La Ligue des droits de l’homme n’a pas grand-chose à voir avec les droits de l’homme

Mathieu Bock-Côté. Le Figaro

CHRONIQUE – Le 5 avril, Gérald Darmanin a questionné les subventions dont bénéficie l’association, provoquant une polémique. Par Mathieu Bock-Côté

Gérald Darmanin s’attendait-il à provoquer un tel tumulte en se questionnant sur le financement public de la Ligue des droits de l’homme, après les événements de Sainte-Soline? Les professionnels de l’indignation se sont vite rassemblés sous la bannière de cette dernière, en soutenant que jamais la LDH n’avait connu une telle remise en question depuis Vichy, en « pétainisant » ainsi tout à la fois le ministre de l’Intérieur et le gouvernement auquel il participe, accusé d’ailleurs de basculer vers la droite extrême. Le concept « d’extrême droite » n’a plus aucun sens et sert moins à décrire le positionnement d’un acteur politique qu’à l’ « infréquentabiliser ».

Mais cette polémique aura au moins permis à ceux qui l’ont creusée un peu de voir à quel point la Ligue des droits de l’homme n’a pas grand-chose à voir avec la défense des droits de l’homme, à quel point, autrement dit, le langage politique est falsifié, à quel point de vieux mots qui nous émeuvent servent à faire passer des idées qui n’ont rien à voir avec leur signification originelle. Car il suffit de se demander de quoi les droits de l’homme de la LDH sont le nom pour s’apercevoir que cette association militante fonctionne à la contrefaçon idéologique et médiatique. Il suffit pour cela de s’intéresser à ses prises de position pour s’en convaincre. La LDH, sans surprise, est très « immigrationniste ». On l’a vu récemment avec le projet de loi immigration, sévèrement condamné. En décembre 2022, la LDH plaidait pour « l’ouverture de voies légales et sûres pour désarmer les trafiquants, faire en sorte que les routes maritimes et terrestres ne soient plus de grands cimetières » ainsi que pour « la régularisation de toutes celles et tous ceux qui vivent et travaillent dans nos territoires ». Traduisons : la meilleure manière de lutter contre l’immigration illégale serait de la rendre légale. Il faudrait aussi régulariser tous ceux qui sont parvenus à pénétrer sur le territoire sans en avoir la permission. La logique des droits de l’homme culmine, pour la LDH, dans l’abolition des frontières, de l’État et de la nation.

La logique des droits de l’homme culmine, pour la LDH, dans l’appel à la censure de ceux qui ne voient pas le monde comme elle. Mathieu Bock-Côté

On se souvient probablement de l’étonnante campagne du Planning familial expliquant qu’un homme peut être enceint, dans la mesure où une femme biologique s’identifiant désormais comme homme sans avoir connu une opération de changement de sexe peut toujours porter un enfant. La LDH s’était ralliée au Planning familial en expliquant qu’il « casse les représentations du masculin et du féminin. Or cette rupture a toujours irrité les mouvements qui ont une représentation très sexuée de la société, selon les schémas habituels attribués à l’homme et à la femme ». Elle rappelait aussi le « rôle essentiel (du Planning familial) pour l’accueil inconditionnel des personnes, quelle que soit leur identité de genre ». La logique des droits de l’homme culmine, pour la LDH, dans la théorie du genre et l’abolition du masculin et du féminin.

On trouve quand même, en France, des gens pour s’opposer à ce discours. La LDH sait ce qu’elle veut faire d’eux : les faire taire. Elle s’est ainsi réjouie de la condamnation d’Éric Zemmour pour son discours à la Convention de la droite. Car la LDH adhère au concept de « discours haineux » consistant à exclure du périmètre de la parole légalement autorisée la remise en question du discours diversitaire. C’est aussi ce qui a poussé la LDH a en appeler à la sanction de Valeurs actuelles pour sa caricature d’une députée LFI. Apparemment, on peut être Charlie pour Charlie, mais pas pour VA. Dans un monde normalement constitué, les défenseurs des droits de l’homme devraient être les défenseurs les plus ardents des libertés publiques, même si elles servent à défendre des propos ou des caricatures qui choquent. Mais notre monde marche sur la tête. La logique des droits de l’homme culmine, pour la LDH, dans l’appel à la censure de ceux qui ne voient pas le monde comme elle.

La LDH s’est constituée dans le cadre de l’Affaire Dreyfus. Elle s’enorgueillit avec raison de cette naissance. Mais elle l’instrumentalise pour se porter à la défense de causes qui n’ont absolument rien à voir avec ce qu’on appelait historiquement les droits de l’homme. Elle étend sans cesse la définition de ces derniers jusqu’à vider cette référence de son sens, jusqu’à l’inverser, en légitimant des décisions de justice poussant à la restriction de la liberté d’expression. Elle cherche à nous faire croire que celui qui s’oppose à l’idée qu’un homme puisse être enceint trahit la mémoire du combat pour Dreyfus. Elle cherche à nous faire croire que celui qui s’oppose à l’immigration massive, et même à l’immigration illégale, trahit la mémoire de Dreyfus. Elle embobine tous ceux qui ne prennent pas la peine de voir plus loin que le titre d’une association qui trahit la mémoire de ses fondateurs.

