L’agriculture française face au libéralisme européen

La chronique d’Henri Guaino sur Sud Radio

Les agriculteurs ont manifesté dans toute la France contre les négociations de l’Union européenne avec les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Uruguay et Paraguay, Venezuela et Bolivie) en vue de conclure un nouveau traité de libre-échange qui ressemblera probablement un peu au Ceta.

Ce qui me frappe dans cette affaire, c’est qu’à chaque fois, les agriculteurs se mobilisent – à juste titre – contre ces traités puis il ne se passe plus rien ensuite. On est dans une époque où la protestation contre des menaces, en particulier contre notre agriculture ou parfois notre souveraineté, provoque des réactions mais ce sont des réactions sans suite. Et il est assez normal d’ailleurs que ça n’ait pas de suite quand on se contente de protester contre un traité qui est négocié à 28, avec un mandat qui est donné à l’UE, sans que les représentations nationales n’aient un quelconque pouvoir d’influence sur les négociations. Ces traités posent des problèmes car ce ne sont plus les traités d’antan, où l’on avait quelques droits de douanes etc… Non, ce sont des traités qui ont pour but d’uniformiser les règles, les institutions et les contraintes entre les pays, avec parfois même des instances d’arbitrage qui vont se prononcer sur les contentieux des entreprises privées contre les États qui, sans arrêt, se mettent à changer de politique et de réglementation. Ce qui veut dire que les peuples ne pourront plus choisir les normes, en l’occurrence les normes alimentaires, qui s’imposeront dans le territoire puisqu’elles auront été négociées et fixées pour l’avenir, sauf en cas de réouverture de négociations qui ne peuvent intervenir qu’avec le concours de tous les pays signataires.

Dans la situation actuelle – où il y a une tentation des gouvernements de dire, d’une part, que c’est trop compliqué parce que c’est l’Europe et que, d’autre part, les réformes doivent être passées par ordonnances – la seule voie possible pour rétablir un peu de démocratie, c’est le référendum. Et je suis toujours étonné de voir que les organisations agricoles, au lieu d’attendre en grommelant la ratification européenne du Ceta par exemple, ne fassent pas campagne pour un référendum. Ce genre de traités qui engagent leur avenir de façon très importante, devraient faire l’objet enfin d’un débat devant le peuple français. Il y a peut-être nécessité à de grandes réformes, à de grandes transformations, à de grands changements et, sans doute, une nécessité à rester une nation ouverte, mais il y a des choix de société qui sont tellement engageants pour l’avenir qu’ils doivent être un jour ou l’autre débattus par la nation tout entière et pour ça, il n’y a qu’une solution : le référendum !

Je pense, et je m’adresse aux organisations politiques comme aux organisations syndicales ou professionnelles, la manifestation d’hier aurait dû être une manifestation, non pas simplement pour ou contre l’accord avec le Mercosur, mais une manifestation pour un référendum sur ce sujet.

Va-t-on, oui ou non, remettre à l’ordre du jour le référendum pour acter les grands choix de société et les grands choix politiques ?

Henri Guaino

 

7 commentaires sur L’agriculture française face au libéralisme européen

  1. « Par contre faire venir de la viande d’Amérique du sud alors qu’on a tout ce qu’il nous faut en France, là plus d’empreinte carbone. Bizarre non ?  »
    Tout à fait d’accord Arnaud et vous pourriez étendre vos interrogations au remplacement des petites lignes SNCF par des bus ou des voitures !

  2. Moi ce qui me frappe c’est qu’on nous parle sans cesse de l’empreinte carbone, de nos voitures maisons… Par contre faire venir de la viande d’Amérique du sud alors qu’on a tout ce qu’il nous faut en France, là plus d’empreinte carbone. Bizarre non ? Alors à qui profite le crime sinon encore à la grande distribution qui va pouvoir achever nos agriculteurs en commercialisant de la viande importée à bas coût et vas goût en laissant nos producteurs se suicider faute l’avenir. Les CETA TAFTA et autres sont mortels pour la France et anti patriotique, nous avons tout à y perdre alors cessons de jouer avec le feu gardons l’excellence de nos terroir n’en déplaise à Bruxelles

  3. Edmond Romano // 24 février 2018 à 9 h 59 min //

    Il faudrait rendre aux notions économiques leur véritable signification.
    Parler du MERCOSUR et du CETA comme des traité de « libre échange » est totalement impropre et absurde. En effet, le libre échange est un commerce entre deux Etats qui répondent aux mêmes « règles du jeu ». Or ce n’est ni le cas du Canada, ni celui des Pays d’Amérique du Sud. Pour l’agriculture, par exemple, les normes sanitaires sont beaucoup plus drastiques en Europe (donc en France) que sur le continent américain dans sa totalité. Il n’y a donc pas , économiquement parlant, lieu de parler de libre échange mais il faudrait parler de concurrence déloyale autorisée.

  4. Trop dangereux les référendums M. Guaino, cela amène le peuple à réfléchir, et lui donne la possibilité de choisir ce qui est bon pour lui, voir même de dire NON, au détriment de grand groupe très intéressés et qui ont tout intérêt à ce que nous restions au niveau des moutons en bons consommateurs zélés, avec la complicité de nos commissaires européens, qui forment une secte de plus en plus opaque.

  5. Cela ne suffit pas ! Il faut une sortie de la zone euro accompagnée d’une dévaluation conséquente de l’ordre de 10 à 20% du nouveau franc pour stimuler notre économie. Suivie d’une politique agricole et industrielle constante et rigoureuse.

  6. C’était avant

    « Avant », cela veut dire avant, « après », cela veut dire après.
    Mais quand sommes-nous dans l’avant et quand sommes-nous dans l’après ?
    C’est très simple : avant, ça ne veut pas dire après, et après ça ne veut pas dire avant.
    Il y a un avant et un après. C’est pourtant simple. CQFD non ?
    Avant, c’était avant, après c’est après.
    Avant, ce n’est pas après, après ce n’est pas avant.
    Avant c’est trop tôt, après c’est trop tard.
    Avant c’était le référendum. Oui mais c’était avant. Après c’était le mandat. Oui mais c’était après.
    Que du passé et du futur même si c’est imparfait.
    Allez, « Bruxelles ma belle », arrêtez le temps, « déshabillez-moi », oui, mais pas trop vite…
    Rf 23.2.2018

  7. Et pourquoi pas un référendum sur l’abrogation de la représentation ,citoyenne à minima des presque 80% d’abstentionnistes profiteurs du système ?

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