Incroyable mais vrai…
Souverainisme, fin de l’austérité : quand le Covid-19 transforme Glucksmann, Dati et Bertrand en « coronaconvertis »
Par Hadrien Mathoux
Autrefois partisans de l’Union européenne, de la fin des frontières ou encore de l’austérité à tous crins, Raphaël Glucksmann, Xavier Bertrand ou encore Rachida Dati paraissent avoir tourné casaque face à la crise.
Conséquence contraignante de l’épidémie de coronavirus : les longues journées passées cloîtré entre les murs de son domicile offrent un espace propice à la réflexion et à la remise en question. Chez certains responsables politiques, le confinement semble avoir bouleversé les certitudes les plus ancrées. Jusqu’au palais de l’Élysée, où le président Emmanuel Macron a subitement redécouvert les vertus de l’État à la faveur des événements. Mais pas seulement : ces derniers jours, à droite comme à gauche, la défense contre vents et marées de dogmes que l’on croyait indépassables a sérieusement vacillé.
Raphaël Glucksmann poursuit sa mue
« L’Europe est au fond le dernier continent à croire en la fable de la mondialisation heureuse » ; « Si nous n’arrivons pas à faire bouger les lignes à Bruxelles sur certains sujets, l’Europe devra redonner aux États et aux nations leur souveraineté » ; « Ce qui doit primer, ce n’est pas l’idéal européen, c’est la nécessité de redevenir souverain« . Question à cent euros (ou à mille francs), qui est l’auteur de ces saillies anti-bruxelloises ? Arnaud Montebourg ? Jean-Pierre Chevènement ? Vous avez tout faux : ces phrases ont été prononcées par Raphaël Glucksmann, eurodéputé du Parti socialiste, qui ne cesse pourtant de rappeler que le « projet européen » est « le sens même de [sa] vie« . Dans un entretien à L’Obs, le fondateur de Place publique a vertement et lucidement critiqué les « dogmes au cœur de l’Union européenne », prévenant que l’organisation supranationale ne « survivrait pas » sans les remettre en question.
Poussant un peu plus loin son raisonnement, Glucksmann a estimé que la « question fondamentale » posée par la crise était « celle de la souveraineté« , qu’il imagine à plusieurs niveaux – européenne en cas de « grands chantiers communs« , nationale quand « les blocages sont indépassables« . Celui qui a toujours défendu avec lyrisme la perspective d’une fédération européenne ose même s’approprier le slogan du Brexit, « take back control« , considérant qu’il est « l’essence même de la politique« .
On peut difficilement reprocher à Raphaël Glucksmann d’être borné. Un temps chantre de l’atlantisme et défenseur invétéré de la mondialisation, l’intellectuel avait même été proche en 2006 du groupuscule Alternative libérale, qui proposait de mettre fin à la Sécurité sociale, avant d’avouer ne pas avoir réalisé « à quel point le néolibéralisme avait fracturé la société« . « Mon logiciel de pensée a contribué à former l’impasse dans laquelle nous nous trouvons aujourd’hui« , avouait-il à Mediapart en novembre 2018. Certains y verront un opportunisme coupable, d’autres applaudiront une courageuse capacité à reconnaître ses erreurs peu commune dans le landerneau politique. Toujours est-il qu’après le libéralisme économique, Raphaël Glucksmann récuse désormais l’européisme naïf.
