Régionales : ne pas perdre son âme pour quelques sièges.

Il n’est pas certain que les élections régionales retiennent l’attention du corps électoral tant il est vrai que cette institution est bien loin des préoccupations de nos concitoyens. Les derniers sondages situent l’abstention autour de 50%.
Par contre, ce n’est manifestement pas le cas des partis politiques, gros, petits ou minuscules. Pour les plus importants, il s’agit avant tout d’assoir leur hégémonie locale, en vue, bien évidemment, de se servir au mieux en 2014 lorsque la nouvelle structure département-région votée en 2010 sera mise en œuvre. L’UMP fera-t-elle mieux qu’en 2004 ? Rien n’est certain, mais reconnaissons que le risque encouru est minime. A moins que …

 

elections2 Il n’est pas certain que les élections régionales retiennent l’attention du corps électoral tant il est vrai que cette institution est bien loin des préoccupations de nos concitoyens. Les derniers sondages situent l’abstention autour de 50%.

Par contre, ce n’est manifestement pas le cas des partis politiques, gros, petits ou minuscules.

Assoir une hégémonie

Pour les plus importants, il s’agit avant tout d’assoir leur hégémonie locale, en vue, bien évidemment, de se servir au mieux en 2014 lorsque la nouvelle structure département-région votée en 2010 sera mise en œuvre.

L’UMP fera-t-elle mieux qu’en 2004 ? Rien n’est certain, mais reconnaissons que le risque encouru est minime. A moins que …

Pour le parti socialiste, le péril est double. Perdre une seule région sera considéré comme un recul, et donc néfaste pour la préparation des échéances essentielles de 2012, présidentielle et législative.

La troisième force

Par ailleurs, à la suite des dernières élections au parlement européen, la capacité de nuisance d’Europe écologie – Verts est grande, même si les quelques sondages du moment marquent un tassement des intentions de vote en faveur de Daniel Cohn-Bendit et de ses amis au alentour de 15%, minimum syndical fixé par le leader de Mai 68. « Les régions doivent devenir un contre-pouvoir social, écologique et culturel à la politique de l’UMP » ; voilà son réel objectif, sans aucun lien avec la gestion[1] des Régions dans l’intérêt général.

Les petits…

Et puis, il y a les nombreux autres, allant de l’extrême gauche à l’extrême droite, en passant par les centristes, les divers droite et gauche, les alliances anticapitalistes…

En réalité, le problème des petits partis (Par leur implantation, non pas par leurs idées !) n’est pas le premier tour, mais le second.

Au dessus de 10%, et en fonction de la complexité de la loi électorale, ils peuvent persister et « interdire » de fait la Région de se doter d’une majorité, certes légitime, mais par défaut.

A moins[2], la fusion est possible pour placer quelques pions en vue d’une future implantation locale, mais au prix d’un renoncement sur l’essentiel. Pour les autres, seul le silence sera salutaire.

La crainte de François Bayrou

Déjà, les militants du Modem s’enrhument. Une majorité de cadres du parti de François Bayrou n’a pas hésité à franchir le pas en Poitou-Charentes derrière la socialiste Ségolène Royale pour s’assurer d’une existence qu’ils n’ont pas aujourd’hui. Leur exclusion immédiate, pour peu quelle veuille dire quelque chose, ne devrait permettre, en aucun cas, un appel à voter PS au second tour. Dans le cas contraire, il ne s’agira plus de politique, mais de « politicaillerie » comme le rappelait le général de Gaulle.

En vérité, l’échéance régionale n’est pas un bon moment pour François Bayrou crédité actuellement de 9%. Ne pensant qu’à l’élection présidentielle de 2012, le risque de marginalisation est trop important pour lui. Et ce n’est pas ses envolées lyriques « pour évoquer les exigences de vérité, de rassemblement et de justice qu’il oppose à l’autosatisfaction qu’il diagnostique chez Nicolas Sarkozy »[3] qui le démarquera des autres. Quel est le parti qui n’a pas, du moins en terme de communication, des exigences de vérité, de rassemblement et de justice ?

Et pourtant il persiste. A Arras, lors du dernier congrès du Modem, il prônait une grande ouverture à la condition de rester le pivot, et non d’être une force d’appoint. Pas de limites à l’ouverture prône-t-il ! « Des gaullistes aux socialistes ouverts, en passant par les écologistes, il n’y a aucune exclusive. Je ne vois pas des dans ces courants des adversaires ».

Les gaullistes de conviction

Les gaullistes, un courant ? Quelle impertinence ! Qu’y a-t-il de commun entre la conception gaullienne de l’Europe basée sur une structure confédérale respectant la souveraineté des nations, y compris avec des délégations limitées à un objet précis et dans le temps, et celle de la démocratie chrétienne dont François Bayrou se veut être l’héritier, avec un transfert de plus en plus important de compétences ? Aucune. Certes, reconnaissons-le, la position du leader centriste sur le retour de la France dans le commandement intégré de l’Otan est une avancée que les gaullistes ne peuvent qu’apprécier. Mais ce n’est pas suffisant. Son attachement au traité de Lisbonne adopté sans le consentement du peuple français, est, sur la forme et sur le fond, indigeste aux gaullistes de conviction.

Alain KERHERVE

 
[1] En fait l’un des autres enjeux essentiels de ces élections est aussi (et peut-être surtout) de convaincre les électeurs que les écologistes seraient capables de gérer des régions. Aujourd’hui, 57% des Français pensent le contraire
[2] Entre 5 et 10%
[3] Comme le précise Guillaume Tabard, Rédacteur en chef au service politique du Figaro – 19 janvier 2010.

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