Julien Aubert : «Les sanctions contre la Hongrie ne peuvent conduire qu’à la fragmentation de l’Europe»

Par  Collectif "Oser la France"

Suite au vote des députés européens enclenchant un processus de sanction contre la Hongrie, Julien Aubert et le collectif «Oser la France» relèvent des ambiguïtés et un manque de légitimité du parlement européen. Cette décision menace selon eux toute la construction européenne.

«Oser la France» est un laboratoire d’idées lancé en novembre 2017 par le député LR Julien Aubert et rassemblant plusieurs parlementaires et élus gaullistes, souverainistes, patriotes et républicains.

Les députés européens ont choisi d’ouvrir une crise, ce mercredi 12 septembre, en votant une résolution enclenchant la procédure dite de l’article 7 à l’encontre de la Hongrie. Constatant une menace pour l’État de droit dans le pays dirigé par Viktor Orban, les eurodéputés ont donc voté (par 448 voix pour et 197 contre et à la majorité des deux tiers des suffrages exprimés) pour lancer le long processus au terme duquel il est théoriquement possible d’exclure un Étamure de son droit de vote dans l’Union.

Nous disons «théoriquement» car, de fait, la Pologne, alliée de la Hongrie, pourra s’opposer à ce que la procédure aille à son terme. Cette affaire de sanction, présentée à tort comme un combat du Bien contre le Mal, ressemble donc davantage à de la gesticulation politique à l’approche des élections européennes qu’à autre chose ; à une instrumentalisation des «valeurs» européennes, que chacun invoque sans jamais essayer de les caractériser.

Cette procédure peut sembler juridiquement étrange: prendre une telle décision sur la base d’une «menace» et non de faits, ne peut qu’ouvrir la porte à de nombreuses interprétations, voire à des arrière-pensées. Le temps de parole consacré à la défense de Viktor Orban peut paraître également très limité au regard de l’humiliation causée.

Surtout, cette affaire révèle les ambiguïtés de la construction semi-fédérale actuelle: qu’on le souhaite ou non, Viktor Orban a été élu par le peuple hongrois. Même si certaines de ses politiques sont critiquables – notamment son attitude par rapport aux médias et aux juges – la Hongrie reste un pays souverain. La véritable question n’est pas donc de disserter sur l’État de droit en Hongrie mais de savoir qui est légitime pour sanctionner les politiques publiques d’un gouvernement élu démocratiquement d’un État souverain, tant que les décisions de la Hongrie ne remettent pas en cause la paix en Europe.

Cette affaire révèle les ambiguïtés de la construction semi-fédérale actuelle : qu’on le souhaite ou non, Viktor Orban a été élu par le peuple hongrois.

La question est d’autant plus légitime que des mesures similaires prises à l’encontre de la Pologne fin 2017 n’ont pas changé grand-chose ni sur le fond, ni sur la forme, le gouvernement n’ayant pas été affaibli en interne. En votant cette résolution, la Droite européenne valide la grille d’analyse d’Emmanuel Macron qui cherche à installer un clivage entre des prétendus nationalistes et des gentils progressistes. L’analyse des votes démontre aussi que le piège a fonctionné: elle s’est fragmentée autour d’une ligne Est/Ouest, entre ceux qui comprennent la dureté d’Orban sur le sujet migratoire et ceux qui se sentent plus éloignés de ces problématiques.

Le Parlement européen dans cette affaire se prend pour un juge. Un juge politique. Tout cela ne peut conduire in fine qu’à la fragmentation de la construction européenne car aucun État souverain n’acceptera longtemps un tel régime. Malheureusement, on ne peut pas vouloir construire l’Europe sans une partie des pays concernés, ou alors il faudra assumer le rétrécissement politique de l’UE.

Nous devons donc urgemment proposer une autre voie avec les pays d’Europe de l’Est et du Sud en comprenant que le fameux «nationalisme» n’est autre que le retour de la frontière face à une vague migratoire sans précédent qui menace la stabilité des sociétés européennes. Les «gentils fédéralistes» piétinent le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et le prétendu progressisme macronien risque d’accélérer la décomposition de l’UE.