Xavier Bertrand devient un soldat anti-austérité
L’intervention a marqué les esprits : interrogé sur les propositions consistant à obliger les Français a travailler plus à l’issue du confinement, Xavier Bertrand éclate d’une colère froide sur BFMTV, en se mettant à la place du citoyen moyen : « Je suis salarié, je me demande si mon entreprise va rouvrir, ma vie a changé du tout au tout, j’ai moins de pouvoir d’achat parce que je suis au chômage partiel, je ne suis pas responsable de tout ça, mais on me dit qu’à la sortie c’est moi qui vais payer la facture ? Non mais qu’est-ce qu’on veut là, rendre fou les Français ? » Le président de la région des Hauts-de-France prévient « ceux qui nous dirigent » : « Si à la sortie de cette crise la réponse c’est l’austérité, ils n’ont rien compris du tout. L’austérité, les logiques comptables, c’est quand même ce qui nous a mis dans cette situation-là, notamment pour les enjeux de santé et de production de biens de santé.«
Si à la sortie de cette crise, la réponse est l’austérité, ceux qui nous gouvernent n’ont rien compris. Je suis farouchement opposé à l’idée de faire payer la facture aux salariés. #BFMPolitique
Une prise de position tranchée qui peut étonner au regard du pedigree de Xavier Bertrand, tête d’affiche de la droite française au pouvoir dans les années 2000. De 2004 à 2005, il était secrétaire d’État chargé de la réforme de l’assurance maladie, puis est devenu ministre de la Santé sous Jacques Chirac entre 2005 et 2007. À l’époque, le démantèlement de l’hôpital public et la baisse du nombre de lits avaient déjà commencé… Xavier Bertrand devient ensuite soutien et porte-parole de Nicolas Sarkozy en 2007, avant d’obtenir le ministère du Travail. Il ne bronche pas devant les multiples mesures d’austérité, telles que le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux, et se montrait même ouvert à l’idée de discuter « la baisse des dépenses de santé » en 2011.
En 2016, Xavier Bertrand choisit de soutenir François Fillon à la primaire de la droite, engagement qu’il ne renie pas pendant la présidentielle. Il peut être utile de rappeler qu’à côté du programme économique de François Fillon, les réformes d’Emmanuel Macron apparaîtraient presque modérées… Le contexte des Hauts-de-France et la crise du coronavirus ont peut-être contribué à développer la fibre sociale de Xavier Bertrand, qui a quitté Les Républicains et avait critiqué la réforme des retraites il y a quelques mois.
Depuis le 7e arrondissement, Rachida Dati dresse une ode aux classes populaires
On pourra difficilement accuser Rachida Dati d’électoralisme : maire du très bourgeois 7e arrondissement de Paris, la candidate de droite à la mairie de la capitale ne compte guère sur les suffrages de ceux dont elle vient de prendre la défense dans le Journal de dimanche. Le 5 avril dernier, cette fidèle de Nicolas Sarkozy a rendu hommage à « cette France qui travaille tout en vivant dans des situations précaires : aides-soignantes, infirmières, ambulanciers, aides à domicile, femmes de ménage, caissières, livreurs ou encore personnel pénitentiaire« . Pour Rachida Dati, ce sont bien les gilets jaunes, « ceux qui nous ont alertés il y a quelques mois sur les ronds-points, qui tiennent aujourd’hui le pays à bout de bras« . Et l’ex-Garde des Sceaux d’appeler à en tirer les conséquences pour « mieux valoriser leur utilité sociale et revaloriser leurs salaires« .
De justes constats, qui font toutefois légèrement sourire lorsque l’on se rappelle que Rachida Dati fut l’un des piliers de Nicolas Sarkozy lors de son accession au pouvoir, et qu’elle a soutenu sans ambages la politique favorable aux plus aisés menée à l’époque, tout autant que la soumission des services publics aux logiques du marché. La ministre de la Justice n’était d’ailleurs pas la dernière à incarner ce style « bling-bling » proclamant le règne de l’argent-roi. Elle aussi avait d’ailleurs soutenu la candidature de François Fillon en 2017, malgré un programme dont le volet social était pour le moins limité, pour ne pas dire invisible.
Reconnaissons toutefois à la maire du 7e d’avoir déjà déclaré en novembre dernier que les gilets jaunes « manifestaient simplement pour pouvoir vivre décemment« . Fidèle à une autre facette du sarkozysme, Rachida Dati affirme défendre « les classes populaires qui travaillent« , estimant que « ceux qui étaient sur les ronds-points n’étaient pas des assistés, mais beaucoup de travailleurs pauvres« . On ne se refait pas non plus totalement.
Source : Marianne.fr
La politique c’est comme le foot, on change maillot t on repart taper le ballon !! mais en fait ils travaillent toujours pour les mêmes !! les mafias du la finance !! ils ont eu ordre de se replacer et ils exécutent une magnifique pirouette !! reste aux français de voir si leur volonté de servir notre peuple est convaincant !
Apparemment, les euroïnomanes sont en phase de désintoxication !