6 commentaires sur La Ligue des droits de l’homme n’a pas grand-chose à voir avec les droits de l’homme

  1. Bonjour M. LE LABOURIER, Soyez rassuré. Ce n’est pas vous qui êtes visé, mais d’une façon générale je confirme ce que j’ai dit. Quant à mon attachement au « gaullisme social », sachez que le gaullisme est entier: indépendance, souveraineté, approche d’une Europe à statut confédérale, et bien entendu l’orientation sociale. Le gaullisme, c’est un tout. Ce que De Gaulle a proposé dans ce qu’on appelle « participation » (Je préfère « Association Capital-Travail ») est une révolution sociale bien plus importante que ce que propose tous ceux qui ont le mot social (ou socialisme) dans leur identité politique. Quant au droit de vote des étrangers non Français (hors UE) je suis contre. Vous le savez, nous avons eu déjà ce débat entre nous.

  2. Le Labourier Stéphane // 29 avril 2023 à 13 h 51 min //

    Bonjour, je suis un des responsables local de la ligue des Droits de l’Homme de Quimperlé, que vous avez donc dû pratiquer. je suis un peu surpris par vos propos monsieur Kerhervé. Il ne me semble pas, à aucun moment, vous avoir qualifié d’extrême droite… même si effectivement vous vous réclamiez un temps de Dupont Aignan vous avez clairement indiqué les raisons de votre éloignement de ce partisan de Zemmour. Je vous reconnais une rigueur argumentaire, même si nous ne sommes pas souvent d’accord, et une approche sociale de la situation des personnes en situation d’exil du pays de Quimperlé qui rappelle sans doute votre attachement à une forme de gaullisme social… cet article de Mathieu Bock Coté dont les fulgurances sont autant d’outrances est tissus de C…. Le Labourier Stéphane

  3. Je pratique la LDH et je peux affirmer qu’à partir du moment que l’on est pas en accord avec ce qu’elle fait et dit, nous sommes qualifiés d’extrême droite. C’est trop facile… Alain

  4. Cet article est composé de bobards et de conneries. Et c’est à la gloire de zemmour ! un article d’extrême droite qui n’a pas sa place ici.

  5. Vincent R.B. Blazy // 20 avril 2023 à 15 h 12 min //

    Oui, elle est totalement dans son rôle avec ces préconisations quant à l’immigration et le refuge chez nous en U.E., qui portent pleinement application de droits humains. Ne pas subir de trafic de son propre corps, ne pas souffrir et mourir en mer, demander l’asile ou encore conserver son travail lorsque l’on en a décroché un: cela n’implique nullement la régularisation de clandestin·es qui n’ont pas cette bonne raison de l’être (ou l’une des quelques autres), ni que ce doive absolument être irrévocable avant plusieurs années, ni encore n’oblige à nier le caractère délictuel de la clandestinité, et donc à en condamner les coupables à une juste peine (enfin, sans hypocrisie, c’est-à-dire du moment que lesdites voies légales existent et sont suffisamment fonctionnelles)!

    La transphobie et le binarisme fervent du second paragraphe(vivent de la suite (dans l’absence d’effort d’utilisation du vocabulaire adapté et la croyance irrationnelle en une «théorie du genre» dénuée de toute réalité sociologique) ne risquent pas de vous aider à étayer votre thèse. X) Heureusement que l’on n’est pas obligé de se stériliser pour que la société daigne ne pas confondre sexe et genre

    Tiens, dans un instant vous allez nous légitimer les caricatures antisémites de l’époque maintenant tant qu’elles sont de personnalités publiques… ‍♂️ C’est bien la peine de se prévaloir tacitement de dreyfusisme; il eût certainement exécré vos propos.
    Oui encore une fois, le droit à ne pas être discriminé est un droit humain (le problème n’est pas qu’elles choquent)…
    Et ce n’est pas parce que vous avez du mal à percuter quels sont les droits individuels fondamentaux, ce qui va dans le sens de l’intérêt général et ce qui le détériore, les progrès de la sociologie, ou encore ne serait-ce que les propos de la L.D.H. (mon premier paragraphe sur l’immigration, vous montre bien qu’il ne s’agit nullement de sa défense ni massive ni – encore moins – illégale), que cette dernière doit en pâtir!

  6. GLADIEU Jean-Dominique // 17 avril 2023 à 14 h 06 min //

    La question de fond n’est pas de savoir si on est d’accord ou pas avec tel ou tel positionnement de la LDH. C’est que la défense des droits de l’homme est, en principe, l’affaire des pouvoirs publics. Si tel est le cas dans les faits, il ne devrait pas y a voir besoin qu’existe une LDH (ou une LICRA ou tout ce qu’on veut). Si de telles associations existent (et ont un certain succès), c’est parce qu’une partie de l’opinion a le sentiment que l’action des pouvoirs publics en ce domaine laisse à désirer ou ne suffit pas. Sentiment justifié ou non ? C’est le débat.

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