Il faut sauver le soldat Jacques
villepinistes et chiraquiens serrent les rangs
En réaction au renvoi en correctionnelle de Jacques Chirac, Villepinistes et fidèles de l’ancien Président font front commun contre un «régime politique spécial» et un procès retardé. Cette décision judiciaire va-t-elle jouer le rôle de ciment dans l’opposition à Sarkozy ?
“Une sorte de mauvais film, de mauvais remake de règlement de compte à OK Coral”
La verve de Jean-François Probst rejoint le scepticisme des partisans de Jacques Chirac et de Dominique de Villepin : il y a quelque chose qui cloche dans le renvoi en correctionnelle de l’ancien président de la République.
«Je ne suis pas sûr que ce renvoi s’imposait : c’était aussi l’opinion du parquet», s’étonnait Hervé Mariton sur France info. Même si chacun des villepinistes prend bien soin d’affirmer son respect de la justice, la décision du juge de renvoyer Jacques Chirac est perçue comme un traitement particulier.
«Le juge ne suit pas le parquet, ce qui est de plus en plus courant, mais il le fait toujours dans le sens d’une plus grande sévérité, expliquait le villepiniste Georges Tron à Marianne2. Aujourd’hui, les politiques font l’objet d’instructions qu’on ne tient pas pour le reste de la société : qui est capable de se projeter 25 ans en arrière dans le contexte des supposés emplois fictifs ?»
Sérénité chez les villepinistes, détermination des chiraquiens
Parmi les membres du Club Villepin, certains parlent en privé «d’acharnement», tandis que Henri Cuq, proche de l’ancien président, déplorait sur RTL qu’on ne laisse pas Chirac en paix. Mais les chiraquiens comme les proches de l’ancien Premier ministre tiennent à signifier leur sérénité : «il affirme cette condition de justiciable, énonçait calmement François Baroin sur France info. Ce qui était, au départ de l’instruction, 500 contrats pour monter un système hors norme entre le RPR et la ville de Paris se résume à une vingtaine de contrat pour lesquels il y a des points d’interrogation.»
«Déterminés», Chirac et ses proches le seraient. «Cleastream, l’Angolagate et maintenant ça… L’ambiance est lourde !», confiait un d’eux. Néanmoins, personne ne lâche le père spirituel, certains villepinistes se félicitant même que Ségolène Royal évoque le risque, pour l’image de la France, que l’ancien Président soit traduit pour des faits si anciens. Des arguments partagés par François Hollande et, moins ouvertement, par André Vallini.
Grand silence en Sarkozye
Du côté de l’UMP, grand silence. Difficile de commenter une affaire qui pointe si clairement le chef de l’Etat. Seul le porte-parole Dominique Paillé avoue sa «surprise» et concède que l’affaire n’est pas très positive pour l’image de la France. Le silence est de mise, d’autant plus que la ministre de la Justice elle-mêle, Michèle Alliot-Marie, est plus proche de Chirac que de Nicolas Sarkozy, dont le nom transpire sans jamais apparaître dans tous les arguments présentés.
Ce règlement de comptes en plein contexte électoral serait-il si profitable que prévu au clan sarkozien ? Quelques jours après la réunion du Club Villepin et les derniers soubresauts de l’affaire Clearstream, le retour des affaires de la mairie de Paris et le renvoi de Chirac en correctionnelle offrent à ses partisans une nouvelle tribune où ils affichent la plus grande cohésion et une sérénité totale face à une justice que même la gauche juge sévèrement. Une justice réformée par le Président et que beaucoup perçoivent comme à ses ordres. Et si, à vouloir punir Chirac, le magistrat avait tendu le bâton pour battre Sarkozy ?
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Marianne.fr
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