La Francophonie d’abord !

A Monsieur Emmanuel Macron, Président de la République
Palais de l’Élysée, 55, rue du Faubourg Saint-Honoré 75008


Monsieur le Président

Nous sommes un collectif d’associations de résistance francophone en synergie en France et dans d’autres pays ayant le français en partage.

Depuis votre candidature de 2017, nous vous avons saisi plusieurs fois de nos préoccupations au sujet de votre politique du français et de la Francophonie.

Vos engagements de candidat, écrits, sérieux, concrets, ont été accueillis en 2017 avec un vif intérêt. De même lorsque que vous reprîtes, le 20 mars 2018 sous la Coupole, l’essentiel de nos propositions dans la présentation de votre politique, ainsi que notre projet associatif (2001) d’« Institut de la Francophonie et de la diversité culturelle » au château de Villers-Cotterêts.

Nous nous réjouissons de la mise en place effective des moyens humains, financiers, administratifs, nécessaires au projet Villers-Cotterêts, dont les travaux commencent, en vue d’une inauguration en 2022.

Certes, en même temps, des signaux contraires inquiétants ont été émis par vous-même et votre gouvernement. Ils ont, du reste, été publiquement critiqués avec vigueur de divers côtés, y compris par nos associations.

Mais nous avons voulu croire que ces concessions à la « modernité » ne l’emporteraient pas sur votre rôle et votre volonté de Président de promouvoir les intérêts fondamentaux de la France et de sa civilisation, au cœur desquels figurent la langue française et la Francophonie.

Ainsi nourrissons-nous l’espoir que vous ferez, à terme rapproché, prévaloir ces intérêts face à deux évolutions fort dangereuses pour le français :

La première de ces évolutions découle du vote Brexit du 23/6/2016. La CEE avait fixé en 1958, en son règlement n°1, les langues officielles et de travail. Union, elle l’a, par votes à l’unanimité, adapté aux vagues d’adhésions. Après le Royaume-Uni qui déclara l’anglais pour l’usage de l’UE, l’Eire (République d’Irlande) fut le seul nouvel adhérent à déclarer cette langue, mais en ajoutant le gaèlique : unique exemple de membre à deux langues officielles « UE ».

Le Brexit fragilise donc – surtout politiquement – le statut actuel de l’anglais.

Or, un puissant mouvement s’est développé, dans diverses capitales et des institutions de l’UE, en faveur non de l’abandon ou de la réduction de la place de l’anglais, mais tout au contraire de son maintien. Voire de sa promotion comme « langue commune », officielle de fait, appelée à le devenir seule en droit. Cela en invoquant la situation actuelle conquise grâce à l’opiniâtreté des nouveaux entrants, et au laxisme persistant des autres, français en premier lieu. En osant aussi plaider que l’anglo-américain, n’étant plus langue officielle d’un membre important, devient « neutre », une sorte de commode « esperanto » !…

Il pourrait donc y avoir un vote du Conseil de l’UE pour adapter le statut des langues à la situation créée par le Brexit. Un vote selon la règle intangible de l’unanimité, qui entraîne le rejet du texte proposé si un seul pays y met son veto.

Monsieur le Président, c’est d’abord de la France que les Français – et des Européens et Francophones de partout – attendent un veto. Une opposition déterminée au mouvement pour la « langue commune ». Le Brexit aidant, on ne peut plus exiger des administrations nationales qu’elles travaillent sur des documents reçus uniquement en anglais, et répondent dans cette seule langue.

Il y va du destin de l’Europe elle-même, qui est diversité de hautes cultures, et non une vaste Prairie, un simple espace à uniformiser, notamment par l’anglais, pour mieux le dominer. Enjeu économique, mais surtout civilisationnel.

Monsieur le Président, la position que vous prendrez au nom de la France aura des effets et un retentissement considérables. Vous pouvez vous placer dans le sillage du Général refusant l’AMGOT en 1944, puis sortant de l’OTAN militaire en 1965 ; du peuple français repoussant la « Constitution Giscard » en 2005 ; et du Président Chirac, à qui vous venez de rendre un bel hommage, notamment pour son refus d’engager la France dans la guerre de M. Bush en Irak.

Monsieur le Président, à votre tour, vous avez entre vos mains le destin de la France. Pour la langue et les cultures en Francophonie, pour celles d’Europe, et la civilisation, vous seul pouvez dire « non » aux menées impériales.

La deuxième évolution très inquiétante est celle du passage de services publics français à l’anglo-américain toléré, voire officiellement encouragé. Il s’agit en particulier de l’enseignement supérieur public, à la faveur de la loi Fioraso de 2013, faite pour faciliter l’enseignement en anglais. Elle a pourtant interdit aux établissements d’offrir des formations diplômantes exclusivement en anglais.

