Collomb et les manifestants « complices »

C’est triste pour la France !

Au soir de la « marée populaire » de samedi, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb a brandi une étonnante menace sur le droit de manifester. Sur BFMTV, il a lancé : 

« Si on veut garder demain le droit de manifester, qui est une liberté fondamentale, il faut que les personnes qui veulent exprimer leur opinion puissent s’opposer aux casseurs et ne pas, par leur passivité, être complices de ce qui se passe. »

Des propos qui ont assez logiquement indigné la gauche et tous ceux qui défendent le droit à l’expression politique. Benoît Hamon, fondateur du mouvement Génération.s, a jugé « scandaleux que le ministre de l’Intérieur mette sur le compte des manifestants le fait qu’il y ait des violences », notamment de Black Blocs, que « même les CRS ont parfois du mal à canaliser ». « La police doit protéger les manifestants au lieu de nous faire porter la responsabilité du comportement de quelques-uns, ultra-violents.« 

Si on était aussi grossier que Gérard Collomb, on parlerait d’une logique milicienne. Jonathan Bouchet-Petersen

. De son côté, Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a jugé que le ministre de l’Intérieur « n’est plus aujourd’hui à la hauteur de sa fonction« . « Sa mission est de protéger les manifestants des casseurs. Il y a une inversion des rôles qui n’est pas compréhensible… » « Vous imaginez une famille qui vient manifester et à qui on dit ‘maintenant c’est vous, avec votre poussette, qui allez-vous battre contre les Black Blocs’ ! C’est irresponsable ! »

Enfin, la députée de La France insoumise Clémentine Autain a qualifié les propos du ministre de l’Intérieur de « scandale » et de « déni démocratique absolument inadmissible« , l’appelant à les retirer. « C’est une démission de l’État absolument incroyable », a-t-elle aussi estimé, dénonçant « une entreprise qui vise à nous stigmatiser comme responsables des violences ce qui n’est pas le cas« .

« Au-delà du caractère irresponsable des propos du ministre, il faut imaginer des civils se tapant avec d’autres civils sous l’œil passif des forces de l’ordre et le regard gourmand des caméras de télé. L’État de droit en prendrait pour son grade », écrit assez justement « Libération« .

Concernant le nombre des participants à cette journée, comme à l’habitude les chiffres des uns démentent ceux des autres. Quant au Premier ministre, il exprime une arrogance indigne de ses fonctions : « C’était un petit coefficient de marée, comme on dit chez moi », a ironisé de son côté Edouard Philippe.

Il y a du mépris envers les gens d’en bas

« La France insoumise n’arrête pas de parler de convergence des luttes, la seule chose à laquelle ils sont parvenus est la convergence des brutes », a lancé le porte-parole LREM Gabriel Attal (Photo), qualifiant d' »échec » la mobilisation de samedi.

S’il est vrai que mobilisation n’a pas recueilli le succès espéré par les organisateurs, le Premier ministre doit rassembler et non pas exclure.

 

5 commentaires sur Collomb et les manifestants « complices »

  1. Jean-Dominique GLADIEU // 5 juin 2018 à 10 h 05 min //

    En réponse à BAERTJC : Le « Chérubin du Palais » ne me « fascine » pas … Comment pourrait-on être « fasciné » par un social-démocrate ?

  2. A Dominique Gladieu….le pouvoir de la Cour du « chérubin du Palais  » vous fascine , n’est ce pas ?

  3. L’ordre public républicain

    Quelques précisions sur la liberté de manifester qui reste une liberté fondamentale :
    Il est bon de rappeler pour les organisateurs d’une manifestation sur la voie publique, du genre défilé, qu’il existe un décret-loi du 23 octobre 1935 portant réglementation des mesures relatives au renforcement du maintien de l’ordre public.
    Une déclaration préalable de manifester est prévue. Elle devrait inclure le dispositif du service d’ordre mis en place par les organisateurs pour limiter les risques potentiels au maximum.
    A Paris et pour les communes du département de la Seine, cette déclaration est faite auprès de la préfecture de police.
    Lorsque l’autorité qui est investi des pouvoirs de police, estime que la manifestation projetée est de nature à troubler l’ordre public, elle l’interdit par un arrêté… qui peut subir la censure du juge.
    Concernant l’aspect répressif sous le contrôle du juge :
    « Le maintien de l’ordre public dans une société est la loi suprême ».[1] (Portalis recueil Cour de Cassation)
    Il y a notre code pénal qui renvoie à la participation délictueuse à un attroupement.
    Ce sont les forces de l’ordre qui donnent l’ordre à un rassemblement de se disperser dans la limite du principe de proportionnalité vérifié par le juge.
    Si l’ordre de dispersion n’est pas respecté, la peine prévue est aggravée pour une personne qui « dissimule volontairement tout ou partie de son visage afin de ne pas être identifié [e] » et/ou qui porte une arme.
    Ce code prévoit également, qu’est complice d’un crime ou d’un délit, la personne qui sciemment, par aide ou assistance, en a facilité la préparation ou la consommation.
    Je laisse donc à tout ministre de l’intérieur, tout le plaisir de s’attaquer à cette liberté fondamentale si son intention est de la remettre en cause. Je pense qu’il se cassera les dents.
    Qu’il lui faudra ensuite déterminer dans les cas spécifiques, s’il y a eu sciemment aide ou assistance aux désordres constatés et par voie de conséquence complicité pour voies de fait de diverses natures. S’il introduit à présent la notion de passivité il condamne à mort l’existence du droit fondamental à manifester puisque tout participant devient potentiellement un criminel en puissance alors qu’il n’y a pas de raison de renverser la charge de la preuve des faits commis sur des manifestants pacifiques accusés à tort et péjorativement de passifs.
    Que c’est aux casseurs d’être pris en flagrant délit par les OPJ ou identifiés ultérieurement pour être ensuite poursuivis éventuellement civilement et pénalement. Certains ne le seront probablement pas pour diverses raisons dont celle de la main téléguidée par le pouvoir comme nous l’enseigne l’histoire de France.
    Que d’une manière générale, le maintien de l’ordre public relève d’abord des forces de sécurité dont c’est la mission première. C’est à elles, en fonction des ordres reçus de la hiérarchie et des effectifs suffisants et bien formés, de ne pas faire preuve de passivité pour éviter les débordements lors du défilé d’un cortège dont le but n’est certainement pas d’en découdre physiquement envers des personnes qui composent le cortège à moins que des manifestants pacifiques soient placés dans une situation de légitime défense en cas d’agression qui peut provenir aussi des rangs d’une contre-manifestation.
    La responsabilité de l’Etat peut être également engagée faut-il encore le rappeler.
    René Floureux 31.5.2018

  4. Jean-Dominique GLADIEU // 29 mai 2018 à 17 h 25 min //

    Le discours du Ministre de l’Intérieur n’est ni « scandaleux » ni « inadmissible », c’est tout simplement un discours social-démocrate !

  5. « Si on était aussi grossier que Gérard Collomb, on parlerait d’une logique milicienne. « Tout à fait d’accord avec Jonathan et nous ne sommes pas au bout de ces outrances de la Cour du  » chérubin du palais » !

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