridicule concernant notre position. La théorie soutenue par vos adhérents est que, si DLR était au pouvoir, nos partenaires européens refuseraient nos propositions et que nous nous coucherions et accepterions de facto le statut quo. Là encore, je ne vois absolument pas ce qui peut vous faire dire cela.
Je n’ai aucun problème à débattre avec des personnes qui pensent que la sortie de l’Union Européenne est la seule solution, même si ce n’est pas ce que je crois. En revanche, je trouve extrêmement malhonnête de déplacer le débat comme vous le faites souvent sur le fantasme que vous vous faites du comportement que nous adopterions si nous étions au pouvoir. Trop souvent, le débat est impossible avec vous car vous divisez le monde politique en deux camps aussi irréductibles qu’artificiels, ceux qui veulent quitter l’Union Européenne et tous les autres.
Des clubs et des partis politiques
Et cela m’amène à un autre point qui me choque dans votre attitude. Debout la République est un parti ouvert. Le MRC de Jean-Pierre Chevènement a ainsi invité Jean-Pierre Gérard et moi-même à échanger lors de leurs universités, même si nous n’avons pas la même position sur l’euro. Et après Jean-François Kahn en 2009, nous avons invité Paul-Marie Couteaux à s’exprimer aux nôtres cette année. Cette façon de faire me semble la meilleure pour amener un jour nos idées au pouvoir.
Vous, à l’opposé, êtes quasiment exclusivement dans l’invective et la critique à l’égard de la sphère alternative. Outre les critiques régulières à l’encontre de notre mouvement, vous venez de vous en prendre au RIF dans une discussion sur votre page Facebook. Et si vous soulignez que nos militants viennent sur vos forums pour apporter la contradiction, c’est en général sur des discussions que vous avez débutées, dont vous ne trouverez pas l’équivalent chez nous.
Et puisque vous évoquez les différences entre DLR et l’UPR, je vais me permettre d’être un peu désagréable mais réaliste. Il y a une grande différence entre nous. L’UPR n’est qu’un club politique comme il en existe des dizaines voir quelques centaines en France. Debout la République est un vrai parti politique national qui a présenté des listes indépendantes aux élections européennes dans la métropole, devançant Lutte Ouvrière, malgré une campagne très courte.
Et aux élections régionales en Ile de France, nous avons dépassé les 4% et devancé le Modem et le NPA, devenant le sixième parti de la région grâce à un programme de fond sur les questions qui touchent la région. Bref, si nous sommes encore un petit parti, nous sommes un véritable parti politique national, en forte croissance, et avec un chef de plus en plus reconnu et populaire et qui est d’ors et déjà en position de commencer à bousculer les grands partis en 2012.
Je ne sais pas ce que vous cherchez à faire en agissant de la sorte, loin des réalités électorales. Mais en tout cas, je vous remercie d’exister car vous montrez par ricochet qu’il existe des formations alternatives plus ouvertes et plus à même d’accéder au pouvoir un jour, contrairement à vous.
Laurent Pinsolle
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