Or, cette disposition reste ignorée par le ministère de l’Enseignement supérieur qui est allé jusqu’à accréditer ces formations malgré leur illégalité flagrante, pas davantage sanctionnée par les tribunaux administratifs, malgré tous les recours de nos associations auprès d’eux. En 2019, selon CAMPUS FRANCE, 1213 formations ne respecteraient pas la loi Fioraso et la Constitution  (article 2) !

Il s’agit aussi de l’audiovisuel public, où le CSA n’a pas rempli sa mission.

Également de ministères et d’organismes publics divers. En voici un exemple révélateur, absurde, dans le domaine du ministre des Transports :

Après le « pass navigo » de la RATP devenu bizarrement « navigo easy » en passant à la région d’Île de France, voici que la SNCF affuble du nom de « Greenspeed » la société regroupant Eurostar et Thalys ! Alors qu’elle pouvait choisir le simple « Eurothalys », ou « Eurapid(e) », « Euréclair » ?

Cette évolution n’est pas seulement d’un ridicule avéré, elle est destructrice. Elle contribue à détruire la confiance des Français en leur État, en un gouvernement qui, à leurs yeux, accepte, encourage la soumission du pays. Elle peut provoquer les réactions populaires du type « Gilets jaunes », et nourrir les extrêmes.

Monsieur le Président, vous venez d’appeler à l’action dans un autre domaine très sensible. Par ce même élan, nous vous en prions : appelez à faire cesser l’arrachage public du français, d’abord les deux grandes évolutions citées qui constituent une dangereuse « substitution de langue, de culture, de civilisation ».

Veuillez, Monsieur le Président, recevoir l’expression de notre espoir tenace en votre volonté et votre pouvoir d’agir, et de notre très haute considération.


Liste des 24 associations signataires et de leurs représentants élus :

Association des Écrivains combattants (AEC), SG : Alfred Gilder ;

Association Francophonie Avenir (AFRAV), président : Régis Ravat ;

Association pour la Promotion de la Francophonie en Flandre (APFF asbl)

De Haan, Belgique, directeur : Edgar Fonck ;

 

Athena, Association pour la Défense et la Promotion des Langues officielles de la Communauté Européenne, (siège à Luxembourg): président Anna Maria Campogrande ;

Avenir de la langue française (ALF), président : Albert Salon ;

Carrefour des Acteurs sociaux (CAS-pôle Francophonie), vice-présidente : Catherine Distinguin ;

Centre d’Études et de Recherches sur le Monde francophone (CERMF), président : Ilyès Zouari ;

Cercle littéraire des Écrivains Cheminots (CLEC), SG : Maurice Le Lous ;

Collectif Langue française (CLF), Suisse romande, à Lausanne, président : Philippe Carron,

Collectif « Non au tout-à-l’anglais ! Non à l’anglais partout ! », présidente-fondatrice : Valérie Faisien ;

Comitato Allarme Lingua (Rome, Italie), président : Senatore Renato Corsetti ;

C.O.U.R.R.I.E.L. Association, président : Georges Gastaud ;

Défense de la Langue française (DLF), SG : Marceau Déchamps ;

Défense de la Langue française (DLF-Pays de Savoie), président : Philippe Reynaud ;

Droit de Comprendre (DDC), président : Marc Favre d’Échallens ;

Forum francophone international (FFI-France), président : Albert Salon ;

Forum francophone international (FFIQuébec), président : François Gauthier ;

Forum pour la France (FPF), SG : Henri Fouquereau ;

France-Univers, président : Michel Mourlet ;

Francophonie Force oblige (FFO), président : Alain Ripaux ;

Impératif français, (IF, au Québec), président : Jean-Paul Perreault ;

Institut Culture, Économie, Géopolitique (ICEG), président : Yves Montenay ;

Observatoire des Libertés (OdL), président : Louis Maisonneuve ;

République exemplaire, président : Michel Le Net.

11 commentaires sur La Francophonie d’abord !

  1. Nota bene / inculturation n’ est pas un mot reconnu . Il peut exprimer au tréfonds , sans fiel ni forfanterie , la molle habitude du désert et dans l’incivisme ou l’ absence de mémoire ou le mou renoncement ou le renoncement rampant insidieux . Bien respectueusement

  2. Félicitations et grand merci à l’Académie Française
    (fondée en 1634 et officialisée en 1635 par le cardinal de Richelieu) suite à son communiqué dont la teneur suit :

    Communiqué de l’Académie française
    Le 21 novembre 2019
    Déclaration de l’Académie française

    L’Académie française n’a jamais été hostile à l’introduction et à l’usage de termes étrangers.
    Mais aujourd’hui elle se montre gravement préoccupée par le développement du franglais. Les violations répétées de la loi Toubon, qui a posé les règles de l’emploi du français dans la sphère publique, dénaturent notre langue, autant par l’invasion des termes anglo-saxons que par la détérioration qu’ils entraînent de sa syntaxe.
    Fidèle à la mission qui lui a été confiée de veiller sur la langue française et de la défendre, l’Académie alerte solennellement les pouvoirs publics et les invite en premier lieu à respecter eux-mêmes la loi.
    Si ceux-ci ne réagissent pas vigoureusement, si l’opinion ne prend pas la mesure du danger qui le menace, le français cessera d’être la langue vivante et populaire que nous aimons.
    Rf 22.11.2019

  3. Persévérons dans votre combat§
    Il arrivera bien un jour où les citoyens français exigeront que leurs élus et les médias Français pratiquent le Français….le combat sera d’autant plus dur qu’actuellement le « chérubin du Palais » s’ingénie à parler en Anglais…pour semer encore la confusion dans ses propos face à une population Française qui comprend d’abord le Français.

