Menaces sur Alcatel
mais que font les autorités françaises et communautaires ?
Durant les « Trente Glorieuses », notamment dans leur phase gaullienne, l’action de l’Etat en matière d’industrie a consciencieusement visé à maintenir, voire développer, les activités stratégiques et innovantes, indispensables à la prospérité et à l’indépendance économique de la Nation. C’est bien entendu de cette patiente résolution que sont issues des réussites françaises ou paneuropéennes sur lesquelles nous vivons toujours à l’heure actuelle : le secteur aéronautique et spatial (Airbus et Ariane, notamment), la technologie électronucléaire, le TGV, les matériaux de pointe (métaux, verres, composites,…), la construction navale et automobile, les télécommunications, etc.
Ce « miracle » français, remarqué parmi les autres « miracles » économiques des pays développés de l’après-guerre, reposait notamment sur un cadre réglementaire et douanier qui permettait à la France, pays de taille critique suffisante, de donner libre cours à son volontarisme d’Etat en vue de maîtriser au mieux son développement, garant de sa place sur la scène internationale.
Hélas, avec l’émergence d’une construction supranationale et ultralibérale d’abord, d’une globalisation financière compressant les coûts ensuite, cette saine logique a peu à peu cédé la place à son exact contraire : la désindustrialisation de plus en plus accélérée de notre pays. Alors que des pans entiers de notre économie ont été brutalement balayés par cette « mondialisation-clochardisation » (comme le textile), des industries stratégiques ont une à une été vendues, avec comme conséquence inéluctable des pertes d’emplois et de savoir-faire irremplaçables : ce fut le cas de Péchiney et d’Arcelor, cédés à des géants mondiaux soucieux de se débarrasser de concurrents tout en accaparant leurs parts de marché et leur recherche et développement. L’une des prochaines entreprises sur la liste semble hélas être Alcatel. Fusionnée il y a quelques années avec l’américain Lucent, Alcatel est prise en tenaille entre la logique de délocalisation vers des pays à moindre coût de main d’œuvre d’une part, et la déferlante annoncée de produits chinois concurrents sur le marché français et européen d’autre part.
Ainsi, le plan social en discussion au sein de l’entreprise depuis quelques mois est-il en train de se focaliser sur l’externalisation du développement des technologies dites « matures » vers une société partenaire, Nash Technology. Or, cette dernière, basée en Allemagne, a sa base-arrière pour la production au Vietnam… La logique paraît d’une redoutable limpidité : transférer en Allemagne la R&D pour ensuite en faire autant avec la fabrication des produits de nouvelle génération en Asie du sud-est. Les conséquences, en France, en matière d’emploi et de recherche seront évidentes.
Mais ce n’est pas tout. A l’occasion de l’entrée de la société Free sur le marché français de la téléphonie mobile, ce qui en fera le quatrième opérateur, les composants de télécommunication du chinois HuaweI vont submerger le marché français, privant Alcatel de son débouché naturel historique, au risque de provoquer un véritable carnage industriel ! Cherchant à casser les prix en matière de mobile, Illiad, la maison-mère de Free, devrait en effet massivement recourir à ces composants au prix moins élevés. Une partie de son capital étant détenue par Huawei, Illiad ne semble d’ailleurs pas avoir tellement le choix… C’est sans doute ce qu’attendaient ses trois concurrents, qui s’étaient jusqu’à présent abstenu de recourir aux composants télécom des pays émergents, pour convertir massivement leurs réseaux à la technologie chinoise. De sources concordantes, des manœuvres-pilotes sont déjà en cours en ce sens, selon un mécanisme absolument ahurissant : la société Huawei remplace gratuitement les équipements existants (principalement de marque Alcatel) par les siens, ce grâce à la générosité de l’Etat chinois qui, dans le cadre du plan de relance anticrise, l’a dotée d’un « prêt » de 30 milliards de dollars !
Ainsi, l’Etat chinois finance massivement des industries privées pour leur permettre de coloniser techniquement et économiquement un pays comme la France et mettre à mort les industries françaises concurrentes !
Qu’y trouve à redire la Commission de Bruxelles, censément très à cheval sur le respect d’une concurrence libre et non-faussée ? Rien, silence radio… Que fait le gouvernement français face à l’agressivité de la Chine ? Rien non plus, estimant sans doute que tout patriotisme économique, ne serait-ce que pour contrer celui de la Chine, parfaitement offensif celui-là, serait une atteinte à la bienséance libérale. Au plus, le ministère de l’Industrie tente-t-il de ramasser les pots cassés, accompagnant le fameux plan « social » voulu par la direction d’Alcatel.
Combien d’entreprises françaises et européennes immolées sur l’autel d’une mondialisation suicidaire faudra-t-il donc à nos dirigeants pour qu’ils corrigent, enfin, le tir ? Ne risque-t-il pas alors d’être trop tard ? C’est notamment pour provoquer la prise de conscience des Français sur les menaces très réelles de désindustrialisation que je continuerai à promouvoir la vision et les mesures qu’avancent les gaullistes et républicains de Debout la République.
Nicolas Dupont-Aignan
Député gaulliste (DLR)
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