Cosignataires:

– Valérie Beauvais, députée de la Marne et vice-présidente d’Oser la France

– Patrice Verchère, député du Rhône et vice-président d’Oser la France

– René Danesi, sénateur du Haut-Rhin

– Alain Dufaut, sénateur de Vaucluse

– Bernard Fournier, sénateur de la Loire

– Jean-Philippe Mallé, ancien député PS et vice-président d’Oser la France

– Stéphane de Sallier Dupin, conseiller régional de Bretagne

– Thierry Hory, conseiller régional du Grand Est et maire de Marly

– Olivier Arsac, adjoint au maire de Toulouse en charge de la sécurité et conseiller métropolitain de Toulouse Métropole

– Gurval Guiguen, conseiller municipal et métropolitain de Rennes

– Jean-Claude Castel, conseiller départemental des Alpes-de-Haute-Provence et maire de Corbières

– Jean-Louis Ghiglione, adjoint au maire de Chatenay-Malabry

– Nicolas Leblanc, adjoint au maire de Maubeuge

5 commentaires sur Julien Aubert : «Les sanctions contre la Hongrie ne peuvent conduire qu’à la fragmentation de l’Europe»

  1. Le simple bon sens veut que l’on remonte des conséquences aux causes si l’on ambitionne de redresser une situation politique Européenne devenue calamiteuse faute à une médiocratie largement partagée. Mais pour y parvenir encore faut-il ne pas confondre buts et moyens, gouvernance et comédie politico-médiatique.
    Alors ne perdons pas de temps en palabres devenues indigestes pour une majorité de citoyens européens rendue au seuil de pauvreté interculturelle globale. L’augmentation régulière et incontestable du taux d’abstention aux différentes consultations électorales Européennes en est l’indicateur le plus marquant. Mai 2019 sera certainement au rendez-vous des records d’enregistrement de désertion devant les urnes européennes et de l’arrivée au pouvoir de l’idiocratie agissante.

  2. La nouvelle Union Européenne qui se prépare

    Les coups de canif dans le contrat se multiplient. Dans une cohabitation à 28, les tensions sont inévitables avec déjà un divorce en passe d’être consommé avec le Royaume-Uni. Et on voudrait élargir le cercle des Etats membres aux Balkans et à la Turquie ? Belle pagaille en perspective à coup sûr. Cette Europe sera ingouvernable avec des désordres indescriptibles qui seront source de nombreuses tensions gravissimes. Que nos dirigeants européens et nationaux aient l’honnêteté de dire aux peuples ce qu’ils préparent en coulisse, dans quels buts pourquoi et pour qui. Mais très probablement, ils n’auront pas ce courage d’afficher et d’exprimer clairement leurs pensées. Alors Il faut bien les prévenir que les peuples, ce n’est pas de la chair à pâté pour satisfaire leurs combines et celles de leurs commanditaires.
    In fine, les peuples feront toujours à leur guise et ce ne sont pas les traités qui vont canaliser leurs énergies dans un sens comme dans un autre. Ils les piétineront si nécessaire. On veut une Europe gage de paix. Rien n’est moins sûr. L’Europe peut aussi être celle de la guerre avec des institutions qui menacent des peuples souverains, qui créent des fractures et des lignes de partage, qui incitent au divorce, qui engendreront même des coalitions ennemies en fonction de leurs centres d’intérêts communs. Alors la notion de bien ou de mal, de valeurs, tout dépendra toujours du point de vue duquel on se placera. On n’impose pas de force des unions non consenties et des règles vouées à l’échec car inadaptables. Les peuples n’aiment pas la camisole de force. Ils veulent d’abord la liberté chez eux.
    Il ne faut surtout pas les provoquer comme vient de le faire Guy Verhofstadt ancien premier ministre belge, Président du groupe des libéraux et centriste au Parlement européen et qui appelle les Etats-Unis, dont le dirigeant actuel bafoue l’ordre international, à se joindre aux Européens pour stopper Orban immédiatement avec le soutien du mouvement La République en Marche du Président Macron qui fustige entre autre les dirigeants populistes italiens actuels. Comment ? Par la Force ?
    Qui sème le vent récolte la tempête. Elle pointe déjà son nez.
    RF 18.9.2018

  3. Jean-Dominique GLADIEU // 18 septembre 2018 à 11 h 32 min //

    Cette affaire pose effectivement la question de quel type d’Europe nous voulons. Quoi qu’on pense d’Orban, il est le représentant légitime du peuple hongrois et dès lors que sa politique ne menace pas les pays voisins, qui d’autre que le peuple hongrois est habilité à le renvoyer éventuellement dans ses foyers ?
    En fait, le vrai danger pour l’Europe, c’est le parlement européen !

  4. Une fois de plus, l’Assemblée Européenne refuse d’entendre la voix des pays qui composent l’Europe. Il en est de même pour la politique sociale et monétaire qui nous sont infligée par la Commission Européenne qui de plus n’est pas élue… Heureusement en 2019 les élections européennes peuvent changer ce processus.

  5. CE n’est qu’une procédure conduisant à de sanctions de la Hongrie qui a été voté au Parlement européen. Elle n’ira pas à son terme en raison de l’obligation de l’unanimité pour laquelle on peut compter sur l’opposition de la Pologne notamment.

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