Au moins, en URSS, le journaliste était en uniforme…
- Par Nicolas Dupont-Aignan le 12 juillet 2010
Ce soir, le président de la République a été habile. En faisant croire que l’exaspération des français portait sur des accusations de malhonnêteté à l’encontre d’Eric WOERTH, il a décrédibilisé un peu plus une presse insultée par ses ministres, et il a fait oublier le véritable scandale de cette affaire : à savoir le conflit d’intérêt permanent, la proximité du pouvoir et des milieux d’argent, la République des copains et des arrangements scellés au Fouquet’s un soir d’élection présidentielle.
Car bien entendu, la question de savoir si le « punching ball » Eric Woerth est honnête ou pas ne peut-être tranché que par une justice indépendante.
De même, la question de savoir si ce dernier a une tête à couvrir la fraude fiscale, s’il ne dort plus la nuit ou si ce qui lui arrive relève du surnaturel n’est pas le problème.
Ce qui est en cause, c’est bien plus que cela, c’est l’intégrité même de la République et la question de sa légitimité à l’heure où le taux d’abstention peut atteindre 70% sans que cela ne provoque une révolution, où l’on supprime les allocations logements pour les étudiants des familles modestes, à l’heure où le Ministre de l’Economie parle franglais, où l’on s’assoie sur le résultat d’un référendum et où Mme Morano traite un organe de presse de « fascisto-trotkiste » (sic).
Ce qui est en jeu, c’est bien la survie de notre démocratie, et la question de savoir quel espoir nous pouvons, nous, Députés de la Nation, journalistes, acteurs de la société civile, citoyens, apporter à notre pays.
Or, en manipulant un journaliste « prudent », en ne répondant pas aux questions et – pour chaque sujet – en travestissant la réalité, Nicolas Sarkozy vient de porter un nouveau coup à notre démocratie. Il exaspère les plus lucides, il excite les dominés et plus grave encore, il trompe les naïfs, viole les candides sur l’air du « tu l’as bien cherché ».
Rien sur les conseillers Elyséens se répandant dans les dîners et se vantant de pouvoir influer sur une justice dont ils connaissent « très très bien » les acteurs, rien sur l’iniquité d’un bouclier fiscal odieux qui consiste à remercier les plus riches de ne pas détester tellement la France qu’ils la quittent, rien sur la politique africaine du Premier Ministre Claude Guéant, rien sur ses liens d’amitiés avec le procureur d’un département qu’il connaît bien et qui serait le seul susceptible de mettre en cause Eric Woerth, rien sur un rapport de l’OCDE nous expliquant que nous devons accueillir plus d’immigrés pour relancer notre croissance, rien sur la gouvernance économique prônée par Bruxelles et imposée par une Allemagne que Nicolas Sarkozy avoue vénérer, et qu’il accepte sans broncher, droit qu’il est devant son drapeau européen. Rien. Le vide sidéral.
Alors bien sûr, personne n’espérait rien de cette intervention télévisée. Un peu comme en URSS à la grande époque, on regardait en espérant un coup de théâtre, ou pour connaître la couleur des sièges du nouvel avion présidentiel.
Mais au moins, en URSS, le journaliste était en uniforme. Les soviétiques avaient le mérite de l’honnêteté !
PARIS, 13 juillet 2010 (AFP) – Le président de Debout la République Nicolas Dupont-Aignan (ex-UMP) a estimé mardi qu’Eric Woerth « se moque des Français » en démissionnant de son poste de trésorier de l’UMP « sans reconnaître le caractère inadmissible » du cumul de cette fonction avec celle de ministre. « En démissionnant sans reconnaître le caractère inadmissible de ce cumul dénoncé et démontré par toute la presse libre, M. Woerth se moque des Français », s’est insurgé le député non-inscrit de l’Essonne dans un communiqué. Selon lui, « tant que le gouvernement et le président de la République ne comprendront pas que nos concitoyens ne supportent plus les connivences entre les oligarchies politiques, économiques et financières dont le bouclier fiscal est le plus éclatant symbole, ils ne mériteront pas leur confiance ». Le ministre du Travail a annoncé mardi qu’il allait quitter ses fonctions de trésorier de l’UMP, en soulignant, dans un entretien au Figaro, que « l’Inspection générale des Finances a montré qu’il n’y avait eu aucun conflit d’intérêts entre (ses) fonctions de trésorier et de ministre du Budget ».
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