  4. Admettre les exactions c’est non . Mépriser les cris ou signes d’existences , c’est non , tout en restant prudent face à des mouvements non structurés portes d’entrées possibles d’extrémismes . Laisser monter de compartiments en compartiments ou ignorer les mécontentements jusqu’à des mouvements de convergences cela fait beaucoup . En d’ autres temps et en application de la Constitution d’autres ont appliqué le droit de dissolution (en phonétique dix solutions , mais en fait en l’occurrence une seule) . Toutefois une dissolution est elle envisageable ou concevable , y compris en cas de cohabitation obligée , par un système pyramidal issu d’ une base certes les LREM jusqu’en une Assemblée Nationale monolithique et
    de cette justification coiffée d’un concept incarné certes dit du en même temps et de base en colloques ou omniprésident . Mélange de mitterrandisme et de bonapartisme. Ce n’est pas la Constitution qui est en cause et malade et qu’il faudrait changer , non , surtout pas , et en période de France en danger ; c’ est l’incompréhension ou l’inculturation , et puis les calculs et le mésusage aussi qui peut en être fait d’en haut en obstination et oubli de ceux qui font la France

  5. Gilets jaunes ? la colère ou le cri d’ existence ne justifient pas les méthodes , en magmas hélas parfois masqués , et gouffres propices aux extrémismes et honte ainsi de la France

  6. en toute simplicité . Illétrisme ?
    Pour une fois il y a nécessité de palper le pouls même en sondages . Qu’est ce qu’une Constitution , la nôtre , le rôle du Sénat , de l’Assemblée ? Il n’y a pas d’ ostracisme ni de xénophobie ni de racisme en ces termes et une Constitution n’ est certes pas Tables de la Loi . Mais tout de même , et en garde fou , au pays dit des Lumières un peu d’humilité ou de lucidité et d’effort , et d’effort en sursaut et sans hargne certes , serait le bienvenu . Bien respectueusement

  7. delaisse jean-paul // 15 novembre 2019 à 19 h 06 min //

    Je signe des deux mains !!

  8. Une voix dans la nuit

    Des échos nous parviennent de l’étranger. Nous ne pouvons que savourer avec fierté le fait que notre langue française est à ce point admirée et enviée tant elle est élégante, belle à écouter, riche par son vocabulaire, pour exprimer des situations variées et délicates, les subtilités de la pensée, au point de séduire des penseurs, des écrivains, des poètes, des cinéastes, le monde de la musique, des artistes venus de divers horizons. Elle incarne le made in France avec ses qualités et son sérieux. Elle est notre première ambassadrice auprès de millions de personne qui vivent à travers le monde.
    Ecoutons toutes ces voix lointaines venues du coeur : « Vous êtes Français ? Ha la France ! J’aime la France ! Barman champagne !… »
    Alors nous n’allons tout de même pas persévérer dans nos légèretés inconsidérées qui pousseraient irrémédiablement notre langue nationale au naufrage alors qu’elle est la quintessence de notre âme et le cordon ombilical qui nous rattachent pour toujours à nos patrimoines typiquement français qui méritent toutes nos considérations et nos mesures de sauvegarde.
    Rf 15.11.2019

  9. COULIBEUF Patrick // 15 novembre 2019 à 16 h 17 min //

    Au titre de délégué PRESSE « correspondant pour le Québec & Canada » de SamyRabbat.com organe de presse gastronomique et vinicole en Europe, je souhaite que cette recommandation prenne l’importance qu’elle soit avoir dans un gouvernement élu en FRANCE et en FRANCAIS.

  10. Yves de BONNEVAL // 15 novembre 2019 à 15 h 28 min //

    Tout a fait d’accord avec cette analyse.
    Vous oubliez les grands groupes privés français où la règle de travail est le globish même si 90% des participants sont français ! Jusqu’où poussera-t-on l’absurdité ?

  11. BAERTJC Jean-Claude // 15 novembre 2019 à 14 h 29 min //

    « et de notre très haute considération. »
    tout à a fait indécent pour un chantre des autres langues dont il raffole sur les places publiques à l’étranger !!!!!!AUCUNE INDULGENCE…à VIRER !!!!!!

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