Lettre à Dominique de Villepin
Choisel Francis – mardi 15 juin 2010
Monsieur le Premier Ministre,
Vous vous apprêtez à lancer votre mouvement politique. Vous voulez bâtir une alternative au
sarkozysme. Et vous ambitionnez qu’elle dépasse votre propre personne, qu’elle ne soit pas seulement « villepiniste », ou même « néo-chiraquienne », mais authentiquement gaulliste.
Vos déclarations et celles de ceux qui vous entourent en font foi. Le site de votre club politique en témoigne également. Vous y situez votre action dans « un esprit de rassemblement inhérent au gaullisme » et vous vous y considérez comme l’incarnation d’« une certaine idée de la France et de ses institutions », cette « certaine idée » de la première page des Mémoires de Guerre, ces institutions qui sont le legs principal, ou du moins le plus consensuel, du fondateur de la Ve République. D’où le choix du 19 juin, le lendemain du 18 ainsi que l’ont souligné tous les commentateurs, comme date de votre congrès fondateur.
Ne croyez-vous pas que cette Europe que dénonce le général de Gaulle est celle de la Constitution européenne et du traité de Lisbonne, dans laquelle nous vivons hélas aujourd’hui ? Et n’avez-vous pas appelé à voter, en 2005, cette constitution que les Français ont rejetée ? N’avez-vous pas accepté sans sourciller ce traité ?
Pensez-vous aussi que le général de Gaulle eût admis que ce que les Français avaient défait par référendum, à une large majorité, un Président, un Gouvernement et une poignée de parlementaires puisse le refaire malgré eux et sans les consulter ?
Alors, si vraiment vous voulez incarner le gaullisme, il vous faut dénoncer hautement le traité de Lisbonne, son contenu aussi bien que la procédure par laquelle il a été imposé.
Il vous faut clairement annoncer que vous êtes déterminé à ce que la France recouvre sa liberté d’action vis-à-vis de Bruxelles, autrement dit à substituer une Europe gaullienne à l’Europe de Jean Monnet et de Jacques Delors. Les Français, n’en doutez pas, vous suivront…
Vous devez le faire, plutôt que d’appeler, comme récemment, à « une gouvernance européenne plus forte, une Commission plus forte, un Parlement plus fort, pour remettre cette Europe en marche »
Si vous vous y refusez, parce que telles ne sont pas vos convictions ou parce que vous n’avez pas le courage d’une telle rupture, alors, avec regret, je vous dénie le droit de vous réclamer du gaullisme
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